Créatrice et chorégraphe de la Company Ö & Co, directrice de Cobraced, Peggy Oulerich affectionne le milieu associatif, à la condition que l’art ne soit jamais bien loin. La création et le partage sont ses raisons de vivre et sa respiration.

Texte Ann Bouard

Qui est Peggy Oulerich ?

Aussi loin qu’elle s’en souvienne, le milieu associatif a toujours fait partie intégrante de sa vie. Elle trouve dans ce fonctionnement une manière d’aller à la rencontre des autres et une source d’inspiration. Une inspiration qui lui vient également des différentes cultures qu’elle a assimilées au fil de ses expériences. Du Sénégal où elle a grandi, elle a gardé l’empreinte de l’Afrique ; de Paris, où elle découvre le travail de chorégraphes de renom, elle repart avec l’envie de créer et de mettre en scène les corps.

En découvrant Saint-Martin, elle retrouve dans l’esprit caribéen, la touche africaine qui lui est si chère. En 2007, la danse contemporaine n’était pas encore développée… un espace vierge qui lui laissait le champ libre pour créer. Elle intègre le Collectif Head Made Factory puis en 2013 rejoint le National Institute of Art en tant que directrice du département de danse contemporaine. Une voie toute tracée, interrompue par un coup de massue : le passage d’Irma.

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Initier le rebond

Les activités arrêtées et les danseurs partis, Peggy veut se rendre utile et aider l’île à se relever. Ayant collaboré par le passé avec la présidente de l’association Cobraced, elle-même artiste, elle propose des projets à la Fondation de France qui souhaitait alors des actions en faveur des jeunes. Une nouvelle aventure débute. Elle suit des formations de gestion financière, ressources humaines et administratives et est nommée directrice de Cobraced en 2018. Un poste qui lui sied bien car la dimension éducative et culturelle pour un développement global du jeune est un souhait de la présidente. Peggy en est persuadée, la résilience vient aussi de l’art et de la culture, pour sortir les gens de leur quotidien. Le projet bibliothèque sans frontière avec la médiathèque mobile fait grossir la structure, les actions se multiplient mais, sans la danse Peggy se meurt. En 2019, avec une organisation personnelle drastique, quelques créations sur commande et un seul spectacle par an, elle réussit à diriger la Company Ö & Co et l’association Cobraced. Mais cette année va marquer un nouveau tournant.

Pour Peggy Oulerich, il faut rêver encore

Peggy rêve d’avoir plus de temps pour développer la compagnie et caresse le projet fou de faire revenir sur l’île tous les danseurs qu’elle a formé depuis 17 ans, et qui, aujourd’hui, évoluent à l’international. Sur les 50 danseurs et danseuses qui constituent la troupe aujourd’hui, une dizaine aura cette destinée. Le projet trotte dans sa tête et elle commence déjà à le matérialiser en imaginant le travail avec chacun, la chorégraphie, les retrouvailles… pour un spectacle qu’elle veut grandiose, démonstration que la danse est un métier dont on peut en vivre.

Autre rêve, autre projet, une salle pour la Company, pour créer un centre de formation, offrir une résidence d’artistes, favoriser les échanges avec d’autres artistes de tous horizons, devenir un vivier de danseurs :  « il y a à Saint-Martin autant de potentiel qu’ailleurs, il suffit de vouloir et de se donner la peine. Ici les danseurs ont une corporalité différente et une liberté dans leurs propositions qui n’existe nulle part ailleurs. Ils sont riches de leur mixité et sont capables de s’adapter et de danser dans des lieux improbables. C’est ce qui fait leur force et la beauté de leurs chorégraphies ». Avec Peggy Oulerich, rien n’est jamais figé et tout est en perpétuel mouvement !

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