La CCISM représente et défend les intérêts de 8 000 entreprises auprès des pouvoirs publics locaux, nationaux et européens.

Sa vocation : promouvoir le développement des entreprises et du territoire.

En septembre 2017, elle était en première ligne face à l’ampleur de la reconstruction.

Retour sur l’action de la CCISM avec sa présidente, Angèle Dormoy.

Photographie Lou Denim

Quel est le rôle de la Chambre Consulaire Interprofessionnelle de Saint-Martin depuis septembre 2017 ?

Angèle Dormoy : Aux lendemains d’Irma, un grand nombre d’entreprises et de structures étaient dans une situation de précarité extrême.

Exerçant les missions de chambre de commerce et d’industrie, de chambre des métiers et de l’artisanat, et de chambre d’agriculture, la CCISM s’est d’abord fixé comme objectif d’aider les filières à se restructurer rapidement et à se doter de moyens.

C’était le prérequis pour relancer l’économie : nous voulions que les entreprises saint-martinoises reconstruisent leur territoire. 

Après le recensement des dégâts subis par les entreprises et l’estimation des pertes d’exploitation, nous avons travaillé, avec les socioprofessionnels, sur trois mesures immédiates :

  • Le soutien à l’emploi et aux entreprises

Le soutien à l’emploi en négociant l’instauration de l’activité partielle et un soutien financier aux travailleurs indépendants.

Des indemnités ont été versées aux chauffeurs de taxi et à des artisans par exemple.

Le soutien aux entreprises ensuite : demande d’exonération de charges sociales (gel des poursuites et étalement des dettes), demande de financement du CSP (contrat de sécurisation professionnelle) par le gouvernement en cas de licenciement économique, et demande de moratoire des charges des entreprises via un guichet unique social auquel se sont inscrites 812 entreprises.

Ce moratoire leur a permis, via un certificat de vigilance, de répondre à nouveau aux appels d’offre même sans être à jour de leurs cotisations.

Des demandes qui furent autant de victoires !

  • Le soutien au développement des filières agricoles grâce à une aide financière et technique (montage de dossier, mises aux normes, etc.).

La CCI a aussi soutenu les animations émanant d’associations locales (braderies, animations de Noël, Fête de la mer), initiatives qui revitalisent le territoire et mettent un coup de projecteur sur les entreprises et commerçants saint-martinois. 

  • Enfin, la CCISM forme et informe via conférences (sur la dématérialisation des marchés publiques, le choix d’un statut juridique), manifestations (« Le mois des banques » en juin), ou encore émission radio (« Doing business with the Chamber », sur SOS Radio).

Quels secteurs économiques ont le plus souffert ?

L’activité touristique a été la plus touchée, avec plus de 300 millions d’euros de pertes en immobilisation et perte d’exploitation.

Services et commerces, restauration et BTP ont aussi beaucoup souffert, perdant essentiellement du matériel d’exploitation.

Mais notre travail a porté ses fruits.

Si le parc hôtelier était presque totalement détruit fin 2017, nous pouvons nous féliciter aujourd’hui du maintien des 3 200 postes salariés du secteur grâce à la mise en place de l’activité partielle. 

Quelles leçons faut-il en tirer ?

  • La première est humaine.

Un cyclone est un risque majeur contre lequel on ne peut se protéger que de manière passive, en anticipant.

Or les nouveaux arrivants, pour beaucoup, n’avaient pas connu d’ouragans, le dernier étant Gonzalo en 2014.

Faute de s’y être préparés, ils ont été surpris par l’ampleur d’Irma et n’ont pas su s’organiser.

Nous devons donc continuer à informer la population sur les mesures à prendre en période cyclonique, et pas uniquement à l’approche d’un ouragan. 

  • La seconde leçon à tirer est économique

L’économie de Saint-Martin, fortement tertiarisée, s’articule autour des services marchands, du commerce et du BTP, avec le tourisme comme cœur d’activité – hôtellerie traditionnelle, restauration haut de gamme et activités touristiques.

L’agriculture, l’élevage et la pêche sont des activités marginales.

Au-delà du tourisme, Saint-Martin doit s’appuyer sur ses atouts – sa jeunesse, son positionnement géographique, ses dessertes par l’air et la mer, son réseau Internet performant grâce à la fibre optique – pour développer, hors tourisme, des activités innovantes, des niches économiques à forte valeur ajoutée.

  • La troisième leçon est d’ordre matériel

Ce cyclone nous a poussés à revoir notre copie en termes de construction d’abord, mais aussi de protection du matériel d’exploitation. 

Quid de l’agriculture ?

On ne peut la protéger face à un cyclone, c’est notre problème aujourd’hui.

Il est important de mettre en place des sessions de formations pour aider les exploitants agricoles à rebondir rapidement après un phénomène majeur en termes d’assurance, de demande de financement et subventions. 

Le slogan « Better and stronger » de la CCISM en dit long sur l’énergie qui fait renaître Saint-Martin…

Notre île est déjà opérationnelle, prête à accueillir ses visiteurs.

Un grand nombre d’activités de loisirs et plus de 800 chambres d’hôtel, des guest houses, des appartements et des villas attendent les touristes.

Pour les habitants, reconstruire Saint-Martin exige patience et abnégation : les travaux de reconstruction des établissements scolaires et d’enfouissement des réseaux sont lents mais nécessaires.

La CCISM pour sa part prévoit de nouvelles prestations de service aux entreprises : un pôle formation à destination des chefs d’entreprise et des salariés et une pépinière d’entreprise avec espaces de coworking.


 Chefs d’entreprise, anticipez !

La mise en place d’un plan d’urgence augmente la probabilité de survie et de reprise de l’activité des entreprises.

  1. Evaluez en détail le fonctionnement de votre entreprise, en interne et en externe, afin de déterminer quels sont les employés, le matériel, les procédures et l’équipement qui sont absolument nécessaires pour conserver l’entreprise en activité
  2. Identifiez les opérations vitales à la survie et à la reprise de l’activité
  3. Prévoyez de diriger l’entreprise depuis un autre endroit 
  4. Établissez de bonnes relations avec d’autres entreprises pour pouvoir éventuellement utiliser leurs installations 
  5. Sécurisez les données informatiques et le matériel d’exploitation
  6. Les ouragans peuvent entraîner des pluies torrentielles causant des dégâts importants et des inondations dans les zones côtières et intérieures. Souscrivez une police d’assurance de type tempête et inondations. 
CCISM
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