Nettoyeuse, nourrice, architecte, manutentionnaire, ventileuse, gardienne ou butineuse, les abeilles contribuent à la pollinisation de 80 % des espèces de plantes à fleurs et en garantissent la reproduction… donc notre survie ! À Saint-Martin, une vingtaine d’apiculteurs passionnés veille au bien-être de l’Apis Mellifera, l’abeille autochtone, et transmet son savoir.

Texte et photo Ann Bouard

Les abeilles de Saint-Martin

Les abeilles de Saint-Martin sont toujours là. Après le cyclone Gonzalo, dévastateur pour les ruches en 2014, puis la sécheresse interminable de 2015 et le cyclone Irma qui a tout balayé sur son passage en 2017. Des épisodes décourageants pour les apiculteurs, qui ont malgré tout entrepris de réinstaller des ruches depuis 2019. Mais cette année, ils sont confrontés à une nouvelle menace, le varroa. Signalé pour la première fois en France en 1982, il a épargné l’abeille saint-martinoise pendant près de 40 ans. Pour la première fois, la présence du parasite a été détectée sur deux ruches en 2022. Un an plus tard, toutes les ruches visitées sont touchées, conséquence de l’importation de variétés d’abeilles porteuses de maladies. Le taux d’infestation est au-delà de la norme et met en péril le maillon essentiel de la biodiversité si des traitements ne sont pas effectués en urgence.

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Une abeille bien particulière

Saint-Martin avait la chance d’abriter à 92 %, l’Apis Mellifera, une abeille réputée docile, non agressive et saine. L’importation d’autres variétés aura pour conséquence à terme de modifier son profil génétique, au profit d’abeilles plus agressives et peut-être même de la faire disparaître à tout jamais. Les apiculteurs préconisent d’installer de manière intrinsèque les essaims sauvages dans des ruches ou de démultiplier les essaims existants. En parallèle, ils veillent à ce que les abeilles ne manquent jamais de fleurs. Il faut savoir que les abeilles butinent jusqu’à 3 km autour de la ruche, mais guère plus loin. La transhumance, très pratiquée en Guadeloupe, n’est pas encore de mise à Saint-Martin, territoire plus petit. C’est une chose qui pourrait être envisagée afin que les abeilles butinent les nombreuses variétés de plantes mellifères de l’île. La présence d’abeilles en bonne santé est un gage d’environnement sain !

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Un projet de ruchers écoles

Le nectar est donc précieux et le potentiel à Saint-Martin est grand… même s’il est difficile de connaître le nombre exact de ruches. L’ AAPISM a le projet de créer deux ruchers écoles dans des secteurs riches en plantes mellifères comme Bellevue, Concordia ou Quartier d’Orléans. Elle lance un appel pour trouver des terrains susceptibles d’accueillir ces ruchers. Ils constitueront un outil pédagogique indéniable pour la transmission des gestes et des bonnes pratiques nécessaires au bon suivi des colonies d’abeilles et contribueront à la réussite du développement de l’activité apicole.

L’Association des apiculteurs de Saint-Martin
Chaque année, l’association organise une formation à l’apiculture, en deux sessions, initiation ou perfectionnement. Elle récupère également les abeilles sauvages pour les installer dans des ruches. Les particuliers confrontés à un essaim (constitué de cire, alors que l’essaim de guêpes ressemble à un gros cocon), ne doivent surtout pas tenter de les déplacer, de les arroser ou pire de les vaporiser avec un insecticide. Le bon geste est de prendre contact avec l’association : aapism.sxm@gmail.com ou en cas d’urgence 06 90 77 28 92

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