Attractivité. “Recenser les outils des entreprises locales pour faire découvrir l’île autrement”, c’est l’ambition du plan “Destination France” opéré par la Préfecture et la DAC (Direction des Affaires Culturelles de la Martinique), basé sur le tourisme de savoir-faire. Explications. (Texte Stacy Top, Photo Jean-Albert Coopmann)

Revaloriser les savoir-faire par le tourisme

Après une crise sanitaire éprouvante en tous points et pour pallier l’important ralentissement de l’activité touristique, la France s’inscrit maintenant dans une démarche de « renouveau ». Partir en vacances à l’étranger, pourquoi pas, mais une autre alternative est d’explorer les régions de France à travers leurs différents savoir-faire d’excellence. La Direction Générale des Entreprises (DGE-Ministère des Finances) a pour cela lancé l’appel à projet national « Fonds Destination France » visant à développer, structurer et promouvoir la filière du tourisme de savoir-faire à l’échelle nationale.

« A partir de décembre, seront recensées toutes les entreprises locales qui pourraient développer un volet touristique. »

L’association loi 1901, « Entreprise et Découverte » a remporté l’appel à projet et pilote les initiatives depuis maintenant trois ans, à l’aide de ses nombreux partenaires publics et privés. Parmi les 11 régions de France concernées, la Martinique est la première en Outre-mer à mettre en œuvre ce projet. En 2021, l’île a subi une diminution fulgurante de 41 % de sa fréquentation touristique (source : INSEE) et l’heure est à la relance. Xavier Colnard, de l’association « Karib’Cultur », a été désigné comme représentant local d’« Entreprise et Découverte » pour développer un plan d’actions sur l’île. Avec le soutien de la Direction des Affaires Culturelles de la Martinique (DAC), il recensera dès décembre toutes les entreprises locales aux savoir-faire d’excellence qui ont, ou pourraient développer un volet touristique. Et si on découvrait l’île aux fleurs, par exemple, en visitant l’atelier d’un charpentier de yole ? 

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Portes ouvertes : le principe du tourisme de savoir-faire

Le tourisme des savoir-faire est une fenêtre sur les activités des entreprises emblématiques d’une région. Qu’il s’agisse d’agriculture, d’agro-transformation, d’artisanat, de gastronomie, de cosmétique, de technologie ou d’arts, les entreprises éligibles peuvent bénéficier du label « Entreprise du Patrimoine Vivant » (EPV), un gage de qualité créé en 2005. Cette marque de reconnaissance de l’État distingue les entreprises françaises aux savoir-faire exceptionnels et leur apporte une visibilité accrue au niveau national et international. « Les distilleries ont beaucoup d’avance dans ce domaine, en plus de leur production et de leur savoir-faire, elles ont presque toutes un circuit d’accueil permettant aux touristes de découvrir leurs activités. Près de 1 400 entreprises sont labellisées en France, représentant 63 000 emplois et 14 milliards d’euros par an, pourtant nous n’en comptons qu’une en Martinique, il s’agit de la Distillerie Neisson. La première étape de ce “Programme de développement du tourisme de savoir-faire” consistera à identifier toutes les entreprises qui pourraient également prétendre à l’obtention du label EPV ». Selon Xavier Colnard, les carrières de Saint-Pierre, les Frères Lauzéa et leur chocolat d’excellence, les ébénistes/menuisiers ou les producteurs de cacao local sont quelques exemples de notre savoir-faire martiniquais ; des candidats à haut potentiel pour cette labellisation. 

« L’étape de recensement sera suivie d’un temps de réflexion et d’élaboration d’un plan d’actions concret qui permettra de développer l’activité touristique des entreprises identifiées. »

Des perspectives futures pour l’emploi

L’étape de recensement sera suivie d’un temps de réflexion et d’élaboration d’un plan d’actions concret qui permettra de développer l’activité touristique des entreprises identifiées. « La DAC met un point d’honneur à valoriser le tourisme culturel avec les métiers d’art, mais aussi à faire découvrir notamment à la jeunesse martiniquaise les métiers de la filière et leur richesse avec des campagnes de communication ciblées. » En effet, en plus de diversifier l’offre touristique, le tourisme de savoir-faire représente de belles opportunités d’emploi au sein d’une île touchée par 31 % de chômage chez les jeunes en 2021 (source : INSEE). Un comité de pilotage local composé de représentants de l’État, de la Région Martinique, d’organismes consulaires et des entreprises recensées permettra de superviser les avancées. Les partenaires et financeurs tels que le Secrétariat Général aux Affaires Régionales de Martinique (SGAR) seront également présents à la table. Par la suite, les structures labellisées pourraient entre autres bénéficier de financements pour développer leur ouverture aux touristes nationaux et internationaux. Elles pourraient également figurer sur le site d’Entreprise et Découverte aux côtés de 2 000 structures françaises reconnues pour leur circuit touristique en entreprise. « La mise en œuvre de ces initiatives de développement territorial en Martinique ouvriront la porte, espérons-le, aux autres régions de la Caraïbe française. »

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