Qualité et quantité. Comment mieux alimenter le marché local des fruits et légumes afin de tendre vers l’autosuffisance et la sécurité alimentaire ? La stratégie de l’IGUAFLHOR est claire : produire plus, plus régulièrement et mieux couvrir le marché.Texte Audrey Juge

Aujourd’hui, les adhérents de l’IGUAFLHOR, des familles de la production et de l’agro-transformation, dont les principaux clients pour le gros ou semi-gros sont les GMS, les collectivités locales ou la restauration hors-foyer, font face à de nombreuses problématiques.

« En Guadeloupe, la filière fruits et légumes est confrontée à de multiples circuits informels de production et de vente, néfastes pour sa structuration et la régulation du marché. D’autre part, elle subit des importations de pays de la Caraïbe respectant des normes réglementaires moins strictes que les normes européennes, sur l’utilisation de produits phytosanitaires notamment et avec un coût de main d’œuvre bien plus bas qu’ici. On ne peut pas rivaliser ! » s’indigne Tony Mohamedaly, nouveau Président de l’IGUAFLHOR. Un constat affligeant, mais qui ne décourage pas l’interprofession, bien au contraire !

Choux - Iguaflhor

Les responsables de l’IGUAFLHOR ont réfléchi à une stratégie à moyen terme qui présente une série d’actions structurantes et complémentaires, visant à produire d’avantage et plus régulièrement des fruits et légumes de qualité, pour alimenter le marché en frais et fournir les agro-transformateurs, tout en régulant ce marché.

« La production en qualité et en quantité : c’est la clé de l’autosuffisance et la sécurité
alimentaire de la Guadeloupe ».

La création d’une plateforme logistique…

Avec plus de 330 points de vente recensés en 2019 et une tendance grandissante des consommateurs à favoriser les commerces de proximité, il est apparu pertinent de créer une plateforme logistique, commune avec les professionnels de l’élevage, afin de centraliser une partie de la production et mieux la redistribuer vers un maximum de points de vente. Elle permettra en parallèle d’approcher plus facilement d’autres acteurs comme les CHR (cafés, hôtels, restaurants) mais aussi facilitera la mutualisation des moyens logistiques pour les livraisons notamment.

Une étude, cofinancée par France Relance et le Conseil Régional de Guadeloupe, permettra d’évaluer, en 2022, la faisabilité de cette plateforme.

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…et d’une marque collective

Afin de démarquer les fruits et légumes issus des Organisations de Producteurs (OP) et rassurer les consommateurs quant à l’origine des produits et leur non dangerosité face à la problématique de la chlordécone et des résidus de pesticides, l’IGUAFLHOR travaille depuis 2021 sur la création d’une marque collective. « Cette marque garantira la provenance locale des produits, la sécurité alimentaire et sera ouverte à tous les producteurs, appartenant ou non à une OP, qui pourront en respecter le cahier des charges », explique Tony Mohamedaly. Un effort prévu sur 3 ans, financé par le Plan Chlordécone IV et France Relance.

« L’IGUAFLHOR souhaite, en lien avec l’IT2 (Institut Technique Tropical), mener un travail de recherche et d’expérimentation de variétés plus résistantes et mieux adaptées à notre territoire. »

Un travail technique

Pour répondre aux problématiques d’aléas climatiques plus fréquents et d’irrigation aléatoire, « L’IGUAFLHOR souhaite, en lien avec l’IT2 (Institut Technique Tropical), mener un travail de recherche et d’expérimentation de variétés plus résistantes et mieux adaptées à notre territoire. De plus, nous allons discuter avec les différents acteurs de l’irrigation pour trouver des solutions concrètes. Ces deux chantiers sont essentiels pour pouvoir produire régulièrement des fruits et légumes de qualité pour la population ». Tony Mohamedaly ajoute : « nous restons en veille sur les pratiques dans d’autres territoires ultramarins, comme la Réunion, avec lesquels nous avons des problématiques communes ».

Les projets d’expérimentation et l’acquisition d’agroéquipements pourront bénéficier de la mobilisation du Réseau d’Innovation et de Transfert Agricole (RITA), de financements locaux, du FEADER et de France Relance.

Pitaya - Iguaflhor

Une réflexion sur le POSEI

L’IGUAFLHOR continue de structurer la filière via les OP existantes notamment en « travaillant sur le POSEI (Programme d’Options Spécifiques à l’Éloignement et à l’Insularité) en faveur des productions de fruits et légumes. « Ces aides doivent être plus facilement accessibles, notamment à travers un paiement plus rapide. Cela permettrait d’augmenter l’attractivité des OP ».

Tony Mohamedaly confirme : « l’IGUAFLHOR travaille main dans la main avec les OP et les agro-transformateurs pour garantir aux consommateurs guadeloupéens la sécurité alimentaire et tendre vers l’autosuffisance de l’archipel en fruits et légumes. La production, en qualité et en quantité, c’est la clé ! ».

C’est quoi l’Institut technique tropical ou IT2 ?
Réponse de Marcus Hery, Directeur. 
“Le cœur de métier de l’IT2 est l’innovation et la recherche au service du monde végétal. Nos programmes sont basés principalement sur la demande des professionnels locaux de l’agriculture et sont essentiellement en lien avec l’adaptation des végétaux aux changements climatiques. Nous expérimentons des variétés plus tolérantes et résistantes, faisons des associations de cultures afin de trouver des alternatives qui permettent d’avoir des végétaux en bonne santé et une production qui soit économiquement rentable, pour tendre vers l’autonomie alimentaire du territoire.”

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