Du 29 mai au 03 juin, le Parc national de Guadeloupe accueille les rencontres annuelles des 16 réserves de biosphère de France. Un événement d’échanges et de partages autour des enjeux du développement durable. Dialogue avec Ferdy Louisy, président du Parc national qui rêve de concilier l’Homme et la Nature.

Texte Joséphine Notte – Photo Lou Denim

Vous êtes président du Parc national de Guadeloupe depuis 2005, quelles sont les grandes évolutions qui ont été opérées sous votre mandat ? 

Ces quinze dernières années ont vu le Parc national de Guadeloupe s’imposer comme un acteur incontournable de l’environnement de l’Archipel. Nous nous sommes structurés et avons créé une réelle implantation locale avec un siège et une équipe solide d’agents de l’environnement. Le Parc National agit aujourd’hui sur plusieurs leviers que sont la préservation, l’éducation, la labellisation, l’accompagnement auprès des acteurs privés et institutionnels et le soutien aux initiatives de la région Antilles-Guyane. En termes de préservation, nous avons augmenté les surfaces de protection de plus de 600 % en passant de 5 à 20 communes adhérentes. On a créé le sanctuaire marin Agoa, deuxième aire marine protégée française, avec une superficie de 143 256 km², et intégré plus de 4 000 hectares de mangrove dans le Grand Cul-de-sac marin, inscrit à la convention de RAMSAR relative à la protection des zones humides d’importance internationale depuis le 8 décembre 1993.

Le Parc national représente aujourd’hui plus de 21 000 ha d’espaces protégés dont 17 300 ha du massif forestier de la Soufrière et 4 094 ha dans le Grand cul-de-sac marin avec 3 cœurs de Parc reconnus pour leur écosystèmes exceptionnels. Aux Antilles-Guyane, nous partageons des enjeux communs de préservation, c’est pourquoi j’ai activement participé à la création du Parc amazonien en Guyane ou encore à la reconnaissance du Parc naturel marin en Martinique. 

Au-delà des mesures de protection, il s’agit aussi d’impliquer les Guadeloupéens à partager cette fibre environnementale pour que la population soit sensibilisée et encouragée à agir. Les conséquences du changement climatique ou de l’effondrement de notre biodiversité auront un impact sur tous, cette prise de conscience est donc importante. 

Parc National de Guadeloupe
Parc National de Guadeloupe – Ilet Fajou – Credit Photo Anne Chopin

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Comment selon vous concilier l’Homme et la Nature ?

L’éducation est la clé. C’est pourquoi le Parc national développe de nombreuses actions à destination des scolaires et des jeunes. Par exemple, nous avons impliqué une dizaine de jeunes à participer au premier forum des jeunes des Réserves de Biosphère de la Caraïbe qui a eu lieu en décembre dernier en Martinique. Leurs travaux seront restitués lors du village de la biosphère organisé le 30 mai sur le site des Plaines à Deshaies.

Nous organisons également chaque année un programme d’animations orientées sur la nature et la culture pendant les vacances scolaires qui se décline sur toutes les communes. Les manifestations que nous proposons sont toujours gratuites et ouvertes au grand public, et j’attache une importance particulière à la diversité des lieux de nos évènements. Nous avons certes les espaces du Parc, mais la nature existe aussi en ville, il est important que l’on reconnaisse aussi cette « biodiversité ordinaire ». Ainsi, tout le monde peut participer à la préservation de notre bel archipel. Dans le secteur public, nous impliquons les communes à adhérer à notre charte et formons les acteurs institutionnels pour développer des politiques de préservation de leurs espaces. Nous avons même créé une « police de l’environnement » ! Dans le secteur privé, nous agissons comme médiateurs pour faire face aux enjeux environnementaux tels que la pêche, la surfréquentation touristique…

Il s’agit également d’encourager les initiatives engagées pour le développement durable et de l’inscrire dans notre économie. Via notre appel à projet Laliwondaj que nous lançons chaque année, nous avons déjà accompagné plus de 300 projets et consacré 1,3 million d’euros de financements depuis 2010.

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L’archipel de Guadeloupe reconnu Réserve mondiale de Biosphère par l’UNESCO, c’est votre rêve…

(sourire) Aujourd’hui seuls les espaces du Parc national de Guadeloupe sont reconnus Réserve mondiale de Biosphère. L’idée serait de pouvoir l’étendre à l’ensemble du territoire guadeloupéen. Il y a un réel intérêt à le faire : tout d’abord en termes de reconnaissance internationale la Guadeloupe pourrait compter parmi ces lieux d’exception, mondialement connus pour leur nature préservée, une « Destination réserve de Biosphère ». Ensuite, cette labellisation permettrait de mutualiser les compétences du Parc national et créer des synergies avec les communes qui ne sont pas pour l’instant adhérentes mais qui ont cependant des enjeux de préservation de leurs espaces comme la CARL avec les Grands-Fonds ou Marie-Galante et ses mares…

En tant que citoyen, l’environnement de mon territoire est un sujet fondamental. C’est ce qui nourrit mon engagement depuis toutes ces années à la tête du Parc national et surtout mon ambition d’aller toujours plus loin pour préserver ce joyau qu’est notre nature.

Parc National de Guadeloupe
Parc National de Guadeloupe – Mangrove – Credit Photo Fabien
Rendez-vous du 29 mai au 03 juin
Durant les rencontres annuelles des Réserves de biosphère de France, deux villages de la Réserve de biosphère seront ouverts au grand public. Ces événements visent à valoriser toutes les facettes de la biodiversité de Guadeloupe : animations, ateliers, rencontres, conférences, etc. Découvrez le programme sur le site et les réseaux sociaux du Parc national de Guadeloupe. 
– mardi 30 mai sur le site des Plaines à Deshaies pour les scolaires ;
– samedi 3 juin au pôle accueil de Taonaba aux Abymes pour le grand public.

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