En passant l’entrée du RSMA, militaires et jeunes volontaires stagiaires s’engagent à faire bouger les choses pour eux et pour la Martinique.

Propos recueillis par Mathieu Rached

Le capitaine Aïmen est aux commandes de la « 1ère compagnie du 1er RSMA*, ce n’est pas rien ! », lance-t-il pour vous tester.

Vif et taquin, ce militaire aguerri œuvre depuis deux ans au Lamentin sur le site unique du Régiment du Service Militaire Adapté.

Au sein de cette zone de vie et de formation de quelques hectares où militaires et volontaires stagiaires martiniquais unissent leurs parcours entre 6 et 12 mois, il a vu passer 500 à 600 jeunes.

Tous ont rejoint la 1ère compagnie qui forme le pôle de formation aux métiers de la terre ou des services.

On retrouve en effet sous le même commandement, les jeunes qui deviendront agent d’entretien d’espaces verts, agent paysager, maraîcher et ceux qui suivront les formations d’agent de prévention et de sécurité, d’aide à la personne, d’agent techniques de vente, ou encore d’agent administratif.

Le capitaine Aimen du RSMA de Martinique
Le capitaine Aïmen

Objectif emploi

Le bagage qu’ils acquièrent au sein de ce pôle « culture tropicale et services », va bien au-delà de la formation technique qu’ils recevront.

Ces six à douze mois de volontariat et d’immersion au sein du service militaire adapté, vont les mettre dans les meilleures conditions pour que chacun puisse trouver un débouché dans le secteur de son choix.

De ce groupe très hétéroclite, aux profils, à l’expérience et aux attentes très variés, sortiront des jeunes gens parés pour décrocher leur premier emploi. 

Développer la confiance en soi

L’affaire n’est pas mince, le commandant du pôle l’avoue sans détour. Car, à la différence d’un régiment des Forces classique, « nous allons, nous tous, militaires professionnels, devoir adapter notre approche, nos codes et mettre en place des moyens pédagogiques pour pouvoir les amener là où nous devons les amener ».

Des trésors de pédagogie croit-on comprendre, une approche finalement assez naturelle et intuitive, corrige Aïmen. « Pour certains jeunes, l’attention, l’écoute et la discussion, vont tout changer. Nous en avons tous fait l’expérience », décrit-il.


Une de nos missions capitales est de leur faire comprendre qu’ils peuvent le faire et de faire en sorte qu’ils abandonnent leurs doutes

cAPITAINE Aïmen

À travers ces échanges, certains des volontaires stagiaires se sentiront valorisés d’une manière nouvelle. L’attitude et les mots du gradé vont changer la perception même du jeune, gommer petit à petit ses doutes intimes au profit de l’action et de la confiance en soi.

« Clairement, une de nos missions capitales est de leur faire comprendre qu’ils peuvent le faire et de faire en sorte qu’ils abandonnent leurs doutes »,
résume avec enthousiasme le capitaine. 

Des plateaux pédagogiques pour préparer à l’emploi

Il n’existe pas de mode d’emploi, c’est une histoire qui se crée entre chaque encadrant et chaque jeune.

Et une fois ce travail amorcé, « les progrès sont fulgurants, poursuit-il, avec des jeunes qui ont de gros potentiels en terme d’adhésion à la mission, d’adhésion au respect d’autrui et de capacité de travail. »

Reste alors à trouver les bons outils, les bonnes formations et perspectives.

« On les fait travailler dans des conditions proches de la réalité », à partir de plateaux pédagogiques, modernes et équipés, qui permettent de reconstituer au plus près leur futures conditions de travail : un appartement standard, une chambre médicalisée ou, pour les agents technique de vente, dans la petite boutique du régiment dont ils ont la responsabilité etc.

Une école de terrain qui paye.

Une expérience fondatrice

Une fois l’étape de validation devant un jury de professionnels passée avec succès, les jeunes poursuivent leur chemin professionnel.

« On en croise certains dans leur travail en dehors du régiment, d’autres viennent nous voir pour donner des nouvelles, tous nourrissent un attachement particulier au régiment et à cette expérience collective de formation. Nous aussi. » avoue le capitaine.

C’est une relation humaine très riche qui se crée pendant ces quelques mois, avec des résultats palpables et mesurables.

Comme ils peuvent « changer le cours des choses dans des zones de conflit en portant assistance à des populations », les militaires de métier sont ici les acteurs et observateurs d’une transformation de vie, en quelques mois. Ce n’est pas rien.

* Le RSMA de la Martinique est la plus ancienne formation du dispositif SMA.