Fédérer les professionnels guyanais autour de la production agricole et encourager la consommation locale. Rencontre avec l’IFIVEG, Interprofession des filières végétales de Guyane. – Photo Mathieu Delmer

Pouvez-vous nous présenter l’IFIVEG ? 

Gilles SANCHEZ, président de l’IFIVEG : L’IFIVEG a été créée en 2012 pour valoriser la production locale et pour développer les filières végétales de la Guyane.  C’est une association interprofessionnelle avec 18 adhérents, de la production à la commercialisation.

« Nous regroupons les associations de producteurs et coopératives, les agro-transformateurs, les agro-fournisseurs, le négoce, les distributeurs et la restauration hors domicile. »

L’IFIVEG représente les professionnels des filières végétales auprès des pouvoirs publics et des collectivités, comme la Direction Générale des Territoires et de la Mer (DGTM) et la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG). 

D’autres organisations nationales, telles que Légumes de France, collaborent avec nous afin de construire une stratégie commune qui consolide les productions végétales sur le territoire.

Pour répondre à la demande des consommateurs, l’IFIVEG coordonne des études et met en place des projets pour permettre aux producteurs locaux de produire plus et mieux.

Agriculteurs - Interprofession des Filières Végétales - Guyane

Quel état des lieux pouvons-nous faire des filières végétales en Guyane ? 

La production guyanaise en fruits et légumes est estimée à 30 000 tonnes par an, dont la majorité est commercialisée sur les marchés. Plus de 5000 agriculteurs produisent des fruits et légumes sur le territoire.

Pour réaliser les travaux des champs, les exploitants agricoles font généralement appel à une main d’œuvre familiale et ont des difficultés à trouver de la main d’œuvre qualifiée pour les opérations techniques.

« Nous travaillons actuellement à la mise en place de groupements d’employeurs pour permettre aux agriculteurs d’avoir des salariés qualifiés, selon leurs besoins. »

De plus, la Guyane a un atout majeur : la diversité de ses productions. L’histoire agricole guyanaise des 30 dernières années a montré les difficultés à pérenniser des collectifs d’agriculteurs, c’est pourquoi nous sommes convaincus qu’il est nécessaire de prendre le temps d’accompagner les agriculteurs motivés et ayant un réel projet en commun.

Nous sommes là pour les accompagner, mais nous ne pouvons agir seuls : les agriculteurs guyanais ont besoin de techniciens sur le terrain afin d’améliorer les itinéraires techniques.

« Nous travaillons également à l’installation d’une antenne du CTIFL (Centre technique interprofessionnel des Fruits et Légumes) en Guyane, une réelle chance pour la Guyane. »

Les expérimentations permettront d’augmenter les connaissances techniques des agriculteurs. Ne l’oublions pas, nous sommes sur un territoire avec des conditions pédo-climatiques particulières, il est nécessaire de travailler avec ces paramètres.

Vous avez mis en place une charte de l’interprofession, quelles sont vos valeurs ?

Cette charte a permis, en temps de crise, de mettre en avant l’achat des produits locaux par les professionnels de la distribution, de trouver de nouvelles formes de commercialisation et de sécuriser les revenus des agriculteurs, sans pour autant augmenter les prix des produits.

C’est un engagement entre l’IFIVEG et les Grandes et Moyennes Surfaces, qui doit permettre de développer la production locale. Mais il est important aussi de communiquer auprès des consommateurs.

C’est pourquoi, nous organisons des animations dans les GMS et les restaurants, avec des supports de communication adaptés comme : des fiches recettes, des calendriers de saisonnalité ou encore, des affiches pour les supermarchés.  

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À l’heure de la pandémie, quels enjeux rencontre l’IFIVEG ? 

Pour l’IFIVEG, l’année 2020 n’a pas été facile. Le confinement, suivi par une saison des pluies très marquée – qui a entrainé des grandes pertes aux champs – a ralenti certains projets, mais nous sommes d’autant plus motivés pour 2021.

« Malgré cette année compliquée, trois associations de producteurs ont été créées pendant cette période, ce qui montre l’intérêt des démarches collectives pendant les périodes difficiles. »

Nous saluons l’effort collectif qui a été fourni, par les producteurs, les supermarchés, les collectivités et l’État. Mais nous devons continuer nos efforts, car aujourd’hui nous sommes face à de vraies problématiques de souveraineté alimentaire sur le territoire :

  • Nous avons besoin de sécuriser la production, en quantité et en qualité, toute l’année pour les consommateurs. Pour cela, nous travaillons à la structuration des filières végétales, nous aidons à la professionnalisation des acteurs sur le territoire.
  • Un autre axe de travail de notre association est la mise en place de la labélisation RUP (Régions Ultra Périphériques) des fruits et légumes afin de répondre aux objectifs de la loi EGalim (2018) : cette labellisation va permettre aux enfants guyanais de manger à l’école des fruits et légumes locaux de qualité dans les prochaines années. 

Il est nécessaire pour cela de mettre en place des outils de transformation de fruits et légumes. Le Plan de Relance, lancé par l’État, est une opportunité pour investir dans ce type de projet. 

Membres de l'IFIVEG

En début d’année 2021, quel message souhaitez-vous faire passer aux Guyanais et Guyanaises qui vous lisent ? 

Tout d’abord, nous saluons l’engagement des professionnels en faveur de la production locale, même en temps de crise. Nous saluons aussi les consommateurs guyanais, qui valorisent de plus en plus l’agriculture locale en mettant dans leurs caddies des produits de chez eux.

Mais du travail reste à faire pour, encore davantage, sensibiliser les consommateurs. Enfin, nos objectifs à long terme restent les mêmes :

  • Développer tous les circuits de distribution de la production locale
  • Sécuriser les revenus des agriculteurs
  • Organiser et planifier les productions agricoles
  • Répondre à la demande locale

« Les filières végétales, ce sont des milliers d’emplois directs et indirects ! La production locale guyanaise est riche et diversifiée, c’est une réelle chance pour notre territoire. »

Continuons de la soutenir, en consommant des fruits et légumes locaux autant que possible. De la fourche à la fourchette, soutenons nos professionnels qui œuvrent tous les jours pour l’économie locale et le développement de notre magnifique territoire.

Interprofession des Filières Végétales de Guyane
0694 03 22 00 
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