Chaque 8 mars, à l’occasion de la Journée des droits des femmes, les études s’empilent, de divers organismes et sur diverses thématiques, pour analyser l’état des lieux de l’égalité hommes-femmes.

Et montrer qu’il y a encore du chemin à parcourir, notamment dans l’univers professionnel

Texte Julie Clerc, Mathieu Rached

Egalité hommes-femmes : état des lieux

Selon un sondage réalisé en 2018 par l’APEC, femmes et hommes font leur entrée sur le marché de l’emploi dans des proportions équivalentes, mais les conditions d’emploi diffèrent.

Les inégalités persistent, dès le début de carrière

  • Les femmes ont davantage de postes en CDD (25% contre 14 % des hommes)
  • Elles accèdent moins fréquemment au statut de cadre (60% contre 81%)
  • Leur rémunération est moins élevée.

Même tendance en matière d’entrepreneuriat : le baromètre StartHer-KPMG 2018 montre que seulement 12, 5% des entreprises ayant levé des fonds en 2018 sont dirigés au moins par une femme, un chiffre en baisse par rapport à l’an dernier.

Classer les entreprises selon l’égalité hommes-femmes ?

Une raison de plus de saluer des initiatives inédites telles que le classement des sociétés favorisant le plus l’égalité homme-femme dans le monde, réalisé chaque année par l’organisation à but non lucratif Equileap. Cette étude porte sur 3 000 sociétés dont la capitalisation boursière individuelle dépasse 2 milliards de dollars. En 2018, l’Oréal fut ainsi désigné comme entreprise la plus paritaire d’Europe

De la même façon qu’il y a eu ces dernières années un mouvement vers l’investissement responsable, on peut espérer que ce type d’initiative poussera les investisseurs à sélectionner les sociétés en fonction de leurs résultats en matière d’égalités homme-femme.

Les signes positifs

56% des femmes estiment que leur situation professionnelle s’est améliorée. Et bonne nouvelle, sur le plan de l’égalité salariale, les départements d’Outre-mer (à l’exception de Mayotte) affichent de meilleurs scores que la France hexagonale.

Il suffit, aussi, d’ouvrir les yeux : partout les femmes entreprennent et façonnent notre présent. Elles portent, structurent et subliment la vie avec leurs meilleurs alliés : les hommes.


Les chiffres du travail au féminin

Etudes
La part des femmes de 25 à 34 ans diplômées de l’enseignement supérieur est près de 10 points supérieurs à celle des hommes.

Temps de travail
29,3% des femmes actives sont à temps partiel contre 8,4% des hommes actifs.

Secteurs d’activité
La fonction publique, le secteur médico-social et la communication sont les secteurs d’activité les plus appréciés des femmes respectivement (80%, 77% et 74%).

Salaire
L’écart salarial reste de 24% (Insee, Enquête Emploi 2008)

Et aux Antilles-Guyane ?
Les Antilles-Guyane sont meilleures que la France en termes d’égalité salariale.
Rapport Homme/Femme
Hexagone : 1,32
Guadeloupe : 1,12
Guyane : 1,07
Martinique : 1,14
(Sources : Insee, déclarations annuelles de données sociales 2017)

Evolutions
56% des femmes trouvent que leur situation professionnelle s’est améliorée (Ipsos 2019)

Egalité hommes-femmes, le défi de Marlène Schiappa

L’égalité entre les femmes et les hommes a été déclarée grande cause du quinquennat. Un thème qui interroge, qui dérange parfois, qui mobilise beaucoup.

Retour sur l’engagement d’une figure de proue dans le domaine : Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations.

Où en est-on de la parité en entreprise en 2020 ?

Marlène Schiappa : Les femmes représentent 80 % des temps partiels, et 70% des bénéficiaires du minimum vieillesse !

Marlène Schiappa - secrétaire d'Etat chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes

« Les femmes ont des carrières heurtées, et c’est pour cela que nous voulons mettre fin aux inégalités salariales tout en assurant une meilleure solidarité au moment de la retraite. »

Marlène Schiappa

Qui peut encore accepter que les femmes soient payées 9 à 27% de moins que les hommes, parce qu’elles sont des femmes ? Qui peut attendre l’an 2234 patiemment, comme l’a calculé le forum économique mondial, pour que l’égalité femmes-hommes advienne dans le monde économique ?

Il y a encore cinq, dix ans, on me disait que la progression des femmes n’était pas un sujet. Aujourd’hui, au contraire, mes interlocuteurs sont très volontaristes.

Que ce soit le MEDEF ou l’Association des entreprises privées (Afep) que j’ai rencontrés, tous ont pris conscience que ce n’est plus audible de ne rien faire pour les femmes. 

Peut-on dire que le « plafond de verre » recule ces dernières années en France ?

Marlène Schiappa :Des dispositifs visant à lutter contre le “plafond de verre” existent, telle la loi Copé-Zimmermann qui, depuis 2017, impose une proportion de 40 % de femmes dans les équipes dirigeantes des grands groupes et entreprises de taille intermédiaire (ETI) françaises.

La France est à la première marche du podium européen, et à la deuxième place mondiale en ce qui concerne la parité de genre dans les conseils d’administration. Cela grâce à l’engagement des entreprises et aux dispositions législatives de la loi Copé-Zimmermann.

Mais nous pouvons aller plus loin. J’ai pour habitude de dire que les femmes représentent 52% de l’humanité, et que la parité c’est donc déjà un compromis ! 

Je suis en train de travailler avec Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, à une loi pour l’égalité femmes-hommes dans l’économie afin de :

  • renforcer la place des femmes dans toutes les instances de gouvernances, tels que les COMEX et les CODIR.
  • aller vers plus d’égalité salariale
  • améliorer le soutien à l’entrepreneuriat car on constate que les fonds vont beaucoup plus soutenir des projets portés par des hommes que par des femmes, on veut corriger cela

La loi sera présentée courant 2020.


Egalité salariale : et si on apprenait à négocier ?

5 novembre à 16 h 47 (2019), 6 novembre à 15h35 (2018), 3 novembre à 11h44 (2017)… Chaque année, à partir d’une certaine date, les Françaises travaillent « pour rien » jusqu’au 31 décembre de l’année.

Chaque année, la date exacte, calculée et diffusée par la lettre d’information féministe Les Glorieuses, varie donc de quelques jours.

L’inégalité salariale entre les hommes et les femmes demeure (15,4 % de différence en 2019, selon l’Office européen de statistiques Eurostat).

L’égalité salariale ne s’impose pas d’elle même ? Soit. Alors négocions-la. La preuve avec des ateliers réservés aux femmes. 

Rendu public, le constat n’affole pas les services de ressources humaines mais il a motivé l’émergence d’ateliers ouverts exclusivement aux femmes pour (mieux) négocier, chacune, le juste salaire qui lui revient.

On y mêle et manie confiance en soi, évaluation du marché et art de la négociation.

Aux Etats-Unis, ateliers d’empowerment au féminin

À Boston, aux Etats-Unis, on ne plaisante pas avec la négociation salariale. Cette étape clé lors des recrutements puis des évaluations annuelles dans les entreprises est même devenue un enjeu local et un programme de promotion de l’égalité femme/homme au travail.

Baptisé « Work Smart », l’initiative portée conjointement par l’American Association of University Women (AAUW) et la mairie de la ville donne
accès à toutes les femmes de Boston à une formation en négociation salariale.

Des workshops gratuits sont désormais accessibles en ligne. Avec, au programme :

  • apprendre à évaluer la valeur de son niveau de qualification et des compétences
  • comment mener une étude du marché pour déterminer un salaire juste
  • comment préparer son pitch et pouvoir répondre aux propositions de salaire face à un employeur ou un chasseur de tête

L’initiative a fait des émules, on trouve des ateliers équivalents à New York, Washington, Pittsburgh ou Wichita dans le Kansas. 

Négotraining à la française

En France c’est à Nantes qu’une démarche similaire, Négotraining, a été conçue et mise en place, en 2017 à l’initiative de la chaire RSE d’Audencia, école supérieure de commerce.

En poste depuis le XXème siècle ou jeunes diplômées, toutes les femmes qui ont suivi le module étaient bloquées au même stade : ne pas oser et ne pas se sentir légitime à négocier un salaire ou une promotion.

Le module de 3h, gratuit, déverrouille ce ressenti. La mixité des profils des femmes réunies participe à la prise de conscience et la prise de pouvoir.

Elles y trouvent des outils, des astuces et aussi un réseau, un groupe Linkedin a même été ouvert pour poursuivre les échanges et partager ses retours d’expérience.

Au total, 2100 femmes ont déjà été formées, elles seront 3000 d’ici la fin de l’année. Ça marche ?

« Une femme sur deux a négocié dans les 6 mois suivant la formation et 90% de négociations ont permis d’améliorer leur rémunération… »

Né dans l’ouest de la France, le Négotraining commence à essaimer en France, à Paris, Lyon, Angers, Cherbourg, Rennes, Lille, Saint-Malo… Bientôt dans les Antilles-Guyane ?

Agenda et infos sur www.negotraining.org


La femme, un homme dans l’entreprise

Béatrice Fusenig, Société d’avocats DFM : Le débat sur la place des femmes dans l’entreprise fait partie d’un passé révolu, quel que soit son statut, salariée ou dirigeante. 

En effet, les salariées ont d’ores et déjà démontré leur aptitude à être, sinon autant, voire plus performantes que leurs homologues masculins.

Béatrice Fusenig - avocate cabinet DFM

« De nombreuses entreprises ou sociétés dirigées par des femmes sont très bien positionnées, et affichent souvent une rentabilité incontestable. »

Les créatrices de société ont assurément “la gagne” et les bonnes idées.

D’ailleurs, cette envie de réussite est visiblement contagieuse, puisque tous les observateurs s’accordent à constater la féminisation de très nombreux domaines d’activité.

Cette conquête a été favorisée par une évolution du droit du travail, et par des mesures incitatives à l’entrepreneuriat.

Evolution du droit du travail

Les mesures phares de protection des salariées sont notamment :

  • les lois en faveur de l’égalité hommes-femmes
  • l’interdiction du licenciement à compter du jour où l’employeur a connaissance de la grossesse, et jusqu’à dix semaines après l’expiration du congé maternité

Mesures incitatives à l’entrepreneuriat

On sait que le succès d’une structure sur la durée dépend en grande partie des fonds que l’entrepreneur parvient à réunir pour se lancer, et ensuite pour se développer.

À ce titre, les femmes bénéficient des moyens de financement de droit commun, comme le dispositif NACRE, ou le prêt d’honneur (prêt sans garantie ni intérêts), mais également de dispositifs spécifiques mis en place par les pouvoirs publics.

Au plan national, la mise en place de la Garantie Egalité Femmes permet de faciliter l’accès au crédit bancaire des femmes porteuses d’un projet de création, de reprise ou de développement d’entreprise.

La garantie couvre jusqu’à 80 % d’un emprunt bancaire dans la limite d’un montant de 50 000 €. Des procédés d’aides financières peuvent également exister au niveau régional.

D’autres mesures sont plus symboliques, comme la semaine de sensibilisation à l’entrepreneuriat féminin, ou la journée des femmes entrepreneures. 

Le soutien des réseaux féminins

À côté de ces actions publiques, on assiste à une multiplication d’initiatives privées promouvant les femmes dans l’entreprise, notamment par la création de réseaux exclusivement féminins.

Ces derniers délivrent une assistance dédiée aux femmes et permettent un partage d’expérience.

Certains ont également pour objectif de favoriser les relations professionnelles entre femmes, de leur accorder une plus grande visibilité, parfois dans un domaine particulier, tant sur plan national qu’international.

La femme ne serait donc pas seulement l’avenir de l’homme, mais aussi l’avenir de l’entreprise !


Réseau Entreprendre Guadeloupe, la belle part faite aux femmes

Créer son entreprise, un défi que les femmes sont de plus en plus nombreuses à relever, et celles qui l’ont relevé en ont tiré un épanouissement certain. 

Pourquoi Réseau Entreprendre Guadeloupe s’engage pour les femmes ?

Chez Réseau Entreprendre Guadeloupe, l’entrepreneuriat féminin est un sujet qui nous est cher, car malgré de gros progrès, il reste encore du chemin à parcourir pour corriger le déficit d’image des femmes dans le monde de l’entreprise.

Réseau Entreprendre Guadeloupe fait la part belle aux femmes qui entreprennent comme en témoigne notre dernière promotion qui compte trois femmes sur sept lauréats.

Quelques femmes du Réseau Entreprendre Guadeloupe
Gladys Acramel, membre – Line Charles-Helene, directrice – Lydia Cyanée, lauréate – Karine Besombes, présidente – Ena Romney, membre – Nathalie Carpels, membre – Elodie Mombrun, lauréate

Quels sont les enjeux et les difficultés de la création d’entreprise quand on est une femme ?

Lutter contre certains préjugés qui ont la vie dure, se confronter à un univers masculin peu enclin à leur accorder leur confiance. Le parcours est souvent semé d’embûches, mais à l’arrivée, une réalité : les femmes réussissent aussi bien que les hommes !

Dans une période économique moins florissante, frapper à la porte du Réseau c’est profiter de l’accompagnement et du soutien apportés par un Réseau de femmes et d’hommes chefs d’entreprise bienveillants et humanistes.

Il faut donner envie aux femmes de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, d’intégrer des Réseaux de chefs d’entreprise et d’œuvrer au développement de leur région.

C’est un challenge que Réseau Entreprendre Guadeloupe a décidé de relever, le programme Wom’energy du réseau Entreprendre est là pour favoriser cette mixité.


Qu’en est-il de la place de l’entreprise dans la vie des femmes ?

Amina DEJOUX, Coach en entreprise, mentor et consultante-formatrice : Les femmes font leur entrée dans l’entreprise dans les années 40, lorsqu’elles quittent les cuisines pour remplacer les hommes partis à la guerre.

Aujourd’hui, les femmes :

  • créent 30% des entreprises en France
  • représentent près de la moitié des effectifs
  • sont de plus en plus nombreuses à occuper des postes de cadres et de dirigeantes

Depuis le 1er septembre 2019, l’indice d’égalité permet par ailleurs à l’Etat d’évaluer et de sanctionner les entreprises de plus de 250 salariés dans le domaine de l’égalité des sexes.

Les consciences se réveillent et glissent vers un nouveau paradigme qui redonnerait aux femmes une place à part entière qui leur permettrait de ne plus mesurer leurs qualités sur les critères du patriarcat et d’avoir la liberté d’exprimer leurs différences au profit de l’entreprise.

Plus d’équilibre pour une meilleure efficacité

La tendance des années 80 était pour les femmes de « vouloir tout » : un boulot de rêves, une vie de couple « épanouissante », des enfants pleins de vie et sages, un corps parfait et les ongles faits ! Cette vision utopiste est encore très répandue et relayée.

Mais aujourd’hui, c’est le « vivre mieux » qui l’emporte. Plus que la seule répartition entre vie professionnelle et vie familiale, comme il en est souvent question, les femmes aspirent à plus d’équilibre dans tous les aspects de leur existence : professionnels, familiaux et personnels.

Femmes en entreprise - Collaboratrices de Karumag

Leur défi est d’être capable de prendre du temps pour elles, en tant que femmes et plus seulement en tant que bonnes épouses, bonnes mères, ou bonnes employées.

Du temps pour soi, afin d’être plus à même d’en donner aux autres, que cela soit dans le domaine privé ou professionnel. Pour beaucoup de femmes, c’est une nouveauté. À tel point qu’elles ne savent ni comment, ni quoi faire.

Une des clés est de se faire plaisir, ne serait-ce que quelques minutes par jour : jardiner, courir, danser, lire, écrire, méditer, jouer…. À elles de choisir ce qui leur donne le sourire, de changer leurs habitudes et de s’organiser.

Dans un contexte où le burnout, qui touche deux fois plus de femmes que d’hommes, est devenu l’une des premières causes des arrêts maladie longs, l’efficacité professionnelle passe aussi par cet équilibrage des activités avec une vision globale plus réaliste et humaine.

La société semble vouloir remettre les femmes au cœur de « la cité ». Ne serait-ce pas les femmes qui tenteraient de se replacer au centre de leurs vies ?

Amina Dejoux
CDM Connexion – Formation et Coaching
FB @AminaDejoux

Société d’avocats DFM
« SELARL DERUSSY – FUSENIG – MOLLET »
58 rue Achille René Boisneuf
97110 POINTE-A-PITRE
0590 21 19 33
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0690 14 33 12
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