Période critique dans la création d’entreprise, souvent liée à la transition entre une innovation et sa mise sur le marché, la « vallée de la mort » peut mettre en péril la pérennité des entreprises. Aux Antilles-Guyane, notamment, 90 % des entreprises sont de très petites entreprises voire des micro-entreprises montées par des personnes qui créent leur propre emploi, avec un véritable enjeu de survie de leur activité. Voici quelques conseils pour traverser ce temps de crise entrepreneurial… et en sortir. (Texte Amandine Ascensio)

1. Savoir qu’on ne peut pas l’éviter

Cette période se présente entre le moment où on lance son produit et le moment où l’activité décolle. « Il faut savoir l’identifier pour tenter de maîtriser la période où elle va arriver », indique Éric Tessane, président d’Avant-Garde Outre-mer, une société de services informatiques. « Lorsqu’on lance un produit, on a tout de suite des coûts de production, des fournisseurs à payer, mais pas encore de chiffre d’affaires et notre trésorerie peut vite fondre », ajoute-t-il.

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2. Anticiper ses besoins de trésorerie

« En création d’entreprise, la trésorerie est fragile », rappelle Éric Tessanne. « Si on devait faire une analogie avec le désert, il s’agirait d’évaluer la distance à parcourir pour savoir de quelle quantité d’eau on aura besoin. » La vallée de la mort, c’est aussi, selon lui, le moment où des “Business Angels” peuvent intervenir. « L’idéal, c’est d’avoir une bonne visibilité sur la conquête de son marché : quand on est au fond de la vallée de la mort, c’est souvent le moment où l’entreprise décolle et où il faut accompagner sa croissance et donc bien maîtriser sa trésorerie… Ou, au contraire, c’est le moment où on va devoir déposer le bilan. »

3. Être bien accompagné

À l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie), on milite pour que toute personne qui le souhaite puisse entreprendre. Et pour assurer la pérennité des sociétés créées, Jérôme Trinelle, le directeur régional Antilles-Guyane recommande d’avoir le “bon accompagnement” notamment sur les sujets financiers : « Il s’agit, par exemple, de ne pas se faire vendre des assurances inadaptées, mais de les choisir pertinemment ». Mais c’est aussi, pour conserver la maîtrise de sa trésorerie, obtenir des financements adaptés, issus d’une banque, d’un business angel ou de structures comme l’Adie.

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4. Commencer petit, être réaliste sur son activité

« Parfois, il vaut mieux développer son activité de façon progressive », indique Jérôme Trinelle, « quitte à différer des investissements ». En effet, il s’agit de trouver le bon équilibre entre ses sorties d’argent et son chiffre d’affaires. Et si avoir un budget prévisionnel ambitieux est un moyen de se donner des objectifs, il est préférable de rester réaliste sur le marché dans lequel on évolue, surtout en fonction du contexte. « Il est parfois possible de tester son activité avant de se lancer », rappelle Jérôme Trinelle, avec des structures comme Edéa, en Martinique, qui permettent de lancer une activité en utilisant le numéro de Siret de la structure par exemple.

5. Se faire confiance

La vallée de la mort est une période qui peut être anxiogène et durant laquelle de nombreux experts peuvent répondre à des interrogations. « Mais il reste que c’est le chef d’entreprise qui est le meilleur expert de son activité ou de son projet », affirme Jérôme Trinelle. Par exemple, si un expert-comptable est un excellent partenaire, c’est le porteur ou la porteuse de projet qui connaît le mieux son secteur d’activité : les fournisseurs, la concurrence, le contexte du marché, etc. « Il faut se faire confiance », martèle-t-il, bien qu’il faille parfois rester prudent : un gros coup commercial n’est pas le signe d’une pérennité de l’entreprise, celle-ci dépend bien de nombreux facteurs.