Mobilisée dans l’atteinte des objectifs d’autonomie énergétique à l’horizon 2030, Voltalia Guyane travaille au développement d’un mix énergétique équilibré proposant des alternatives décarbonées adaptées au territoire. Le point avec son directeur Gautier Le Maux, Pierre Lestienne, directeur développement et Laetitia Samson-Emmanuel, responsable ressources humaines de Voltalia Guyane.

Texte Sandrine Chopot – Photo Mathieu Delmer

Notre plus grand défi n’est pas financier ou technologique, il est Humain !

Gautier Le Maux, directeur Voltalia Guyane

Quel est le plan stratégique de Voltalia Guyane pour les années à venir ?

Nous voulons continuer à initier de beaux projets qui font sens pour le territoire, les usagers et nos collaborateurs. Notre tâche consiste à développer, construire et exploiter plusieurs centrales valorisant les énergies de la nature disponibles en fonction de leurs emplacements tout en ayant un impact positif pour le climat et le territoire. Ce sont, par exemple, la biomasse au lac de Petit Saut, la force de la rivière Inini près de Maripasoula ou le très bon ensoleillement dans l’ouest. Sans oublier de nouveaux dispositifs de stockage d’électricité, comme notre batterie à Mana, qui soutient le réseau EDF et évite plusieurs blackouts par an.

Des projets innovants à nous présenter ?

Je pense immédiatement au pôle bois de Petit Saut. Non loin du barrage, nous allons bientôt construire les infrastructures qui permettront de récolter une partie des bois (moins de la moitié) immergés dans le lac, de scier le bois d’œuvre ainsi récolté et de produire de l’électricité en valorisant les résidus de cette activité. C’est une innovation majeure que d’exploiter du bois déjà mort, sous l’eau. Sans compter que les espaces ainsi libérés à la surface du lac permettront de nouveaux usages.

Comment sont financés ces projets ?

Les projets renouvelables requièrent beaucoup de capitaux. Nous faisons systématiquement appel aux financements par dette bancaire auprès d’établissements régionaux et nationaux. Le mois dernier, nous avons bouclé notre premier financement participatif en Guyane pour un projet solaire avec batteries à Mana. Ce sont des citoyens guyanais qui ont investi plus de 500 000 euros dans le projet pour être associés aux bénéfices à venir. Ce type d’outil devrait à mon sens être plus répandu, pour rendre ces projets industriels plus inclusifs.

Voltalia, une entreprise qui recrute ?

Notre plus grand défi n’est pas financier ou technologique, il est Humain ! Nous avons beaucoup travaillé récemment sur la marque employeur, nos métiers, notre statut d’entreprise « à Mission » (démarche RSE) afin de provoquer les bonnes rencontres, recruter et pérenniser les talents dont nous avons besoin (90 recrutements dans les années à venir).

En ce début d’année, quel(s) message(s) souhaitez-vous adresser aux guyanais ?

Le contexte géopolitique a des impacts chez nous aussi : la hausse des prix de l’énergie et des autres commodités – notamment agricoles – menace la résilience du territoire. Notre vulnérabilité liée à l’importation de carburant pour l’énergie et les transports doit devenir un moteur d’évolution du mix énergétique guyanais. Les énergies localement produites confortent l’emploi et l’économie guyanaise, avec un impact carbone et une compétitivité tarifaire avantageux. Nos voitures rouleront un jour « au soleil de Guyane ». Alors, on la branche où la prise de conscience ?!

En chiffres
Voltalia est née en Guyane en 2005. La société emploie + de 1 400 collaborateurs basés dans 20 pays. En Guyane, ce sont bientôt 60 personnes qui œuvreront quotidiennement pour fournir près de 10 % de l’électricité du littoral guyanais.

Et selon vous Pierre Lestienne, comment est organisé le développement de projet au sein de Voltalia ?

Voltalia Guyane
Un métier passionnant, à la hauteur de l’enjeu ! – Pierre Lestienne, directeur développement Voltalia Guyane – Credit Photo Mathieu Delmer

C’est une équipe dédiée à cette activité, avec six chefs de projets développement en Guyane. Chacun conduit plusieurs projets sur le territoire, ce qui va de leur genèse jusqu’au lancement de la construction.

Quels types de compétences sont nécessaires chez Voltalia Guyane ?

C’est un métier particulièrement riche et formateur. Nous avons la chance de développer des projets dans un territoire où les sources d’énergies renouvelables sont abondantes ; je pense notamment à l’eau, au soleil ou aux déchets de bois. Les développeurs travaillent donc sur des projets très variés. Chacun raconte une histoire différente ! En termes de compétences, le métier est d’une diversité exceptionnelle : prospection et négociation foncière, dimensionnement et design technique, autorisations administratives, construction du business plan, sélection des fournisseurs, vision stratégique et politique, etc.

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Nous co-construisons des projets qui ont pour vocation de rendre les meilleurs services à la Guyane

Pierre Lestienne, directeur développement Voltalia Guyane

Les chefs de projet développement sont confrontés à beaucoup d’interlocuteurs ?

Effectivement, vous pouvez discuter dans la même journée avec des archéologues, l’unité biodiversité des services de l’État, le maire d’une commune ou un fournisseur de turbines hydrauliques. À ce sujet, il est essentiel de bien comprendre que nous ne développons pas dans notre coin des projets Voltalia. Nous co-construisons avec les différents acteurs du territoire des projets qui ont pour vocation de rendre les meilleurs services à la Guyane. Les chefs de projet en ont bien conscience. Une des clés de notre métier est de développer une relation de confiance réciproque avec l’ensemble des parties prenantes du territoire.

D’après vous, qu’est-ce qui pousse les membres de votre équipe à venir travailler chaque matin ?

Nous avons récemment construit en équipe notre vision pour les années à venir. Un des enseignements principaux de cet atelier a été la volonté de donner encore plus de poids à la raison d’être de Voltalia : « Améliorer l’environnement mondial, favoriser le développement local ». Cela montre bien que chacun dans l’équipe est à la recherche de sens. Notre principale motivation, c’est de participer à la transition écologique, notamment en réduisant les émissions de CO2 du territoire, en contribuant à atteindre l’objectif d’autonomie énergétique de la Guyane, en offrant un meilleur confort de fourniture d’électricité à la population et en étant acteur du développement local.

Retour sur notre discussion avec Laetitia Samson-Emmanuel, responsable ressources humaines de Voltalia Guyane, qui interroge l’entreprise comme nouveau modèle d’attractivité

Voltalia Guyane
Laetitia Samson-Emmanuel, responsable ressources humaines de Voltalia Guyane – Credit Photo Mathieu Delmer

Une campagne de recrutement sera bien lancée prochainement dans les communes de Sinnamary et Kourou

Laetitia Samson-Emmanuel, responsable ressources humaines de Voltalia Guyane

Quels sont les métiers de Voltalia en Guyane ?

À l’échelle du Groupe Voltalia, la Guyane est un territoire très riche grâce à la diversité de nos activités et des compétences et métiers nécessaires. Ainsi, nous employons dans les métiers du développement (prospecteurs, ingénieurs), dans ceux de la construction (gestionnaires de contrats, responsables de chantier), et aussi pour toutes les fonctions centrales associées (office management, juriste, comptable, communication, logistique…). L’équipe d’Exploitation et de maintenance, qui concentre la majorité des besoins actuels et à venir, est essentielle pour l‘activité de nos centrales : techniciens, opérateurs et ingénieurs. Plusieurs filières de formation adaptées à la demande grandissante sont particulièrement prisées en Guyane, avec un emploi pérenne à la clé dès la sortie de formation.

Quelles actions menez-vous pour la formation locale ?

Voltalia œuvre constamment dans l’accompagnement des jeunes guyanais tout au long de leur formation. Nous accueillons plusieurs alternants dans le cadre de leur formation académique, notamment avec l’IUT de Kourou ou l’Université de Guyane (UG). Nous accompagnons aussi depuis 3 ans un étudiant-chercheur dans le cadre de sa thèse doctorale qu’il réalise à l’UG. Très régulièrement sollicités, nous intervenons également dans les établissements pour présenter les métiers et filières de la production d’énergies renouvelables comme au Lycée Lama Prévot ou le Lycée d’enseignement professionnel de Balata ou encore Gaston Monnerville de Kourou. Les enseignants bénéficient eux aussi de sessions dédiées avec des visites de sites. Par ailleurs, nous avons fait don de matériel industriel au lycée Jean-Marie Michotte pour des travaux pratiques. En parallèle, plusieurs collaborateurs s’investissent dans la formation par le biais de vacations tant au Master Énergie de l’UG qu’à l’IUT. Cela fait écho à l’accompagnement des étudiants dans le cadre de projets tutorés par nos chefs de projets.

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Quels sont les besoins à venir pour Voltalia Guyane ?

Compte tenu des centrales actuellement en exploitation et à venir, les besoins de recrutement sont importants et variés. Par exemple, avec Triton, notre filiale dédiée au projet biomasse de Petit-Saut, nous travaillons sur un large plan de recrutement de métiers liés à cette activité nouvelle : techniciens de maintenance, opérateurs d’engins, métiers forestiers… Dans ce cadre, nous mettons en place une formation dédiée avec le Campus des métiers et des qualifications d’excellence, en partenariat avec la CTG. Une campagne de recrutement sera bien évidemment lancée prochainement dans les communes de Sinnamary et Kourou pour privilégier l’emploi local. Il y a un énorme travail de terrain devant nous et c’est un aspect du métier qui est très enrichissant : c’est un défi que nous relèverons comme nous l’avons toujours fait !

DES FEMMES ET DES HOMMES AU SERVICE DU TERRITOIRE
Elsa Annette-Arnolin, responsable administratif & financier :Elsa assure la coordination des équipes de comptabilité, contrôle de gestion et trésorerie sur le périmètre guyanais. Elle a également la charge d’établir les comptes annuels, budgets, et le reporting financier. Sa devise : « sky is the limit ! »

Célia Ait Ali Yahia, cheffe de projet construction : Célia pilote actuellement le chantier de la centrale biomasse de Petit Saut à Sinnamary, qui fournira près de 8 % de l’électricité du littoral et permettra également le développement d’un bassin d’emploi dans la communauté des Savanes.

Pierre Brosseau, directeur des actifs biomasse 
: Pierre est le garant du bon fonctionnement et de la rentabilité de ces centrales si importantes pour le réseau guyanais et les nombreux emplois associés. Au projet de Petit Saut s’ajoutent les centrales existantes de Kourou et de Cacao.
 
Kéliane Mercier, assistant gestionnaire d’actifs :Kéliane est issu du Master Énergie de l’UG, réalisé en alternance chez Voltalia. Son parcours au sein de différents départements de la société lui permet d’appuyer les exploitants des différentes centrales opérées sur le territoire : Hydro, PV, stockage, biomasse.
 
Louise Moges, assistante administrative et comptable expérimentée :Louise coordonne le suivi de la facturation et fluidifie les processus de commande. Elle forme notamment les équipes opérationnelles afin de réduire les délais de traitement, améliorer le suivi des stocks et réduire les coûts.
Voltalia Guyane
Equipe Voltalia Guyane – Credit Photo Mathieu Delmer

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