Traitement des déchets. Bien que l’on emploie le terme déchets pour désigner tout ce que l’on jette, différentes catégories de déchets doivent absolument être collectées séparément afin de pouvoir être convenablement traités.

Créée en 1994, l’association Entreprises & Environnement veille aujourd’hui à faire connaître la vingtaine de filières de traitement des déchets existantes sur notre territoire.

Une mission d’envergure particulièrement importante, pour réduire les dépôts sauvages, améliorer le tri et accompagner le développement de solutions locales de valorisation.

Marie Buisson, chargée de mission chez Entreprises & Environnement nous en dit plus. 

Marie Buisson - chargée de mission Entreprises & Environnement - Martinique
Marie Buisson – Photo Jean-Albert Coopmann

Le tri, une pratique à généraliser

Hors déchets du BTP, environ 280 000 tonnes de déchets étaient produites en 2016 en Martinique, soit 650 kg par habitant par an.  

Seraient ainsi collectés en Martinique, par habitant et par an :

  • 328,3 kg d’ordures ménagères
  • 7,4 kg de biodéchets
  • 15,5 kg de matériaux secs (la poubelle jaune)
  • 7,9 kg de verre
  • 35 kg de déchets verts
  • 57 kg d’encombrants
  • 2,5 kg de déchets textiles

Pourtant, alors que le tonnage d’ordures ménagères en Martinique se révèle supérieur aux collectes effectuées en Hexagone ou dans les autres DROM-COM, les performances de collecte des autres types de déchets sont souvent inférieures à celles atteintes sur les autres territoires.

Et pour cause, le geste de tri ne serait toujours pas tout à fait ancré dans les moeurs, à la fois des particuliers mais aussi des entreprises. A titre d’exemple, selon une étude de caractérisation des déchets datant de 2012, 31% de nos ordures ménagères proviendraient d’activités économiques.

Comme nous le rappelle Marie Buisson, “Si le tri n’est pas fait en amont de la collecte, si tous les déchets sont mélangés, il n’est alors pas possible de les trier ni de les traiter dans les filières de revalorisation correspondantes.”

Concrètement, ce sont donc des ressources gaspillées qui seront brûlées ou enfouies alors même qu’elles auraient pu faire l’objet d’un recyclage, d’une revalorisation ou d’un réemploi. 

Les missions d’Entreprises & Environnement

L’objectif d’Entreprises & Environnement est de créer un écosystème d’outils et de solutions pour faciliter le tri et la collecte différenciée des déchets.

L’association intervient ainsi afin de sensibiliser l’ensemble de la population et des acteurs économiques à la nécessité de contribuer à la collecte différenciée de nos déchets, pour pouvoir mieux les traiter mais aussi davantage les valoriser. 

Il s’agit de permettre  aux producteurs et détenteurs de déchets de respecter les obligations réglementaires auxquels ils sont soumis, tout en allégeant les coûts liés à la gestion des déchets par les collectivités. 

Mais aussi, d’éviter le pillage de nouvelles ressources grâce à la revalorisation de nos déchets et permettre aux acteurs de l’ESS (Economie Sociale et Solidaire) de récupérer les gisements de mobilier ou d’équipements électriques usagés ou en fin de vie, afin de favoriser le développement d’une économie circulaire locale.  

16 éco-organismes de traitement des déchets

Pour ce faire, pas moins de seize éco-organismes se sont réunis au sein de la plateforme Caraïbe des filières REP (Responsabilité élargie producteurs) pilotée par l’association Entreprises & Environnement et co-financée par l’ADEME (Agence de la Transition Ecologique), visant la recherche de synergies et l’amélioration du fonctionnement des REP sur la Martinique et à l’échelle de la zone régionale Antilles-Guyane.

Une chaîne de valorisation

En somme, l’ambition est de mettre en place une véritable chaîne de revalorisation sur nos territoires, créatrice de valeur pour les acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) ainsi que d’emplois.

C’est d’ailleurs tout l’objet des différentes actions entreprises par l’association, telles que la tournée Kay Pwop visant à collecter les déchets électriques et électroniques des particuliers (32 tonnes de déchets collectés entre juillet et septembre 2020) ou encore des opérations de sensibilisation des entreprises sur leurs droits et obligations quant aux différents types de déchets qu’elles produisent.

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Mais alors, comment sont localement valorisés nos déchets ?

Sans que l’on ne s’en rende compte, nous avons déjà des exemples de valorisation concrète autour de nous. 

  • De déchets électriques et électroniques à matières premières secondaires

Créée par le groupe Energipole en Guadeloupe, Antilles Environnement Recyclage (AER) est une plateforme de traitement des DEEE (Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques) qui récupère les gisements de la Martinique afin de les dépolluer et de récupérer les matériaux pouvant être réutilisés sous forme de matières première secondaires.

  • Des pneus transformés en poudrette de caoutchouc

Ecodec, également créé par Energipole, valorise par ailleurs les pneus usagés en les transformant en poudrette de caoutchouc intégrée entre autres dans les dalles de stabilisation des sols. 

  • Du nouveau mobilier à partir d’ancien

En Martinique, le chantier de réinsertion du Foyer de l’Espérance travaille le bois usagé afin de restaurer ou de re-fabriquer du mobilier à partir de l’ancien.

  • Du verre pour nos routes

Le verre des bouteilles et bocaux triés est par ailleurs broyé sur le site de la Trompeuse à Fort-de-France et est réutilisé pour la création de sous-couche routière et de mobilier urbain.

  • Une seconde vie pour les déchets électriques et électroniques

L’association Ecomobil propose la réparation des équipements électriques et électroniques pouvant avoir une seconde vie. 

  • Des projets de consigne

Aussi, depuis la liquidation fin 2019 de la SIDREP, qui était destinée à produire des granulés à partir des bouteilles en plastique collectées, de nouveaux projets émergent en Guadeloupe comme en Martinique afin de pouvoir relancer le traitement des déchets plastiques sur nos territoires.

Un projet de consigne des bouteilles plastique en PET et en verre est par ailleurs à l’étude et pourrait aboutir d’ici 2025, à l’échéance du Plan de Prévention et de Gestion des Déchets de Martinique réalisé par la CTM et voté en novembre 2019. 

  • Ca avance du côté des VHU

Et qu’en est-il des VHU, qui constituent un véritable fléau en termes de dépôts sauvages ? Ceux-ci sont pris en charge par la filière volontaire locale TDA, gérée par les importateurs de véhicules.

Au programme : signalement et verbalisation en partenariat avec la police, dépollution, séparation des matériaux, revalorisation minimale sur le marché d’occasion local, puis exportation de la ressource.

TDA - Traitement des déchets automobiles - Martinique

Le traitement des déchets, l’affaire de tous

En 2019, ce ne sont pas moins de 22 550 tonnes de déchets des filières REP qui ont été collectées.

4160 tonnes ont été valorisées par AER en Guadeloupe, 4000 tonnes de déchets de verre valorisées en Martinique, 3000 tonnes ont fait l’objet d’une valorisation énergétique, 1400 tonnes ont été enfouies, quelques tonnes ont été réutilisées par les acteurs de l’ESS; le reste a été exporté en Hexagone et dans l’UE afin d’être traité, recyclé et valorisé. 

“Les filières de traitement des déchets existent et sont structurées aux Antilles-Guyane”, précise Marie Buisson. “L’enjeu aujourd’hui est que les différents déchets partent dans leur filière.”

“ Le tri à la source des différentes catégories de déchets et leur dépôt dans les lieux prévus à cet effet sont plus  que jamais nécessaires de la part des particuliers comme des entreprises qui peuvent quant à elles bénéficier de collectes gratuites”

N’hésitez pas à faire appel aux éco-organismes gérés par Entreprises & Environnement : la collecte des déchets REP est prise en charge grâce à l’éco-participation et est donc gratuite.

Alors, on s’y met ?

Entreprises & Environnement
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entreprisesenvironnement.com
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