L’agence régionale Guyane Développement Innovation (GDI) a pour objectif de soutenir le développement économique, l’attractivité et l’innovation du territoire. Retour sur les moyens mis en œuvre pour y parvenir avec Éric Lafontaine, un directeur enthousiaste qui fourmille de projets.

Texte Adeline Louault – Photos Mathieu Delmer et Jody Amiet

Le NumLab va très bientôt se déployer sur trois sites à la fois : GDI, à l’Accordeur et une troisième adresse qui reste à définir.

Éric Lafontaine, directeur de l’agence régionale Guyane Développement Innovation (GDI)

Vous êtes à la tête de GDI depuis décembre 2021. Quel est votre parcours ?

J’ai une double formation, à la fois technique et administrative. Ingénieur agronome, je suis aussi attaché d’administration de l’État et titulaire d’une maîtrise en sciences politiques et administration économique et sociale. Je suis un généraliste des politiques publiques ! Je donne d’ailleurs des cours de politique publique à l’Université de Guyane.

Quelle est la vocation de GDI ?

GDI est née en 2013 de la fusion entre l’Agence régionale de développement et la Technopole. Au-delà de la mise en œuvre des politiques publiques de développement économique et d’innovation de la Collectivité territoriale de Guyane, sa vocation est d’animer les écosystèmes de l’accompagnement et de la RI (recherche et innovation).

Elle a 4 missions principales :

  • accompagner les porteurs de projets et chefs d’entreprise ;
  • favoriser l’innovation ;
  • observer (c’est-à-dire produire des données sur l’entrepreneuriat, sur la vie de l’entreprise, afin de pouvoir concevoir des politiques publiques adaptées),
  • investir.

Nous avons par exemple le projet, d’ici 2025, de construire un espace qui pourrait héberger nos activités et outils. Il s’agirait d’un tiers lieu axé sur l’émulation, l’innovation tous azimuts, le transfert de technologies.

Comment fonctionne l’association, sur quels fonds s’appuie-t-elle ?

Présidée par Marie-Lucienne Rattier, conseillère territoriale chargée de l’Innovation et du Numérique, GDI est un satellite de la CTG. Nous mettons en œuvre les missions qui nous sont confiées, notamment au travers du Schéma régional d’innovation (SRDEII). La présidente de GDI a présenté, pour l’année 2023, un budget primitif de 2,7 millions d’euros dont une subvention d’équilibre de la CTG de 810 000 euros. Nous répondons à de nombreux appels à projets pour financer diverses actions. Après le succès du « Plan Innovation Outre-Mer » de France 2030, dont GDI a été lauréat comme chef de file du projet CIBIG, nous avons remporté en tant que partenaire à un consortium, un appel à projet dans le cadre du Fonds européen pour les Affaires maritimes et l’Aquaculture (FEAMPA). Il s’agit de renforcer les capacités et la production de méthodes pédagogiques autour de la pêche et de l’aquaculture (AquaBlueEdu).

Quels sont les outils de GDI ?

Nous sommes en pleine évolution pour coller aux besoins de nos missions d’accompagnement. GDI construit de nouveaux outils en faveur de l’émergence et du changement d’échelle des entreprises. Outre la Pépinière d’entreprises innovantes (PEI) et le NumLab (laboratoire de fabrication numérique), les porteurs de projet pourront bénéficier du PTAE et du CIBIG (cf. encadrés). Depuis 2022, nous accueillons également l’antenne guyanaise de la Cosmetic Valley. Tous ces leviers vont nous permettre de mieux accompagner et de rendre visibles l’expertise et l’ingénierie locales tout en aidant à les faire monter en compétences.

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Quelles sont les forces vives de l’agence ?

J’ai avec moi une très belle équipe de 16 personnes réparties entre un gros pôle bio-économie, un pôle partenariat, marketing et intelligence économique, un pôle supports. L’agence est idéalement située sur le campus universitaire. Cela facilite les liens avec l’Université de Guyane avec qui nous avons une convention-cadre et des partenariats via AIBSI (Institut amazonien de la biodiversité et de l’innovation durable) et CIBIG. Une autre convention Team France Invest, signée avec Business France, nous permet d’accéder à un réseau pour attirer les investisseurs étrangers selon une stratégie définie par la CTG et l’État.

Quelle est votre vision du contexte local en matière d’innovation ?

Je rencontre des gens intéressants tous les jours. Il faut absolument déconstruire le stéréotype selon lequel les Guyanais ne sont pas entreprenants. S’ils ne l’étaient pas, il n’y aurait pas un tel niveau d’activité informelle ! Nous devons accompagner les filières et favoriser leur structuration pour aider les acteurs à se développer.

Actuellement, nous travaillons avec la CTG et la Préfecture (DRRT) sur l’établissement d’une cartographie des acteurs de l’innovation afin de voir comment constituer des chaînes de valeurs. On étudie également la question de l’approvisionnement et de l’organisation des filières. Car toutes les entreprises sont freinées par des difficultés à ces niveaux. Elles manquent également de financements. Les aides publiques sont compliquées à obtenir : très lourd, très long, le volet administratif peut décourager les porteurs de projet. Quant aux banques privées, elles pourraient davantage jouer le jeu si on répond mieux à certains critères ! Il y a des solutions ! Nous devons les trouver ensemble.

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Vos projets pour GDI ?

En 2022, l’objectif était de repositionner GDI dans ses écosystèmes naturels : l’accompagnement et la R&I (Recherche & Innovation). Nous avons également modernisé l’image de marque de l’agence en changeant d’identité visuelle et sonore. En 2023, l’objectif est de faire la preuve de concept à travers la mise en œuvre de nos projets phares : CIBIG et PTAE notamment. 2024 sera l’année de la consolidation pour s’orienter vers d’autres investissements, notamment la création de la plateforme d’observation (pour nous fournir des données) et la mise en place d’un hackathon*. J’aimerais en effet, lancer un chantier autour des usages du numérique afin d’accompagner les porteurs de projet dans ce domaine.

Nous voulons rendre visible l’expertise et l’ingénierie locales tout en aidant les entreprises à monter en compétences.

Le bâtiment qui vous accueille va également évoluer…

Dans le cadre du programme Pépites, qui concerne les étudiants voulant se tourner vers l’entrepreneuriat, nous avons signé une convention avec l’Université afin de concevoir un espace nomade à la PEI, ouvert et agréable, qui facilitera les rencontres et les échanges entre monde académique et monde économique. Nous allons également réaménager le patio afin d’en faire un lieu convivial et attractif. Quant au NumLab, il va très bientôt se déployer sur trois sites à la fois : GDI, mais aussi à l’Accordeur, au cœur de Cayenne, ainsi qu’à une troisième adresse qui reste à découvrir.

*Hackathon : Évènement au cours duquel des développeurs se réunissent durant un temps donné autour d’un projet collaboratif de programmation informatique ou de création numérique.

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LES PROJETS PHARES DE GDI
Le PTAE : un outil pour mieux accompagner porteurs de projets et entrepreneurs
La Collectivité territoriale de Guyane a confié à GDI la mission d’élaborer et de mettre en place le Programme territorial de l’accompagnement des entreprises de Guyane (PTAE) pour 2023. Ce programme s’appuie sur une plateforme fédérative numérique, véritable guichet unique, qui permettra au porteur de projet ou à l’entrepreneur, quel que soit son domaine d’activité, d’accéder à des offres de services déployées par l’ensemble des structures d’accompagnement référencées en Guyane. La plateforme accueillera, orientera et suivra le bénéficiaire dans la durée, selon ses besoins. Avec cet outil, l’idée est de structurer et mettre en réseau les acteurs de l’accompagnement des entreprises pour une meilleure visibilité et efficacité de l’offre d’accompagnement mais aussi de proposer aux porteurs de projets et aux chefs d’entreprise, un bouquet modulable de services couvrant l’ensemble de leurs attentes. L’objectif ultime étant de garantir au porteur de projet ou à l’entreprise un parcours « accompagnement » holistique complet, sans rupture et individualisé. « Avec cette plateforme d’approche paramétrique, centrée sur le bénéficiaire, il s’agit de professionnaliser l’acte, d’accompagner les porteurs de projets et de donner de la lisibilité à la politique publique d’accompagnement des entreprises », souligne Éric Lafontaine.  La plateforme permettra en outre d’obtenir des données sur la création d’entreprise, la vie de l’entreprise (difficultés, évolutions, changement d’échelle, etc.). Ce projet représente un budget de 300 000 euros.

Le CIBIG : un accélérateur de projets innovants et bio-inspirés
Porté par GDI et l’Université de Guyane comme chefs de file, le Centre d’ingénierie bio-inspirée de Guyane est l’un des outils opérationnels de l’Institut amazonien de la biodiversité et de l’innovation durable (AIBSI) et du futur Programme territorial d’accompagnement des entreprises (PTAE). Bénéficiant d’une participation « France 2030 » d’1,2 millions d’euros, le CIBIG a pour vocation d’accompagner l’innovation sur le territoire via la mise en réseau des acteurs de la recherche (UG, INRAE, IRD, CNRS), des entreprises (Bio Stratège, Brique de Guyane, CEEBIOS), des partenaires institutionnels (CTG, CACL, OFB), et des pôles de compétitivité (Cosmetic Valley, Vitagora, Qualitropic, Aquimer, Xylofutur …). Dédié aux projets innovants et donc plus spécialisé que le PTAE, ce guichet unique propose d’accompagner l’innovation issue du marché et de valoriser la recherche dans les secteurs de l’alimentation humaine saine et durable, l’éco-construction/éco-matériaux et la chimie du végétal. Le CIBIG gère et coordonne les offres de services proposés par ses membres à des porteurs de projet. L’objectif est de favoriser la bio-inspiration avec la nature comme source d’inspiration et d’usage de ressources naturelles amazoniennes. Le déploiement des produits et services R&D en Guyane permettra de garantir la création de chaînes de valeur sur le territoire et d’assurer la propriété intellectuelle. « Cet outil, jusqu’alors inédit sur le territoire, doit permettre donc de favoriser, d’inciter, d’appuyer l’innovation et le transfert de technologie. Il pourrait évoluer ensuite vers un centre de ressources technologiques », précise Éric Lafontaine.

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