Économie circulaire. Déployée par Entreprises & Environnement, l’Écologie Industrielle et Territoriale (EIT) travaille à la mise en place d’un système économique plus durable sur le long terme. – Texte Yva Gelin

Coordonnée par Livia Flavien, l’EIT veut repenser toute la chaîne de valeur d’un produit. L’objectif ? Créer des synergies entre un maximum d’acteurs afin de passer d’une économie linéaire à circulaire. Cas pratique avec les vêtements professionnels usagés.

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Traitement des vêtements professionnels usagés, 6 chaînons manquants

C’était le premier atelier à thème de l’EIT, qui s’est tenu cette année. « Ces ateliers sont l’occasion de mettre en place de nouveaux processus de valorisation des ressources du monde économique », explique Livia. « Selon le schéma linéaire habituel, nous produisons, achetons, utilisons, puis jetons. Concrètement, dans le cas du textile professionnel usagé, il serait désormais possible de compléter la chaîne de valeur avec six nouveaux chaînons : renforcement du vêtement dans son usage premier, une étape de tri, de délogotage, de réemploi ou de réutilisation et enfin de valorisation artisanale ou industrielle. »

« Il serait possible de compléter la chaîne de valeur : renforcement du vêtement dans son usage premier, une étape de tri, de délogotage, de réemploi ou de réutilisation et enfin de valorisation artisanale ou industrielle. »

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Penser à l’échelle caribéenne

Comment faire de l’économie circulaire une réalité ? Pour Livia, deux points clefs sont à travailler. En communication d’abord, « il faut pouvoir toucher tous les acteurs concernés par une filière avec par exemple des appels à candidature ». Autre secteur à repenser : les filières de valorisation artisanale ou industrielle de certains déchets. « Il y a un réel besoin de mettre en place des activités de broyage, de déchiquetage ou encore d’effilochage. Cela implique de repenser la taille critique des gisements de déchets non dangereux et de le faire à l’échelle caribéenne », poursuit Livia.

« Il y a un réel besoin de repenser la taille critique des gisements de déchets non dangereux et de le faire à l’échelle caribéenne. »

En effet, chaque île ne produit pas de gisement suffisant pour alimenter et rentabiliser certaines filières. En revanche, mutualiser la gestion des déchets à l’échelle caribéenne, en réduisant le voyage de nos déchets qui sont d’ordinaire envoyés en France, minimiserait l’impact carbone tout en développant les liens inter-îles. « Cela demande une vision stratégique partagée où nos collectivités vont accompagner des projets de valorisation à l’échelle de la Caraïbe », conclut la chargée de mission.

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Faire se rencontrer l’offre et la demande 

« Créer une synergie, c’est un peu comme aux enchères. C’est la rencontre d’une offre et d’une demande qui passe de l’idée à la concrétisation », explique Livia. Le processus de création d’une synergie implique ainsi la mise en relation de deux ou plusieurs acteurs sur un projet de valorisation. Une « pédagogie pratique et pragmatique » qui, comme elle l’explique, a permis de proposer une quarantaine de synergies entre les 12 acteurs présents lors de l’atelier sur la valorisation des vêtements professionnels usagés.

« Il y a une grande importation de tissu en Martinique pour les torchons alors que nous disposons largement de la ressource suffisante pour que la boucle soit bouclée. »

Parmi eux, une des utilisatrices a ainsi fait la demande pour que les vêtements des salariés de son entreprise soient consolidés avant utilisation. Concernant le réemploi et la réutilisation, les synergies proposées faciliteraient la mise en place d’activités nouvelles dont l’écodesign, à partir desquelles des bijoux seraient par exemple fabriqués avec des tissus usagés. « Il y a aussi une grande importation de tissu en Martinique pour les torchons par exemple alors que nous disposons largement de la ressource suffisante pour que la boucle soit bouclée. »

Cet exemple du traitement et de la valorisation des vêtements professionnels usagés peut s’appliquer à tous les secteurs de l’artisanat ou de l’industrie, à la condition que les acteurs s’accordent sur le partage effectif de leurs ressources et besoins. À bon entendeur !

Association Entreprise & Environnement
Livia Flavien
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