Le MEDEF dans sa qualité de premier réseau d’entrepreneurs de France, est le porte-parole majeur des entreprises. Présentation de son antenne martiniquaise.

Texte Yva Gelin – Photo Jean-Albert Coopmann

Tous les ponts possibles avec le monde de l’entrepreneuriat sont nécessaires

Bernard Édouard, président Medef Martinique

Le MEDEF en Martinique

Le Mouvement des Entreprises de France naît en 1998. Chaque département dispose de son antenne afin de répondre aux problématiques spécifiques à chaque territoire. Comme l’exprime le président du MEDEF de Martinique, Bernard Édouard : « Il ne faut plus parler des Outre-Mer par exception, mais rendre les exceptions des Outre-Mer possibles ». En se faisant le relais des entreprises auprès de de l’Autorité de l’État, de la Collectivité Territoriale et des organisations syndicales, le MEDEF Martinique s’inscrit ainsi dans cette lignée d’acteurs qui souhaitent que la Martinique se développe en accord avec ses particularités.

Quelles sont les particularités de notre territoire ?

Bernard Édouard, président du MEDEF Martinique : Nous en avons trois. La première est l’éloignement par rapport à l’Hexagone. La deuxième, la densité du nombre d’entreprises qui est plus minime sur notre territoire comparativement à celle de la France métropolitaine et la troisième est celle de la dépendance économique vis-à-vis d’un petit nombre de produits. L’activité entrepreneuriale martiniquaise est surtout basée sur le commerce et la prestation de services et très peu d’industrie. Le problème avec nos particularités est qu’elles ne sont pas prises en compte dans les décrets d’application des lois ou encore dans les décisions politiques qui concernent les Outre-Mer.

Votre mandat au MEDEF prend fin en juin 2023, sur quoi avez-vous mis l’accent en 7 années de présidence ?

Je m’étais fixé trois défis. Le premier était le rapprochement du monde économique et du monde politique. Cela a conduit à la création d’une convention de dialogue avec les parlementaires. C’était important car ces deux entités se parlaient trop peu. Cette convention n’a plus besoin de rendez-vous précis et se fait aujourd’hui en permanence. L’autre défi consistait à rapprocher le monde des entreprises et celui de l’éducation. Cet objectif a également donné lieu à une convention, cette fois avec le rectorat de la Martinique pour qu’il y ait des échanges plus fréquents sur ce que sont les métiers de l’entreprise. Quand je parle d’école, cela regroupe aussi bien le collège, le lycée, l’université et tous les établissements qui préparent à une formation diplômante. Et puis, afin de rapprocher le MEDEF du grand public, j’ai créé l’émission #Echos Métiers qui présente, dans sa diffusion, les métiers en tension. Depuis deux ans, cette émission* réalisée avec le concours financier de la DEETS, a permis de décliner plus de 100 métiers en tension. Tous ces ponts avec le monde de l’entrepreneuriat sont nécessaires car on demande en permanence aux entreprises d’être au carrefour de tout mais il faut savoir que les entreprises ne peuvent pas et ne pourront pas être à tous les carrefours.

Lire Aussi | Digicel Business : 1er opérateur caribéen en technologies d’informations  

Il ne faut plus parler des Outre-Mer par exception, mais rendre les exceptions des Outre-Mer possibles

Bernard Édouard, président du MEDEF de Martinique

Comment vont les entreprises en ce début d’année ?

L’activité a bien repris mais elle n’est pas encore équivalente à ce qu’elle était en 2019. Les entreprises sont ouvertes, c’est déjà une bonne chose. Cependant, toutes les procédures collectives, qui n’avaient pas eu lieu en 2020 et en 2021, vont réapparaître en 2023. Tout risque d’arriver en même temps. Avec cette période, notre action a surtout été d’aider les entreprises à bénéficier de toutes les aides gouvernementales comme les fonds de solidarité notamment, et pour une fois, la mise en place du PGE**. Je voudrais prendre le temps de m’arrêter sur ce point d’ailleurs. La phase de remboursement a débuté et le constat est que pour nos entreprises, emprunter 25 % du chiffre d’affaires et le rembourser sur 5 ans est trop pénalisant. Faire un emprunt revient à faire un nouvel investissement. Il faut donc le temps d’un retour sur investissement. J’ai donc, début janvier, présenté un « rapport pour une nécessaire transformation du PGE ». Je voudrais que la durée du PGE en Outremer soit allongée. Cela permettrait de diminuer la capacité d’endettement des entreprises qui veulent investir et de remonter le PGE en fonds propres avec une durée de remboursement pouvant aller jusqu’à 10 ans. Ce dossier est à l’étude auprès du gouvernement. C’est un point fondamental pour le devenir de nos territoires et c’est le moment d’envoyer un message politique fort à nos entreprises qui en ont fortement besoin en cette période d’incertitude.

*diffusée sur via ATV 

**PGE : prêt garanti par l’état

ndlr : après la réalisation de cette interview, l’État a autorisé le rééchelonnement du remboursement du PGE sur 8 ou 10 ans.

Lire Aussi | La Bourse Paille est de retour pour la 3e fois !

MEDEF Martinique
Montgerald, Fort-de-France
0596 75 42 50
www.medef-martinique.fr
Facebook : Medef Martinique