Sur quoi avez-vous travaillé lorsque vous étiez doctorante ?  

Réponses courtes et précises des jeunes chercheurs des Antilles-Guyane. Ce mois-ci, découvrez Gaëlle Gruel.

Texte Sarah Balay – Photo Lou Denim

Traquer les bactéries résistantes aux antibiotiques. Quel est l’intitulé de votre thèse Gaëlle Gruel ? 

Étude “One Health” des réservoirs animaux et environnementaux d’entérobactéries résistantes aux C3G en Guadeloupe.

Lire Aussi | Doctorants : leurs sujets d’étude

Où et quand l’avez-vous soutenue ? 

En janvier 2022 à l’Institut Pasteur de Guadeloupe. 

Si vous deviez résumer vos travaux en une seule phrase ? 

Il s’agit de comparer les bactéries que l’on retrouve chez les animaux d’élevage, chez les animaux domestiques, dans les sols et les eaux usées, avec celles des patients hospitalisés au CHU de Guadeloupe.

Lire Aussi | Isabelle Hidair-Krivsky : portrait de chercheur

Gaëlle Gruel, quelles sont les applications concrètes de votre étude ? 

Cette étude est née suite au constat que le taux de prévalence de cas d’infections nosocomiales* à entérobactéries au CHU de Guadeloupe était six fois supérieur à la moyenne des hôpitaux de l’Hexagone. Mon travail de thèse a abouti à quatre publications dans des journaux scientifiques internationaux de haut rang et a permis d’écarter l’hypothèse d’une contamination des patients en lien avec l’environnement ou les animaux de Guadeloupe. Ces infections en milieu hospitalier sont en réalité liées à l’action humaine et notamment au mésusage des antibiotiques… Au lieu de mourir, des bactéries exposées à des antibiotiques inadaptés vont devenir “résistantes”, et deviendront ensuite la cause d’infections nosocomiales par exemple. 

Ces résultats ont souligné la nécessité de mettre en place des stratégies de contrôle axées sur les centres de soins de santé en Guadeloupe, et d’utiliser pour cela la surveillance génomique, afin de traquer la propagation des agents pathogènes hautement résistants aux antibiotiques. La conclusion de mon travail de thèse a donc été de proposer une série d’actions de prévention et de surveillance à mener au niveau hospitalier et environnemental.

Lire Aussi | Silvina Gonzalez-Rizzo : portrait de chercheur

Que faites-vous aujourd’hui ? 

Suite à ma soutenance de thèse, j’ai été recrutée par l’université des Antilles (UA) où j’effectue mon postdoctorat. Je suis impliquée dans les projets de recherche de deux laboratoires (COVACHIM-M2E et EcoFoG) qui travaillent sur les problématiques de la chlordécone (pesticide toxique présent dans le sol des Antilles). Mon objectif est de devenir prochainement maîtresse de conférences à l’Université.

*Infection contractée au cours d’un séjour dans un établissement de soins.