Enseignement à distance. Candidat à sa réélection, le président de l’Université de La Réunion, Frédéric Miranville, tire les enseignements d’une crise sanitaire aussi inédite que stimulante pour le monde universitaire. Il plaide pour une “vigilance” accrue face au changement.  – Propos recueillis par Clara Tran

2020 a privé d’horizon pédagogique enseignants et étudiants. Quel est votre regard sur cette année particulière ?

La crise sanitaire est l’élément marquant de 2020. Le Covid-19 nous a fait prendre conscience que le mode de fonctionnement d’une université pouvait être revu de manière très rapide.

Nous avons mobilisé 2 millions d’euros pour assurer la continuité pédagogique. À l’avenir, la vigilance face au changement doit être de mise.

Quels ont été les effets positifs de la crise sanitaire sur le fonctionnement de l’université ?

Il y a heureusement de nombreux aspects positifs. On a pris conscience que l’on arrive à trouver des ressources pour affronter l’adversité.

On a pu délivrer les diplômes en juillet 2020 comme prévu. La rentrée a certes été difficile, mais il n’y a pas eu de rupture dans le fonctionnement de l’établissement.

On a réussi à faire fonctionner nos différentes instances, en faisant évoluer nos statuts, en mettant en place un outil de vote électronique qui garantit la confidentialité pour prendre les décisions qui s’imposaient durant la crise sanitaire.

Comment avez-vous assuré la continuité pédagogique durant le confinement ?

La bascule du présentiel vers le distanciel était potentiellement très discriminante. Nous avons accompagné nos équipes d’un point de vue matériel et pédagogique, afin que l’ensemble des cours puissent se faire à distance.

Nous avons été très attentifs aux publics en difficulté, notamment les étudiants porteurs d’un handicap, mais aussi les étudiants en échange à l’étranger ou chez nous, bloqués dans leur université d’accueil ou sur notre campus.

Tous les jeunes ne sont pas entourés par leur famille, certains se sont retrouvés coincés dans leur chambre universitaire, dans des conditions précaires. On a travaillé avec les associations étudiantes pour accompagner la mise en place d’une épicerie solidaire, avec des distributions de colis alimentaires et de gel hydroalcoolique notamment.

Pour lutter contre la fracture numérique, nous avons également pu nous appuyer sur notre partenariat avec le conseil départemental de La Réunion et Orange pour avoir des ordinateurs et des accès au réseau internet pendant le confinement.

« Grâce au service commun de documentation, tous nos étudiants ont pu emprunter des ordinateurs comme ils empruntent un ouvrage. Il n’y a pas eu de rupture d’égalité. »

Comment avez-vous géré le boom des inscriptions dans ce contexte sanitaire inédit ?

Cela a été une rentrée exceptionnelle en effet, puisque le nombre d’étudiants accueillis a été multiplié par quatre, avec l’arrivée de 1 485 étudiants de plus par rapport à l’année précédente.

Cela vient d’un double effet : les néo-bacheliers du territoire qui sont plus nombreux, avec en juin 2020 un taux de réussite au bac supérieur.

« Il y a aussi une baisse des néo-bacheliers qui ont poursuivi leurs études dans l’Hexagone. »

La rentrée s’est faite dans un temps d’avance de trois semaines par rapport au territoire hexagonal. Par chance et par organisation, nous avons pu faire en sorte que la reprise se fasse de manière sereine, avec le renforcement des mesures barrière, le port du masque obligatoire pour les étudiants et le personnel.

Toutes ces mesures mises en place par notre comité de crise dédié au Covid-19 ont été prises par les universités en métropole par la suite.

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