Projet de territoire. Faire de la Guadeloupe le plus grand jardin créole au monde. L’opération est impulsée par l’Union des entreprises. – Photo Lou Denim

UDE-MEDEF Guadeloupe
Jacques Fayel, Tony Morvan

Après plusieurs mois d’attente, l’Union des entreprises de Guadeloupe a présenté en novembre dernier un projet inédit autour du jardin créole pour 2030. Pouvons-nous revenir ensemble sur la genèse du projet ? 

Jacques Fayel, vice-président : Face à la situation inédite des dix derniers mois, nous aurions pu décider de répondre comme à l’accoutumée. Cela aurait consisté à demander des aides à l’État français, à l’Europe et attendre que des subventions tombent pour permettre la fameuse reprise.

Au lieu de cela, nous nous sommes dit qu’il était temps de réfléchir autrement. Il faut savoir que la majorité des entreprises que nous avons accompagnées au cours des derniers mois, ne nous ont pas seulement demandé de travailler sur un plan de relance.

Ce qu’elles nous ont demandé, c’est de porter une vision pérenne pour la Guadeloupe et dans laquelle elles pourraient s’inscrire. C’est à partir de cette problématique nouvelle que nous nous sommes mis à étudier nos potentialités sous un nouveau jour.

En 2030, dans un monde accéléré qui va être davantage confronté à la raréfaction des ressources, il en va de notre responsabilité de travailler sur une vision commune et durable qui rassemble tous les Guadeloupéens autour d’une idée partagée, dès aujourd’hui. 

A lire également
UDE-MEDEF : Faire de la Guadeloupe le plus grand jardin créole
Quel est l’état des lieux de la production locale en Guadeloupe ?
5 initiatives autour du jardin créole à découvrir aux Antilles-Guyane

Le jardin créole n’est pourtant pas une vision économique à proprement dite ? 

Jacques Fayel : C’est une vision sociale, environnementale et… économique. C’est même la définition propre du développement durable.

Cela implique de prendre en compte à la fois les impératifs présents mais aussi ceux du futur, comme la préservation de l’environnement et des ressources naturelles, l’équité sociale, le développement économique ou encore l’attractivité du territoire.

Les entreprises ont donc leur rôle à jouer pour participer à une société et plus globalement à un territoire plus vivable, plus viable et plus équitable. Mais, pour cela, il faut nous rassembler malgré nos disparités.

Vous savez, au-delà d’être chefs d’entreprise, nous sommes avant tout des Guadeloupéens… et des Guadeloupéens qui s’interrogent. Quel héritage voulons-nous laisser aux générations futures ? Quel territoire allons-nous laisser à nos enfants ?

« La vision jardin créole a le mérite de rassembler nos imaginaires communs, la somme de nos savoir-faire, la richesse de notre culture, la spécialisation de nos métiers et la singularité de ce que nous sommes vis-à-vis du monde. »

C’est un appel à mobilisation que vous avez lancé. Par quoi avez-vous commencé ? 

Tony Morvan, vice-président : Nous avons commencé par écouter. Chose que nous aurions dû faire, il y a bien des années. Nous allons écouter car nous devons entendre, non pas les sollicitations, mais bien les problématiques rencontrées par les acteurs sur le terrain.

  • Dire que nous voulons un territoire plus vert, ne rendra pas la Guadeloupe plus verte d’un coup de baguette magique.
  • Dire que nous voulons une île intelligente, ne rendra pas notre territoire forcément plus connecté en un clic.
  • Dire que nous voulons une île plus autonome sur le plan alimentaire ne suffira pas à rendre la Guadeloupe plus souveraine sur le plan de l’agriculture et de l’élevage.

La réalité est bien plus complexe et nous le savons. Comme nous le faisait remonter une filière agricole rencontrée la semaine passée : « s’il suffisait de planter des ignames pour en produire, croyez-moi, ce serait déjà fait. »

Nous devons avoir l’humilité de reconnaître là où nos connaissances s’arrêtent et là où les métiers de terrain doivent prendre la parole. La réalité que nous observons est que les acteurs économiques se connaissent peu et que chaque secteur d’activité a ses spécificités.

« Dialoguer est la première de nos actions. »

UDE-MEDEF
ude-medef.com
FB @uniondesentreprises