La raffinerie sera en arrêt métal, c’est-à-dire à l’arrêt pendant 8 semaines pour une opération de maintenance et le renouvellement des gigantesques fours de l’usine. – Photo Jean-Albert Coopmann

Du 12 octobre au 6 décembre, l’unique raffinerie des Antilles-Guyane ne produira pas un litre d’essence ou de gazole. Un arrêt complet, ou « arrêt métal », prévu par la règlementation qui permettra d’assurer les opérations de maintenance et de remplacer 4 des 9 fours de la raffinerie.

Une opération titanesque (400 techniciens attendus, 60 millions d’euros de budget) dont David RAPHOSE est le chef de projet. Rencontre à quelques jours du début de cet arrêt historique.

Cuves - SARA Energies Nouvelles

Que va t-il se passer pendant ces 8 semaines d’arrêt métal ?

« L’arrêt métal » va d’abord permettre de réaliser les interventions et réparations nécessaires. C’est une opération d’envergure, obligatoire, qui se déroule tous les 6 ans.

Mais cette année, cette mise à l’arrêt total de la raffinerie va également permettre de remplacer 4 fours en fonction depuis la mise en service de la raffinerie en 1971. Parmi lesquels, le plus grand four de l’usine, celui de l’unité de distillation atmosphérique, qui permet de chauffer le pétrole brut pour en extraire différents produits : fioul, diesel, kérosène, essence.

Qui sont les professionnels qui interviendront sur site ?

Ils sont tuyauteur-monteurs, soudeurs, électriciens, instrumentistes pour vérifier et calibrer les instruments de mesure de température, de débit, de pression, mécaniciens aussi pour tous les systèmes de pompes et compresseurs.

Au total, 400 personnes sont venues de l’hexagone, auxquelles s’ajoutent 150 techniciens d’entreprises locales et 50 employés SARA.

« Au total 700 personnes qui vont intervenir tous les jours de 6h à 22h, pendant les huit semaines d’arrêt de production de carburant et de gaz. »

Deux bases vie ont été érigées sur le site de la SARA avec des bureaux pour accueillir les techniciens et le staff d’encadrement, et un espace de travail où disposer les volumineux équipements.

C’est la plus grande intervention que l’usine a connue en 60 ans d’existence et la plus chère aussi, avec 60 millions d’euros de budget.

Matériel - raffinerie des Antilles-Guyane

C’est aussi le 1er arrêt métal directement piloté par la SARA…

C’est en effet une première pour nos équipes. Lors des précédents arrêts, la SARA était en appui de l’opération que menaient les équipes de Total (ancien groupe propriétaire).

Nous sommes aujourd’hui directement aux commandes depuis l’achat des fours auprès d’un fabricant européen, jusqu’à leur acheminement sur le site de la SARA, leur montage et leur mise en service.

C’est un challenge à la hauteur de nos équipes et de notre expertise en tant que raffinerie du bassin caribéen.

Une première et un peu de trac ?

(sourire) On est très concentrés. L’équipe que je dirige s’est constituée il y a 24 mois pour mener à bien cet arrêt exceptionnel. Les 42 jours d’arrêt à partir du 12 octobre sont quasiment minutés pour mener à bien les réparations et les grands travaux tout en garantissant la sécurité de tous les intervenants.

Matériel - arrêt métal SARA Energies Nouvelles

21 ans de métier ne sont pas de trop pour piloter 8 semaines d’interventions…

En 21 ans de métier je connais bien la raffinerie en effet. Ingénieur en génie des procédés de formation, j’ai pu travailler au sein de différentes unités : conception et optimisation des équipements, laboratoire, logistique (avec le mouvement des produits), maintenance, fiabilité et aussi qualité et environnement.

« L’arrêt métal reste à part avec un double enjeu : assurer la sécurité des 700 personnes mobilisées, celle des riverains et mener à bien les remplacement de 4 fours pour redémarrer la production sans retard. »

Si le délai n’était pas tenu, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane pourraient manquer d’essence ?

(sourire) Je vous rassure, tout a été calculé et prévu. Les utilisateurs et automobilistes ne manqueront pas d’essence.

Nos cuves sont pleines, les stocks ont été provisionnés et un complément de carburant est prêt à être importé. 15 jours après la fin des interventions, les équipements auront retrouvé leur taux de production habituel.

Chaque année 800 000 tonnes de pétrole brut sont transformés ici au Lamentin, chauffés par les fours de l’usine dans nos unités de distillations pour fournir 1,4 million de tonnes de produits finis pour les 3 territoires.

SARA Energies Nouvelles – certifiée ISO 9001

Le saviez-vous ? Tout au long de l’année, pour veiller à l’intégrité et la sécurité des installations et équipements, le département inspection de la SARA réalise des radiographies (comme un centre de radiologie) des infrastructures et tuyaux. A partir de quoi, ils travaillent sur des courbes de corrosion des équipements pour garantir leur bon usage et programmer leur remplacement. Cette analyse rigoureuse des milliers de mètres carrés d’installation sert ensuite au service de maintenance pour des interventions au cas par cas, et tous les 6 ans aux équipes mobilisées sur « l’arrêt métal ».

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