Soins. Avec pour horizon la création d’un CHRU guyanais d’ici à 2025, l’Agence régionale de santé accompagne les porteurs de projets de formations paramédicales et médicales. Texte Sandrine Chopot

Quels sont les métiers paramédicaux en tension sur le territoire ? 

Corinne Chong Sit, conseillère technique et pédagogique : En Guyane, tous les métiers paramédicaux sont en tension mais à des degrés différents. Nous manquons principalement d’infirmiers mais aussi de kinésithérapeutes, ergothérapeutes, orthophonistes. De nombreux postes sont vacants dans les hôpitaux et les cabinets installés en libéral n’arrivent plus à prendre en charge de nouveaux patients.

Concernant le médico technique, et notamment les techniciens de laboratoire, le secteur n’est pas en forte tension mais il est important de rester vigilant au développement de l’offre de soins car la Guyane est un territoire qui connait une forte croissance démographique. Concernant la filière aide-soignante et auxiliaire de puériculture, 80 personnes sont formées par an. C’est un secteur qui se porte assez bien.

« De nombreux postes sont vacants dans les hôpitaux et les cabinets installés en libéral n’arrivent plus à prendre en charge de nouveaux patients. »

Quelles sont les formations qui existent sur le territoire ? 

Avant 2019, la Guyane disposait de deux instituts de formation paramédicale, un privé et un public sur Cayenne et Saint-Laurent-du-Maroni. Ces derniers dispensaient les formations d’infirmier, infirmier de bloc opératoire, cadre de santé, aide-soignant, puéricultrice et auxiliaire de puériculture.

Depuis 2021, en partenariat avec l’Éducation nationale, 2 nouvelles formations ont démarré en local : manipulateur en électro radiologie (Campus St Denis à Cayenne) et le BTS bio analyse et contrôle (BIOAC) au lycée Félix Éboué à Cayenne qui permet d’exercer en qualité de technicien de laboratoire.

Par ailleurs, le GRETA de Cayenne propose le brevet de préparateur en pharmacie. La spécialisation de préparateur en pharmacie hospitalière est en place depuis septembre 2021 en Guyane, seule offre aux Antilles-Guyane. Existe également la formation d’auxiliaire ambulancier qui ne requiert aucun niveau d’étude et celle d’ambulancier qui permet d’accéder à un diplôme d’état. Les formations d’auxiliaire de puériculture et d’aide-soignant sont également dispensées à Saint-Laurent-du-Maroni et un institut infirmier devrait ouvrir à la rentrée prochaine.

« La spécialisation de préparateur en pharmacie hospitalière est en place depuis septembre 2021 en Guyane, seule offre aux Antilles-Guyane. »

Sur le site de l’Université, l’ouverture du Pôle de formation universitaire en santé intégrant des formations paramédicales est prévue à l’horizon 2024. D’une promotion de 100 infirmiers par an, nous devrions passer à 200 dont des infirmiers en pratique avancée (IPA) et spécialisés. Les formations manipulateurs radio et kinésithérapeutes seront également intégrées. Un centre de simulation de 600 m2 dédié aux techniques modernes de pédagogie devrait voir le jour.

Afin de permettre au plus grand nombre l’accès à ces formations, des aides financières sont proposées notamment par la CTG ou Pôle emploi avec, en particulier, selon le type de formation, le développement du recours à l’apprentissage. 

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Ces formations génèrent-elles de l’emploi local ? 

Tous les professionnels paramédicaux ont un emploi après leur formation que ce soit dans le public, le privé, en libéral. C’est du 100 %. 

« Le projet du Département de Formation et de Recherche Santé de Guyane est de proposer aux étudiants en médecine un 1er cycle complet sur le territoire d’ici à 2024. »

Qu’en est-il de la formation médicale en Guyane ?

Audrey Mondor, chargée de mission internat, attractivité, universitarisation : Les étudiants ont la possibilité de réaliser la 1ère année de médecine « PASS-LAS » en Guyane, puis ils poursuivent leur cursus aux Antilles où 25 places leur sont réservées. Ils peuvent aussi intégrer l’école de sage-femme (6 places) et l’école de kinésithérapeute (1 place) de Martinique. Dans l’Hexagone, 4 places sont réservées à l’université de Bordeaux pour la pharmacie, 3 en odontologie à Nantes.

Le projet du Département de Formation et de Recherche Santé de Guyane est de proposer aux étudiants en médecine un 1er cycle complet sur le territoire d’ici à 2024. Par ailleurs, avec plusieurs acteurs de la santé, nous réfléchissons à l’opportunité d’ouvrir une école de sage-femme sur le territoire. Enfin, en complément d’un cursus, des diplômes universitaires (DU) spécifiques au territoire sont proposés : diabétologie, médecine tropicale, médiation santé, pédiatrie tropicale, médecine d’urgence en milieu isolé… 

« Des diplômes universitaires (DU) spécifiques au territoire sont proposés : diabétologie, médecine tropicale, médiation santé, pédiatrie tropicale, médecine d’urgence en milieu isolé… »

Quels sont les dispositifs d’attractivité pour les étudiants formés ou en cours de formation dans le domaine médical et paramédical ? 

Nous observons une augmentation du nombre des internes sur le territoire. Nous avons mis en place un accueil semestriel convivial afin de leur permettre de rencontrer leurs interlocuteurs institutionnels et de découvrir le territoire, en lien avec le Comité du tourisme de Guyane. Nous travaillons avec le Rectorat et le CROUS pour trouver des solutions en termes d’hébergements, et avec LADOM pour les frais de mobilité.

Dès le 2ème cycle de médecine, dans le cadre du contrat d’engagement de service public, l’étudiant peut bénéficier d’une allocation de 1 200 euros par mois en contrepartie d’un engagement d’exercer en zone sous-dense. La Guyane est une terre d’opportunités pour les métiers de la santé !

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