Selon Christophe Wachter, la relance de l’économie guadeloupéenne ne pourra se faire « sans la solidarité qui est la base du fonctionnement d’une société. » Le président du CESER dans sa communication remise au président de Région au mois de mai 2020, préconise l’effort collectif et le recours prioritaire à l’expertise locale pour relever les défis du déconfinement.  

La Guadeloupe est en proie à une gestion problématique de l’eau, comment dès lors envisager le déconfinement sans remettre en question un système défaillant ? 

Christophe Wachter : La crise pandémique est venue se greffer sur le dossier de l’eau et de l’assainissement qui demeure extrêmement problématique à la fois pour la population, pour le territoire guadeloupéen et son attractivité, pour les autorités et pour les finances locales.

Le besoin pour le citoyen guadeloupéen de s’adapter à la situation de confinement a par ailleurs mis en exergue l’émergence de solutions préexistantes ou spontanées qui reflètent une appétence toujours renouvelée de participation et de prise de responsabilité en commun qui se manifestent à tous les niveaux de la société guadeloupéenne.

« Nous considérons qu’il revient à la société civile organisée de jouer pleinement son rôle de médiateur entre les pouvoirs publics et les citoyens. »

Afin de promouvoir ces notions d’intérêt général et d’effort collectif qui s’imposent naturellement lorsque la société guadeloupéenne est confrontée à des circonstances exceptionnelles. 

Le CESER considère que l’urgence de la relance économique de notre territoire repose sur la production locale, le BTP et le tourisme… 

Nous ne limitons pas la relance à ces trois secteurs uniquement, mais il nous semble que leur situation peut inspirer les décisions à prendre pour d’autres domaines de notre système économique.

La crise du Covid-19 a très clairement mis en exergue l’efficacité et la qualité du système productif guadeloupéen ainsi que l’existence d’une production locale, de filières organisées dont les capacités ont permis de sécuriser l’approvisionnement alimentaire pendant la période de confinement.

Favoriser l’essor du système productif local suppose :

  • d’encourager l’installation de jeunes agriculteurs sur des activités directement liées à l’objectif d’autosuffisance alimentaire
  • de soutenir les activités de productions artisanales et industrielles
  • de conclure des accords locaux d’import-substitution avec les distributeurs

La politique des grands travaux, même si elle accroît la dette publique, génère à long terme des impacts positifs sur la fiscalité et sur l’emploi.

La continuité des chantiers avec des équipements de protection adaptés au Covid-19 est une absolue nécessité et une option à privilégier dans la perspective d’une relance. Les commandes privées et publiques pourraient constituer un moyen de contenir la vague de licenciements dans les mois à venir. 

Le tourisme quant à lui a subi de plein fouet le contre choc du virus, les activités touristiques sont sinistrées.

Pour tenter de limiter dans le temps l’impact du Covid-19 sur notre destination, il faudra rassurer la population en appliquant une charte, même si elle est d’inspiration nationale, qui devra être adaptée à nos conditions locales tempérées, laquelle à terme pourrait devenir pérenne. 

Pour améliorer le système de santé local, vous préconisez de mettre l’accent sur la démocratie sanitaire… 

En effet, on observe une méconnaissance et une défiance de l’usager guadeloupéen vis-à-vis de son système de santé. Pour parvenir à une meilleure diffusion de l’information, le CESER encourage les autorités sanitaires à créer une mission d’information régionale plus appuyée et approfondie sur l’état et l’organisation des prises en charge sanitaires.

« La démocratie sanitaire implique que les avis des usagers soient pris en compte. »

Par l’organisation d’enquêtes et de sondages Covid-19, l’organisation de débats publics pilotés par les instances de démocratie sanitaire au sein des communes, le repositionnement des maires au sein des instances de démocratie sanitaire et enfin le recours plus affirmé aux compétences scientifiques et médicales capables de conseiller et orienter les choix en santé publique et de veiller à l’adaptation des directives nationales. 

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