Comment s’affranchir du genre et réussir au féminin en entreprise
Les inégalités de genre en entreprise et en politique sont-elles derrière nous ?
Par Julie Clerc, Chantal Bigay, Alice Colmerauer et Willy Gassion
Des évolutions dans les comportements, certes, mais pouvons-nous vraiment parler de changement de paradigme quand on compte seulement 34% de femmes dans les conseils d’administration des sociétés du CAC40 ?
En 2018, un rapport du Forum économique mondial révélait qu’au rythme actuel il faudra encore plus de 200 ans pour parvenir à la parité dans le monde du travail…
En politique, le chemin est encore long.
En 2017, les femmes étaient encore minoritaires parmi les élus de la République : elles représentaient 39 % des députés et 40,3 % des conseillers municipaux.
Qu’à cela ne tienne. Les femmes gardent le cap et progressent chaque année vers égalité et parité, aidées en cela par un certain nombre de lois et dispositifs.
Parce que ce serait une folie qu’une société se prive de 50% de son potentiel.
5 femmes partagent leur expérience de femme en entreprise et livrent leurs conseils à leurs consœurs pour réussir au féminin.
Il faut être constructif
Morgane Cardinal,Conductrice de travaux GETELEC TP
« Mon travail consiste à mener à bien la construction d’un ouvrage techniquement, humainement et financièrement selon les prescriptions du demandeur.
Ce sont les études scientifiques et l’envie de concret qui m’ont attirée vers ce métier.
La passion est venue au fur et à mesure de mes apprentissages et à travers la variété et la richesse des relations humaines inhérentes à cette profession.
« Il n’y a pas de fonction féminine ou masculine. Il faut suivre ses envies, son instinct et s’accrocher. »
Une femme doit relever le défi et acquérir toute l’expérience possible qui entretient l’assurance.
Et surtout rester positive dans ses démarches pour réussir. »
La passion et la maîtrise
Judith,Animatrice Radio Caraïbes International
« Petite fille, je voulais devenir journaliste et c’est un hasard heureux qui m’a permis d’entrer dans l’univers de la radio.
Une femme qui travaille dans un media ne doit pas se sentir à part, elle fait partie intégrante d’une équipe et doit savoir mettre en avant les idées qu’elle veut valoriser.
Je suis confortée par tout ce que les femmes peuvent accomplir en gardant une simplicité rayonnante, mais une ténacité à toute épreuve.
Avoir une bonne formation, être intègre, curieuse et intuitive, croire en soi et en son savoir-faire sont les clés pour être une bonne animatrice radio. »
« Si une femme croit en ce qu’elle est capable de faire, elle doit foncer ! »
Une confiance inébranlable
Catherine Cadrot,Directrice générale Arawak Beach Resort
« Je ne prête pas attention au fait d’être dans un environnement féminin ou masculin.
J’ai commencé à travailler à l’âge de 18 ans et j’ai évolué grâce à la reconnaissance de mes compétences, aux missions qui m’ont été confiées et surtout en ayant confiance en moi.
Je crois en la modernisation de la société.
« Les femmes d’aujourd’hui et de demain doivent se fixer des objectifs constructifs pour se réaliser professionnellement et personnellement. »
Et ainsi répondre à la réussite de leurs projets. »
Contre vents et marées
Véronique Loyson,Marin pêcheur
« Je travaille depuis dix ans comme marin pêcheur avec mon mari qui est patron de pêche.
Nous nous levons à 3h du matin et rentrons de la pêche à 20h.
Le lendemain, nous vendons nos poissons à Anse-Bertrand ou à Lauricisque.
Je ne connais pas d’autres femmes qui exercent ce métier, en Guadeloupe.
« Je dois faire preuve d’endurance car lorsque je rentre de mon travail, je dois continuer à m’occuper de mon foyer. »
J’ai trois enfants et je n’ai pas envie que ma fille reprenne l’activité. À cause du réchauffement climatique, il y a moins de poissons qu’avant.
Aujourd’hui nous pratiquons une pêche raisonnée, mais notre métier est devenu difficile. »
Tu peux le faire !
Stéphanie Baloup,Responsable d’exploitation ArcelorMittal
« J’occupe mes nouvelles fonctions en Guadeloupe depuis le 1 avril 2019.
Je ne suis pourtant pas tout à fait une débutante dans l’acier, puisque depuis plus de vingt ans, j’ai occupé différentes fonctions, dans un autre établissement du groupe en Guyane.
J’étais jeune stagiaire, puis de fil en aiguilles et à force de volonté, j’ai tenté de faire reconnaitre mes compétences.
Ensuite, tout s’est accéléré dans les cinq dernières années, j’ai pris tour à tour les postes de comptable, secrétaire de direction, assistante de direction, responsable commerciale et aujourd’hui un nouveau rôle de responsable d’exploitation dans l’entreprise.
« Quand je regarde mon parcours, je me dis que nous, nos parents, nos proches, les institutions, n’encourageons pas les jeunes filles à avoir confiance en elles et à choisir leurs voies. »
Pourtant tous les métiers du monde sont à notre portée. Nous devrions leur dire : « Vas-y mon enfant, tu peux le faire ! »
Nous nous mettons des barrières et pourtant au bout du compte, ce sont nos compétences qui feront et font la différence.
Je l’ai fait… Mais oui je l’ai fait ! »
Femme et noire, mon identité fait ma force
Maryse Coppet,Avocate spécialisée dans le droit européen – Avocate de conseils et de contentieux auprès d’entreprises privées, d’institutions et de collectivités.
« La profession d’avocat est une profession qui, selon moi, convient très bien aux femmes parce qu’elles ont l’habitude de mener des combats.
La vie d’une femme est peut-être plus dure que celle d’un homme.
La capacité de résilience d’une femme est très importante, et celle d’une femme noire est encore plus importante parce que nous les femmes, à travers l’histoire, avons dû affronter beaucoup de discriminations et nous battre constamment pour nos droits.
« En tant qu’avocate noire, je dois me battre pour mon genre et j’ai choisi de me battre pour l’intégration des Noirs dans la société. »
Cette double singularité, être femme et noire, c’est mon identité et elle fait ma force. »