Nouveau marché et nouveaux acteurs pour la transition écologique

Sarah Balay

Des cabinets conseil et des startups innovantes se lancent dans l’accompagnement des entreprises pour leur faire sauter le pas et réussir la Transition écologique.

Texte Sarah Balay

La transition écologique, pourquoi ?

Les défis environnementaux et sociaux auxquels sont actuellement confrontées nos sociétés ne peuvent plus être ignorés. Ils impliquent changements et nouveaux comportements que le monde de l’entreprise doit rapidement adopter. Or, à l’échelle de l’entreprise, la transition écologique et sociale peut paraître complexe et lourde à mettre en place. Pour y faire face, de plus en plus de structures se positionnent dans l’accompagnement. Objectif : aider les entreprises à s’engager dans une démarche éco-responsable afin de contribuer aux efforts et aux objectifs de développement durable.

Lire aussi | La Caraïbe à l’heure de la transition énergétique

Start up à impact 

La France compte plus de mille startups « à impact », employant près de 30 000 personnes. Elles sont d’ailleurs nombreuses à être actives auprès des grands groupes pour accélérer leur transition vers des « business models » plus responsables. Aux Antilles-Guyane, la prise de conscience s’opère également. « Il ne s’agit pas d’un effet de mode ou de suivre une tendance, décrit David Julius, fondateur de Molokoï, entreprise de « conseil et formation en développement soutenable » basée en Guadeloupe. Pour nos entreprises locales, se lancer dans cette transition, c’est désormais une question de survie ».

Prise de conscience

Créée en 2020, Molokoï fait d’ailleurs partie des premières entreprises de Guadeloupe à intégrer dans ses statuts une raison d’être. Elle s’engage ainsi à « inciter et accompagner les organisations et la société dans son ensemble à agir pour un monde meilleur et durable pour tous ». Rien ne prédestinait pourtant ce quadragénaire, diplômé d’une école supérieure de commerce, spécialisé en expertise comptable et contrôle de gestion, à devenir un tel acteur du changement. « Lorsque j’ai commencé à m’intéresser de près puis à me former sur les questions de biodiversité et de changements globaux, je suis tombé de très haut. Les perspectives sont catastrophiques et peu de personnes en ont véritablement conscience »

Lire aussi | Électricité décarbonée en Guadeloupe : point sur la transition énergétique

La transition écologique : un pari gagnant gagnant

C’est donc, sur le terrain, à destination des entreprises, des collectivités et des scolaires que David Julius agit désormais. « Concrètement, j’aide les entreprises à se lancer dans une démarche RSE*. Molokoï est référencée comme expert pour la réalisation de Diagnostics Décarbon’Action (dispositif mis en place par Bpifrance et l’ADEME** pour accompagner les entreprises à décarboner leur activité). Nous aidons les entreprises à éco-concevoir ou à améliorer la performance environnementale d’un produit ou service. Son entreprise accompagne également les organisateurs de la filière événementielle qui souhaitent engager leur événement dans une démarche éco-responsable au travers d’un label. En adoptant une stratégie durable, les entreprises seront nécessairement gagnantes. Elles bénéficieront de meilleurs résultats économiques, d’une sécurisation de leur circuit d’approvisionnement, de partenariats solides avec leurs fournisseurs et parviendront à fidéliser davantage leurs collaborateurs »

David Julius multiplie également les interventions publiques en tant qu’animateur, formateur et référent local de la Fresque du Climat (voir ci-contre), de la Fresque de l’Alimentation, de la Renaissance Ecologique et de l’atelier Inventons nos vies bas carbone. Il dirige aussi le 1er club RSE de Guadeloupe et assure des conférences pour le compte de deux associations, Avenir climatique et The Shifters, rappelant que derrière les titres de journaux, l’écosystème de la transition écologique en Guadeloupe est bien en train de trouver sa place. 

La Fresque du Climat séduit les Antilles-Guyane 
« Pour agir, il faut comprendre ». C’est avec cette devise qu’est née, en 2018, la Fresque du Climat. Créée par Cédric Ringenbach, conférencier et expert en énergie, climat et carbone, l’association est devenue un outil de référence qui permet aux particuliers ou aux organisations de s’approprier le défi de l’urgence climatique. Le principe : encourager, via des ateliers collaboratifs et conviviaux et de la formation, « la diffusion rapide et à grande échelle d’une compréhension partagée des enjeux climatiques ». Il s’agit d’un outil pédagogique basé sur un jeu de cartes (42 pour la version adulte et 21 pour la version enfant) qui permet de comprendre les causes et les conséquences du changement climatique. L’essentiel des informations émane des rapports du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). 
L’ambition est de créer une chaîne d’acteurs capables de déployer la Fresque du Climat dans le monde entier. Le nombre de participants et de bénévoles double tous les cinq mois. A ce jour, plus de 100 référents internationaux diffusent le message dans plus de 45 langues. Les Antilles-Guyane n’ont pas hésité à prendre le train en marche. Des « fresqueurs » sont présents sur les trois départements pour sensibiliser de façon ludique au changement climatique. Avec son entreprise Molokoï, David Julius, en Guadeloupe, propose régulièrement des rencontres interactives. La dernière a eu lieu le 22 avril à la médiathèque Caraïbe (Basse-Terre). Martine Lheureux est, quant à elle, une animatrice très active en Martinique. Très engagée, elle réalise des ateliers « en ligne et en présentiel, à destination d’entreprises, de collectivités, d’élus, d’associations ou de citoyens en français, en anglais et en créole ». La Guyane est également mobilisée, notamment vis-à-vis des scolaires. En janvier, des élèves du collège Gérard Holder à Cayenne ont pu réaliser leur Fresque du Climat. 

Lire aussi | Électricité décarbonée en 2030 : la Guyane en tête de course avec l’ADEME

RSEUne entreprise responsable, c’est quoi ? 
La RSE ou responsabilité sociale des entreprises est la mise en pratique du développement durable par les sociétés. L’entreprise va chercher à avoir un impact positif sur la société, à respecter l’environnement tout en étant économiquement viable. Elle peut, par exemple, faire du recyclage, utiliser des technologies propres, respecter les populations riveraines de ses sites, payer ses impôts en France, bien traiter ses salariés, favoriser la diversité, bannir les discriminations, être ouverte au dialogue, favoriser l’emploi, etc. 
La RSE des entreprises n’est toutefois pas une notion récente. Elle remonte aux années cinquante, notamment aux Etats-Unis. En France c’est la loi relative aux Nouvelles régulations économiques, dite « loi NRE » de mars 2001 qui s’impose. Viennent ensuite les Lois Grenelle puis la loi de 2017 sur le devoir de vigilance. Depuis l’adoption de la loi Pacte et la modification du code civil en 2019, toutes les entreprises françaises sans exception doivent « prendre en considération » les enjeux environnementaux et sociaux dans la gestion de leurs activités. Les entreprises volontaires peuvent ainsi adopter la qualité de « société à mission » en intégrant une raison d’être avec des objectifs sociaux et environnementaux dans leurs statuts. Depuis une quinzaine d’années, les plus grandes entreprises doivent publier des informations sur leurs impacts environnementaux et sociaux. La RSE demeure toutefois une mesure incitative.
Ces dix dernières années, la RSE des entreprises impacte de plus en plus leurs performances commerciales. En effet, leur réputation, auprès du grand public et des actionnaires, peut être entachée en cas de mauvaise gestion affichée en termes de droit du travail ou de performances environnementales.