Willène Léger-Dometille, passeuse de culture

Habitée par la culture caribéenne, Willène Léger-Dometille bouillonne d’idées à s’en réveiller la nuit et aimerait avoir plus d’une vie pour réaliser tous ses rêves. Quatre lieux ont contribué à façonner la femme engagée qu’elle est aujourd’hui.

« Je suis devant la chapelle du Calvaire, à Fort-de-France. Je me sens bien en hauteur pour réfléchir. Là, mon esprit en ébullition permanente s’apaise enfin », Willène Léger-Dometille © Jean-Albert Coopmann
Marie Ozier-Lafontaine

Habitée par la culture caribéenne, Willène Léger-Dometille bouillonne d’idées à s’en réveiller la nuit et aimerait avoir plus d’une vie pour réaliser tous ses rêves. Quatre lieux ont contribué à façonner la femme engagée qu’elle est aujourd’hui.

OZANAM

C’est à Ozanam que Willène Léger-Dometille a grandi. « C’est ma fierté, ma carte d’identité. Ozanam est bien plus qu’une cité, c’est un quartier qui a une âme et regorge de talents : Thierry Montoussamy, Yanis Oudoua, Mighty Kila, Chris Burton, Kris Makari… ». Elle y rencontre celui qui deviendra son mari, le street-artiste et designer Oshea.

A l’époque, les jeunes ont deux repères : le terrain de basket et le studio associatif Mozaik, installé dans un préfabriqué. C’est là que Willène chante et enregistre avec ses copains les premières maquettes d’un album, qui trouvera sa place dans les bacs de la FNAC. « J’ai toujours adoré chanter, mon père était mon premier fan. Avec lui, j’étais Whitney Houston ! » C’est aussi à Ozanam qu’elle domiciliera sa première entreprise, dans la chambre de son frère. « C’est le berceau de tout pour moi. »

LE SERMAC

« J’y ai passé beaucoup de temps, enfant, avec mon papa, qui était animateur. Ça a forgé mon goût pour l’animation culturelle, l’événementiel, la rencontre avec les artistes. » Plus tard, la jeune étudiante en ingénierie culturelle y fera son premier stage, aux côtés de Lydie Betis, son modèle à l’époque, « parce qu’elle travaillait avec passion à transmettre la richesse de notre culture. »

Ce que j’aime, c’est créer, et surtout, faire rayonner la culture martiniquaise.

Elle participe alors à l’organisation du Festival de Fort-de-France et à la production d’émissions audiovisuelles sur le festival, plusieurs années de suite. A 20 ans, elle organise son premier spectacle au Grand Carbet. « C’est au SERMAC que je comprends que ce que j’aime, c’est créer, et surtout, faire rayonner la culture martiniquaise. »

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LA TOUR LUMINA

Après quelques années de consulting, le contrat de remise des clés de la Tour Lumina, obtenu avec son partenaire Michel André, est le point de départ de l’aventure Arômes Kreyol, son agence événementielle. Ce contrat très ambitieux, signé en 2012, installe le positionnement de l’agence : « je mets la barre haut, et je comprends à ce moment-là que ce sera le cas pour tous mes événements. »

Pour Willène Léger-Dometille, l’événementiel est un terrain de jeu digne de Walt Disney, elle veut créer la surprise, la magie, l’émerveillement. Que ce soit pour les 50 ans du Foyer de jeunes travailleurs, Madinexpo, les 250 ans de la CCIM, le salon OSE, la venue d’Angela Davis, elle repousse les limites de sa créativité et s’appuie sur son « équipe d’Avengers, mes co-équipiers depuis plus de 10 ans. » En 2020, elle crée un nouveau concept, le Windies, un événement puis un média, pour aller plus loin dans la valorisation du génie martiniquais.

LA PLACE DES ARAWAKS

Communément appelée la « place de Schoelcher », c’est le rendez-vous hebdomadaire de Willène, son mari Oshea et leur fils Joakim. « Notre fils Jojo s’amuse avec ses copains, et nous retrouvons les nôtres ! C’est un moment où on parle, on rit, on lit, on écoute de la musique. C’est une soupape dans nos vies bien remplies ».

Oshea l’artiste et Willène Léger-Dometille la cheffe d’entreprise ont des emplois du temps atypiques. Dès la naissance de leur enfant, ils l’embarquent dans toutes leurs aventures. « Nous formons une entité unique tous les trois. »


Retrouvez cet article dans le hors-série Portraits Martinique n°2, édition 2024.