Médiateur social du Carbet des Sciences et ambassadeur en Martinique pour l’ONG World CleanUp Day, Sylvian Perrier fait de la reconnexion à la nature une mission de vie. Question de racines.

Un arbre pour pousser a besoin de racines, de les ancrer profondément pour se développer. Et si nous aussi avions besoin de racines pour grandir dans nos vies ?

C’est l’idée défendue par notre coup de cœur du mois. Celui-ci nous appelle en direct du Tombolo de Sainte-Marie. Si le jeune homme se permet cette originalité c’est qu’il met aujourd’hui un point d’honneur à vivre pleinement chaque instant sur cette île, la Martinique, dont il est originaire, mais qu’il ne connaissait pas jusqu’à il y un an.

Rencontre avec Sylvian Perrier, âgé de 25 ans et ambassadeur pour la préservation de la nature. 

A l’origine de son engagement, une expérience mystique 

Pour expliquer ce qui a poussé Sylvian dans cette voie environnementale, il faut remonter à une expérience de vie, ou plutôt un voyage « initiatique » dans la Cordillère des Andes, en un lieu nommé « valle del elqui », au Chili, la vallée de l’elfe.

« Je ne sais pas comment le dire autrement, mais c’est un lieu mystique dont la civilisation est très imprégnée à la fois des valeurs chrétiennes et du respect des forces naturelles ».

Dans cet endroit improbable Sylvian explique s’être construit un nouveau lien à la vie. Silence, nature et méditation lui ont enseigné à « écouter le rythme des choses ». Une histoire sympathique et originale jusqu’ici qui l’a changé intimement.

L’initiative citoyenne, la mission de vie de Sylvian Perrier 

Aujourd’hui Sylvian est ambassadeur en Martinique pour l’ONG World CleanUp Day. Un rôle qui l’amène à mettre en place des partenariats, dans le but d’organiser des opérations de nettoyage de milieu naturel. 4 opérations de nettoyage ont déjà vu le jour, dont une lors de laquelle 5 communes ont participé simultanément.

Au-delà de l’organisation d’opérations de nettoyage, Sylvian souhaite mettre en place l’initiative citoyenne. « Le nettoyage n’appartient à personne et tout le monde peut le faire ». Il ne s’agit pas simplement de rendre un endroit plus agréable à l’œil, mais d’une mission de vie.

« On oublie trop souvent qu’en perdant la nature on perd les hommes avec. J’étais déconnecté de ça avant. »

Valoriser les traditions ancestrales

Au départ, lorsque Sylvian intègre l’ONG, son projet est d’inspirer les jeunes en les reconnectant à la nature. Et si cela passait par autre chose que des travaux pratiques ? Et si on leur parlait plutôt de leurs racines, à ces jeunes ?

Ainsi, notre jeune ambassadeur, dans le cadre d’une mission de 6 mois effectuée avec le Carbet des Sciences, s’est fait médiateur culturel. En intervenant dans les classes de CM1 et CM2 avec pour objectif de transmettre l’histoire précolombienne des Amérindiens.

La mission s’achève en ce mois d’avril 2021, mais cela n’a pas d’importance car un nouveau projet nommé « zamana » (oui, comme l’arbre), l’attend. Le concept est de rétablir une ancienne tradition dont nous aurions hérité de nos ancêtres venus du Bénin et qui consiste à planter un arbre à chaque naissance.

« Selon la tradition on ne plantait pas forcément un arbre, mais le placenta du nouveau-né était versé au pied d’un jeune arbre. Ce geste avait un sens spirituel très fort qui liait d’office la vie d’un individu à celle de la nature. »

Le Diamant, le Prêcheur, Ducos ou encore les Trois-Ilets auraient ainsi déjà prévu de mettre des terrains à disposition. Un projet à la portée symbolique souligne Sylvian :

« Quand, à la naissance tu sais que tu es lié à un arbre, ça peut t’amener à le respecter un peu plus. »

« Cette démarche incite à développer dès le début d’une vie la prise de conscience de ce lien avec la nature et par extension la nourriture et la biodiversité. »

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Retour aux sources

Son lien à lui le rattache à la Martinique, une île qu’il n’avait jamais foulée avant l’année dernière. L’esprit aventurier, le jeune homme avait déjà écumé plusieurs pays, l’Espagne, l’Angleterre, la France, ou encore une bonne partie des pays d’Amérique latine.

Un périple qui prit fin après un mois dans la forêt amazonienne, et suite auquel un certain vide demeurait. Et depuis : la Martinique.

« Je me suis rendu compte que dans chaque voyage je cherchais à me sentir chez moi. »

« Maintenant que je suis ici, j’ai compris beaucoup d’éléments de ma personnalité. Que ce soit dans les interactions avec les gens, la nourriture, la musique ou simplement la nature. Du coup j’ai arrêté de chercher. »

« Je ne sais pas de quoi demain sera fait, mais pour l’instant je suis décidé à construire ici, là où en tant que métisse je me sens chez moi. » Question de racines.

Sylvian Perrier
FB @Sylvian Perrier
IG @sylviansdrop