Le parcours traditionnel STAPS fait partie du top 5 des filières choisies par les lycéens sur Parcoursup… Pour Grégory Hu-Yen-Tack, Laurent Erembert et Thibault Saint-Prix, il existe des voies alternatives et innovantes pour les sportifs et passionnés de sport. Les trois associés viennent de fonder la première école de sport business de la Caraïbe.

Raquette de tennis

Grégory Hu-Yen-Tac, vous êtes la preuve vivante qu’à 26 ans, un jeune guyanais peut avoir réussi à combiner études, premières expériences professionnelles et formations spécialisées avant de monter son propre projet pour l’Outre-mer. Pourrait-on revenir ensemble sur votre parcours ?

Grégory Hu-Yen-Tac : Oui, avec plaisir ! Avec un Bac ES en poche, j’ai commencé mon Bachelor à l’École de Gestion et Commerce (EGC), en 2012.

Durant mes études, je suis parti au Brésil pour travailler à la Coupe du monde de football à travers un partenariat avec mon école et la Collectivité territoriale. Cela m’a permis de comprendre les métiers du monde sportif et me pousser vers un Master en management du sport business à Paris.

Une fois actif, j’ai commencé à travailler dans une agence de marketing durant plus de deux ans spécialisée dans le Retail, en tant que chef de projet. Durant mes études, trouver la formation pour me spécialiser a été très simple.

« Le plus difficile a été de trouver mes stages, car le domaine du sport est très demandé et assez restreint, et encore plus lorsqu’on vient de l’Outre-mer. »

Or ce sont des régions avec un grand potentiel pour le sport business. Avec Laurent Erembert et Thibault Saint-Prix, nous avons donc décidé de fonder une école spécialisée dans le sport business pour la Guyane et les Antilles. 

Athlète au départ

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre école de commerce spécialisée dans le sport business ? 

The Caribbean Institute of Sport Business (CISB) est une école 100% digitale. Avec Laurent Erembert et Thibault Saint-Prix, nous avons fondé l’école cette année, car nous avons des objectifs en commun : valoriser les sportifs d’Outre-mer et alimenter l’économie sportive dans les Caraïbes.

En tant que directeur marketing, je m’occupe principalement du développement et des partenariats. Laurent est le directeur administratif et juridique, et Thibault le directeur pédagogique.

« Les formations sont 100% digitales, sur une plateforme interactive complète proposant visio-conférences et possibilité de « replay » en cas d’absences (justifiées). »

La plateforme est assez polyvalente et propose des interactions entre l’élève et l’enseignant, mais également avec d’autres élèves pour garder l’esprit d’équipe. Pour les cours, nous proposons un service assez modulable permettant aux élèves de créer et de choisir leur programme.

Toutes nos formations sont centralisées sur une économie à l’échelle guyanaise et antillaise. D’ailleurs, les enseignants sont issus de ces régions afin de partager avec les élèves des expériences locales. 

panier de basket

Pourquoi avoir créé une formation digitale ? 

En raison de la crise sanitaire, toutes les formations sont actuellement en format digital. En principe, nous avons eu l’idée de faire un cursus plutôt hybride, afin de créer des locaux dans toutes les Antilles et Guyane ; tout en proposant des cours en distanciel aux étudiants de chaque région.

Avec la crise, nous avons dû nous adapter au niveau des formations et proposer une formule 100 % digitale. Pour l’instant, nous allons garder ce concept étant donné que le contexte ne permet pas de faire autrement.

À long terme, nous pensons bien évidemment, à la création des filiales dans chaque DOM-TOM et Collectivité. Peut-être que les élèves auront l’opportunité de faire des échanges dans une autre filiale de l’école, afin de les faire connaître d’autres départements ultramarins.

Souvent, l’étudiant se sent contrarié de devoir partir dans l’Hexagone par manque d’option sur place. Je pense qu’en créant des immersions ultramarines, cela donnerait l’opportunité aux élèves de mieux comprendre la situation économique et politique de tous les départements d’Outre-mer et de proposer des solutions de développement local. 

Footballeurs

En ce qui concerne l’enseignement supérieur, vous êtes-vous senti soutenu par les dispositifs locaux ? 

J’ai décidé de rester en Guyane après le bac car je n’étais pas bien renseigné sur les études supérieures en métropole. À mon époque, il y avait un manque d’accompagnement pédagogique, or à cet âge, c’est le moment où nous en avons le plus besoin.

« Les seuls renseignements sur les études supérieures visaient les métiers « traditionnels » du type avocat, médecine, ingénierie… »

Je pense qu’il faut innover et donner l’opportunité à tout type de profil. La Guyane est petite, mais elle a un grand potentiel sur le marché grâce à son placement géographique et son milieu cosmopolite.

D’un côté, il existe une crainte de « perdre les bons élèves », ce qui est totalement contradictoire : si l’étudiant veut poursuivre en Master, il est généralement obligé de partir ailleurs pour continuer ses études.

Mon conseil à ces étudiants serait de poursuivre leur voie, de partir si cela est nécessaire, mais de ne pas oublier que toutes les compétences acquises ailleurs seront plus intéressantes à développer dans une région qu’ils connaissent déjà.

« Il faut repenser les formations qui sont proposées localement : sont-elles adaptées aux étudiants ? Donnent-elles des opportunités dans un marché caribéen ? »

Ce sont les questions que je me suis posées avant de fonder mon école de sport business.

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