La yole martiniquaise n’est pas qu’une simple embarcation sportive, elle fait partie du patrimoine national et peut-être demain, mondial. 

Le monde de la yole, Edouard Tinaugus est tombé dedans quand il était petit.

Originaire du Robert, dans son quartier d’enfance on trouve l’un des meilleurs charpentiers marins de Martinique, des patrons de yoles emblématiques, et une confrérie d’hommes passionnés par cette activité sportive aujourd’hui sous les lumières du ministère de la Culture et demain peut-être de l’UNESCO.

À six mois de la décision de l’institution internationale d’intégrer la yole au Patrimoine Mondial Culturel Immatériel, rencontre avec un homme pour qui cette embarcation unique au monde représente plus qu’un sport.

« La yole parle de nous et elle parle au monde entier ».

Comment est née cette candidature ?

Edouard Tinaugus, chef de projet du COPIL Yole de Martinique à l’UNESCO : Le projet est né il y a dix ans.

C’est le temps passé loin de la Martinique, à Paris où je travaille, et en voyage, qui m’a donné envie de faire connaître notre histoire aux autres.

Et assez naturellement, il est apparu que la yole avait toutes les qualités requises pour parler de nous, et prétendre à l’inscription à l’UNESCO.

Yole Joseph Cottrell - Martinique

Et depuis 2017, le ministère de la Culture reconnaît la « richesse immatérielle » de la yole de Martinique

En effet, le dossier technique déposé au ministère de la Culture, a débouché il y a deux ans sur l’inscription de la yole à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel de la France.

C’est le « savoir faire » qui a été considéré et reconnu, c’est-à-dire à la fois la fabrication et la navigation à bord de ces embarcations uniques au monde.

L’étude du dossier est désormais entre les mains de l’UNESCO.

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C’est vous qui avez entrepris, seul, ces démarches ? 

(sourire) C’est moi qui en effet en suis à l’initiative, et qui suis allé toquer à la porte du ministère pour lancer la démarche.

Ensuite, ça c’est fait en accord et avec le soutien du monde de la yole.

Jérôme Pruneau et Maguy Moravie, ethnologues, m’ont apporté leur soutien, de même que quatre associations de yoles du Marin, du Robert et du François qui ont adhéré au projet et donné du crédit à cette initiative. 

Aujourd’hui, vous pilotez le projet de candidature UNESCO depuis Paris ? 

La candidature repose sur un COPIL composé de deux branches :

  • l’une à Paris proche des équipes du ministère la Culture, que je dirige
  • une seconde en Martinique dirigée par Alain-Claude Lagier, qui fait partie d’une famille historiquement liée à la yole martiniquaise
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Qu’est ce qui fait que, au-delà de la simple pratique sportive et populaire, la yole martiniquaise est devenue un élément du patrimoine reconnu ? 

Par sa pratique et son essence même elle représente beaucoup de choses.

C’est d’abord une pratique qui réunit à son bord toutes les communautés.

« C’est surtout l’incarnation de valeurs d’entente, de partage, d’écoute qui permettent à un équipage de 18 hommes répartis sur 7 mètres carrés, flottant sur l’océan, sans quille et avec une grande voile, de réussir à tenir en équilibre et d’avancer ! »

La yole fonctionne parce qu’une dynamique des corps et des esprits se met en place.

C’est un symbole de ce que collectivement nous sommes capables d’accomplir, et un modèle peut-être dont nous pourrions nous inspirer ici en Martinique et dans d’autres pays. 

Les Martiniquais sont déjà de fervents supporters de la yole avec notamment le tour des yoles qui chaque année bat des records de fréquentation…

(Sourire) L’engouement est là, mais c’est la pratique qui compte et qui mérite d’être remise au cœur de l’attention.

La pratique, les efforts et le dépassement de soi des hommes et des femmes qui embarquent sur les yoles martiniquaises ont de quoi subjuguer et inspirer toutes les générations.