Plan de relance. Faire de la Guadeloupe, le plus grand «jardin-créole» au monde. La nouvelle a de quoi surprendre. Si l’Union des entreprises de Guadeloupe a tardé à présenter son projet économique, elle propose, après la Guyane et la Martinique, une vision tout à fait inédite pour le territoire. Un projet sur 10 ans, rondement mené qui allie développement local, attractivité internationale et préservation de nos patrimoines communs. – Texte Coline Mousson

La date est symbolique. Nous sommes le vendredi 20 novembre 2020 et l’Union des entreprises de Guadeloupe (UDE-MEDEF) vient de présenter à la presse un projet tout à fait inédit qui reprend tous azimut les Grands Objectifs du développement durable portés par l’ONU (ODD) : faire de la Guadeloupe le plus grand «jardin-créole» au monde.

Si la proposition a quelques peu surpris les journalistes invités, elle a aussi suscité un grand nombre de questions. En présence de Bruno Blandin, président de l’UDE-MEDEF Guadeloupe et de Jacques Fayel, son vice-président, l’Union des entreprises de Guadeloupe a mis en perspectives leur vision.

« Nous voulons donner à la Guadeloupe les moyens de se valoriser durablement; non seulement en local mais aussi vis-à-vis de l’extérieur. Pour cela, nous devons nous rassembler autour d’une vision qui fait sens » explique Jacques Fayel.

Aller plus loin que la consommation Péyi : penser péyi

Il faut dire que la crise géo-sanitaire est passée par là. Elle a même été vécue comme un véritable électrochoc pour un grand nombre d’entreprises.

Avec un secteur touristique à l’arrêt, des centaines de PME et TPE fragilisées et un quotidien certes déconfiné, mais en prise avec la réalité économique du reste du bassin et de l’Hexagone, l’UDE-MEDEF explique avoir voulu aller plus loin que la campagne « Consommer Entreprise péyi » lancée en juin 2020.

« Il s’agit aujourd’hui de nous poser la question de ce que nous voulons pour le territoire. Même s’il est difficile de nous projeter à plusieurs mois, nous devons faire l’exercice d’imaginer ce que nous serons dans dix, quinze ou vingt ans. » déclare Bruno Blandin.

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Fixer les objectifs de développement en fonction de la situation mondiale de 2030

Sur la méthodologie, l’UDE-MEDEF explique s’être basé sur les rapports internationaux et les projections à 2030.

« Nous avons travaillé à partir des réalités qui seront les nôtres dans 10 ans car vous avez beau vouloir tout prévoir selon vos référentiels, la crise vient de nous démontrer que nous sommes inscrits dans un contexte global. C’est pour cela que nous devons revoir nos priorités » continue-t-il.

A cet effet a été remis ce matin le document « Guadeloupe Jardin-Créole 2030 » qui intègre les tendances mondiales et des objectifs en local sur l’eau, la santé, l’alimentation et le bien-vivre, et aborde des questions telles que :

  • À quoi ressemble l’île du futur ?
  • Comment allons-nous nous déplacer ?
  • Comment structurer les filières de proximité et reterritorialiser ?

« Les chiffres économiques des Commissions internationales doivent nous éclairer pour anticiper ce que nous allons vivre. » affirme Jacques Fayel.

Un jardin-créole pour rassembler autour de nos savoir-faire

Tous les secteurs d’activité sont représentés. « Qu’il s’agisse des artisans, des agriculteurs, des maraîchers et des marins-pêcheurs, comme des métiers de la transformation ou des sociétés de prestations de services, nous sommes tous dans le même bateau.

Sauf qu’à ce stade, la consommation ne doit pas être le seul leitmotiv pour construire la suite. Il faut aller plus loin. » a déclaré le vice-président.

A l’image de la Guadeloupe, des techniques des plus anciens, des savoirs-faire reconnus et de la richesse de la pharmacopée créole, l’organisation a décliné une vision personnalisée visant à protéger la valeur des écosystèmes guadeloupéens.

«Le développement durable n’inclue pas que l’écologie. Elle demande une vision globale, systémique, qui intègre à la fois l’aspect social et la qualité de vie pour tous. »

« Dans le jardin-créole, vous avez cette image du réservoir, de la permaculture, de la vitalité des sols. Il faut que notre génération se le réapproprie » explique Bruno Blandin.

Avant d’ajouter : « La responsabilité sociale des entreprises n’est pas qu’un slogan, c’est la prise en compte de l’impact que nous avons aujourd’hui sur les terres sur lesquelles nous cultivons notre avenir. »

Un projet à co-créer avec tous les Guadeloupéens

L’appel est lancé. « Le jardin créole n’est pas juste une idée marketing. C’est une vision pour le territoire. Nous sommes spécialistes du monde économique. Mais le monde économique ne fait pas tout. Nous avons besoin de tous les Guadeloupéens pour co-construire. »

Un projet intergénérationnel mais aussi intersectoriel pour ancrer un plan de relance dans une dynamique collective sur dix ans et plus.

« Nous espérons que le monde politique suivra, que les différentes organisations, associations, écoles nous aideront à porter tous cela pour les générations à venir. »

UDE-MEDEF
ude-medef.com
FB @uniondesentreprises