La crise de 2009 a sans doute été un moment clé de prise de conscience collective de l’importance de l’autonomie alimentaire aux Antilles. C’est sur ce terreau qu’a germé l’idée du concept Ta Nou.
Texte Axelle Dorville – Photo Jean-Albert Coopmann
Faire un achat en agriculture biologique locale, c’est soutenir des petits producteurs engagés pour l’environnement et la santé des Martiniquais. C’est un projet de territoire !
Ayanna Mouflet, fondatrice et présidente de Ta Nou
La genèse de Ta Nou
Les difficultés d’approvisionnement de février 2009, le scandale sanitaire du chlordécone, la remise en question d’une certaine monopolisation des terres pour la monoculture, l’absence de diversification agricole et la faible représentation de l’agroécologie, sont autant d’éléments qui ont conduit à la création de Ta Nou. Présidente de l’association, Ayanna Mouflet s’attèle alors à la mise en place d’une ferme en permaculture au Prêcheur en 2017, sous forme d’atelier chantier d’insertion, afin de former davantage d’agriculteurs à l’agroécologie, dans l’optique d’amorcer le développement d’une agriculture plus respectueuse de l’environnement, des consommateurs et des agriculteurs.
En 2020, Ta Nou développe un service de livraison de paniers 100 % bio et locaux. Karen Toris, directrice, nous en détaille le fonctionnement.
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Comment fonctionne le service Ta Nou ?
Il s’agit d’une plateforme web permettant de commander des fruits et légumes locaux, produits en agriculture biologique, garantis sans pesticides et sans chlordécone et de se faire livrer à domicile ou en point relais. Il était pour nous essentiel de proposer un système le plus accessible possible. Une fois sur le site www.ta-nou.bio, l’internaute peut choisir un panier bio pré-composé en 3 tailles et éventuellement librement le compléter ; ou “faire son marché” et sélectionner de A à Z les produits qu’il souhaite et leur quantité. Nous proposons la livraison à domicile ou sur le lieu de travail sur la zone CACEM, ainsi qu’au Robert et à Case-Pilote à un tarif unique. Autrement, la livraison en point relais solidaire est gratuite et est possible sur sept communes : Schœlcher, Fort-de-France, Le Lamentin, Ducos, Rivière-Salée, Les Trois-Ilets, Diamant et bientôt Trinité. L’idée est de pouvoir s’adapter au mieux aux besoins de nos clients.
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Comment cela s’organise-t-il en coulisses ?
Nous travaillons exclusivement avec des producteurs possédant la certification Agriculture Biologique. C’est aujourd’hui la meilleure assurance pour le consommateur de pouvoir trouver des fruits et légumes locaux produits dans le respect des écosystèmes naturels, sans utilisation de produits phytosanitaires de synthèse, d’OGM et sans résidus de chlordécone. Les contrôles réguliers effectués par le certificateur garantissent la traçabilité. Nous avons fait le choix de fonctionner à flux tendu afin de pouvoir proposer des produits de saison les plus frais possibles. Les produits sont collectés par deux de nos salariés auprès d’une quinzaine de producteurs bio partenaires. La confection des paniers est réalisée en équipe et avec des bénévoles le jeudi, pour une livraison le vendredi. Nous faisons attention à adapter nos process aux différents types de produits, en conservant les plus sensibles au frais. Si surplus il y a, ceux-ci sont intégrés aux colis d’aide alimentaire des associations Saint-Vincent-de-Paul et OPM, afin de permettre à ceux qui ont moins de moyens, d’avoir eux aussi accès à des produits sains.
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Comment comptez-vous poursuivre votre mission d’une alimentation locale et saine pour tous ?
Parallèlement à notre volonté d’offrir une alimentation locale et saine aux consommateurs, nous souhaitons faciliter l’installation des porteurs de projets en agriculture biologique. Dans une logique de structuration de la filière bio locale, nous avons récemment développé un espace test agricole bio. D’une superficie de deux hectares, celui-ci permettra, tous les deux ans, à deux nouveaux porteurs de projet, de tester l’agriculture biologique, de bénéficier d’un accompagnement en agroécologie et d’être aidés dans la recherche de foncier afin de pouvoir s’installer durablement et contribuer à l’approvisionnement de la population en produits bio locaux.
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