Il y a un peu plus d’un an, ses pairs l’élisent bâtonnier avec 52% des voix. Charles Nicolas est pour la seconde fois à la tête du barreau de la Guadeloupe Saint-Martin et Saint-Barthélemy.

Retour sur une année de bâtonnat hyper active.

-Photographie Lou Denim-

À mi-mandat, quel regard portez-vous sur cette 1ère année de bâtonnat ?

Charles Nicolas : Comme l’annonçait mon programme début 2019, depuis le début de ce bâtonnat, j’ai mené des actions inside et outside avec, à mes côtés, les dix-huit membres du conseil de l’ordre.

Au sein du barreau, nous avons développé des espaces de convivialité entre confrères :

  • les breakfasts du barreau, un vendredi une fois tous les deux mois
  • les afterworks du barreau, auxquels nous convions, dans un restaurant ou un café, des institutionnels, des professionnels et des justiciables pour débattre de différents sujets

En outre, la singularité de notre barreau réside dans son caractère archipélagique. Pour exemple, à Saint-Martin et Saint-Barthélemy se sont tenus des conseils de l’ordre in situ pour être au plus proche des préoccupations spécifiques des îles du Nord.

Nous avons également mis l’accent sur la formation, avec la mise en place d’un programme et d’un centre de médiation et d’arbitrage. 

Dans la même optique, en nouant des partenariats avec notamment la CCI des îles de Guadeloupe, nous développons le rôle de conseil aux entreprises grâce à des consultations gratuites assurées par des permanences économiques.

Nous assurons aussi des permanences pénales, très réactives : nous souhaitons que le justiciable puisse disposer d’un avocat presque immédiatement. Sans compter, bien sûr, les points d’accès au droit dans les communes.

Nous avons aussi rappelé nos valeurs en inaugurant la galerie des bâtonniers au 2e étage de l’Ordre.

Et les actions « outside» de ce bâtonnat ?

Nous impulsons un mouvement d’ouverture. L’image de l’avocat inaccessible a vécu.

« L’avocat d’aujourd’hui est à la disposition des justiciables pour les aider de façon quasi permanente, samedi, dimanche et jours fériés. »

Nous avons aussi voulu montrer que, comme tout le monde, nous aimons les belles choses de la vie. En octobre dernier, les Défis du barreau ont invité pompiers, police, RSMA, conseil général et avocats, entre autres, à s’affronter pendant deux jours au Palais des sports de Gosier.

Treize équipes, des épreuves athlétiques, une belle soirée de clôture et 450 personnes en liesse… En arrivant 4e, notre équipe « Une défense musclée » a prouvé que les avocats, sportivement aussi, ont de bons arguments !

En décembre, au Mémorial ACTe, la Soirée de l’Ordre a rassemblé les bâtonniers de Guadeloupe, Guyane, Martinique et Haïti autour d’un concours d’éloquence, remporté par mon homologue haïtien au terme d’une prestation phénoménale ! Ce fut un succès : l’auditorium était comble.

L’objectif des manifestations proposées par notre barreau au cours de ce bâtonnat est de nous ouvrir davantage aux autres par des moments de partage et de convivialité. 

Comme la justice, le métier d’avocat évolue…

L’une des caractéristiques de notre métier est sa nécessité d’adaptation à une société elle-même en évolution.

La dématérialisation des procédures a sensiblement modifié notre façon de travailler. Nous conversons entre nous via un groupe Whatsapp. Le barreau 2.0 est bien réel !

Effectivement, le rôle de l’avocat évolue. La place de la médiation, en particulier, est devenue cardinale. La règle aujourd’hui est de passer par une solution alternative aux tribunaux.

L’avocat doit trouver des solutions antérieures à la saisine d’une juridiction et démontrer qu’il a mené les transactions ad hoc pour parvenir à l’entente des parties. C’est très souvent l’incompréhension qui nous amène devant les tribunaux. Cette évolution est positive. 

Nous pouvons désormais exercer en tant que mandataire en transaction immobilière, mandataire sportif ou encore personne de confiance en matière fiscale, ce que la plupart des justiciables méconnaissent. Voilà une autre évolution notoire.

Ces changements ne se font pas sans heurts. A plusieurs reprises nous avons dû manifester notre mécontentement par des grèves qui dénoncent une justice de plus en plus déshumanisée et complexifiée. 

Quel est le rôle de l’Ordre des avocats ?

L’Ordre, en tant que personne morale, peut mener une action en justice. Il a la nature d’un établissement d’utilité publique.

Ses fonctions réglementaires, administratives et disciplinaires sont
exercées par le conseil de l’Ordre, qui le représente.

L’Ordre des avocats :

  • mène la politique générale du barreau
  • fixe son règlement intérieur
  • statue sur l’inscription et l’omission des avocats

Il fait respecter le périmètre hors du droit en faisant poursuivre ceux qui exercent la profession d’avocat de manière illégale.

Il s’agit donc d’un organe incontournable de notre profession puisqu’il est à la fois garant des devoirs et de la protection des avocats. 

Vous avez présidé le conseil de l’Ordre de 2009 à 2010. Pourquoi vous êtes-vous présenté une
seconde fois ?

« Les challenges et le goût de servir sont mes moteurs. Créer des process pour améliorer le fonctionnement ordinal est une passion. »

Administration des cabinets, règlement intérieur de l’Ordre, gestion des incidents : nous avons travaillé cette année à rationaliser les procédures pour qu’Ordre et bâtonnier remplissent plus efficacement leurs missions. 

Mon activité en tant qu’avocat est principalement dédiée aux victimes d’accidents et d’infractions. Cela fait vingt-cinq ans que je m’occupe de personnes qui souffrent en travaillant de 4h du matin à 21h.

Je me suis représenté dix ans plus tard avec la même fougue et l’envie de donner le meilleur de moi-même. Et mes confrères m’ont à nouveau accordé leur confiance.

J’endosse ce rôle de bâtonnier comme une mission, un sacerdoce.

Ordre des Avocats du Barreau
de la Guadeloupe, Saint-Martin
et Saint-Barthélemy
12 rue Gambetta
97110 POINTE-A-PITRE
0590 91 31 27
www.barreau-guadeloupe.avocat.fr