Florence Declaveillère, architecte des bâtiments de France de formation, vient d’entamer son premier mois en tant que cheffe de service de l’unité départementale à la direction des affaires culturelles (DAC). Sa mission et celle de son service : valoriser l’architecture et le patrimoine de la Martinique. – Photo Jean-Albert Coopmann

Vous êtes architecte des bâtiments de France. Une profession peu connue. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre métier ?

Florence Declaveillère : J’ai étudié l’architecture à Lyon. Puis j’ai suivi un parcours en Histoire de l’Art et Archéologie à l’Université.

En 2016, après avoir effectué plusieurs missions dans le secteur public, j’ai souhaité présenter le concours des AUE (Architectes et Urbanistes de l’État). Cela me permettait de me rapprocher des questions d’intérêt général qui me tenaient à cœur.

« En tant qu’architecte des Bâtiments de France, ayant choisi la spécialisation « Patrimoine », j’ai désormais pour mission l’entretien et la conservation des monuments historiques, mais aussi du patrimoine non protégé. »

Je dois également veiller au respect de la qualité architecturale (constructions neuves et réhabilitations) aux abords de ces sites historiques et dans les autres espaces protégés, notamment protégés pour leur valeur paysagère. 

Domaine de Fonds Saint Jacques - patrimoine Martinique
Domaine de Fonds Saint Jacques

Cela vous demande une connaissance approfondie du territoire où vous exercez. Quel regard portez-vous sur le patrimoine de la Martinique ? 

Oui, tout à fait. C’est la raison pour laquelle notre métier s’exerce principalement sur le terrain ! Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, nous sommes bien plus sur les chantiers que devant notre ordinateur.

Un architecte des Bâtiments de France est quotidiennement au contact de la population. Nous travaillons main dans la main avec les professionnels du bâtiment et de la construction, mais aussi avec des artisans.

Notre rôle est de veiller à la qualité de l’habitat, d’accompagner les politiques publiques et culturelles autour de l’aménagement avec les élus et de conseiller sur les cadres de vie, l’espace public et les équipements.

Il faut savoir que les unités départementales de l’architecture et du patrimoine (UDAP) sont des services relevant du ministère de la Culture chargés de promouvoir une architecture et un urbanisme de qualité, s’intégrant harmonieusement dans le milieu environnant.

« La Martinique compte aujourd’hui cent vingt joyaux architecturaux. Il s’agit de continuer à mettre en lumière l’ancien et de rendre pérenne les innovations architecturales contemporaines. »

Pour cela, nous accompagnons les collectivités dans la définition de ce qui fait « patrimoine ».

Vous intervenez notamment dans le montage de dossier pour la protection de ce dit «patrimoine ». Quels sont vos critères de sélection ? 

Nous avons deux critères principaux :

  • Dans un premier temps, ce qu’on appelle la « représentativité ». Nous entendons par là : ce qui est caractéristique du bâti, ce qui constitue l’identité de ces objets architecturaux et en quoi ils représentent un motif récurrent du territoire à protéger.
  • Ensuite, on s’interroge sur « l’authenticité » du site, en regardant les matières d’origine, les techniques de construction, les étapes successives de réalisation, en attachant un intérêt particulier à la conception et les projets d’extension, s’il y en a. 
Villa Chanteclerc - patrimoine Martinique
Villa Chanteclerc

Un mois. Cela fait tout juste un mois que vous êtes de retour en Martinique. Comment appréhendez-vous cette nouvelle étape ? Et quels sont les plus grands chantiers ?

Je suis vraiment très heureuse d’être de retour dans l’île qui m’a vue grandir. Après plusieurs années de formation et des expériences professionnelles, notamment en Roumanie et aux États-Unis, il est toujours bon de revenir avec une expertise et d’apporter son humble contribution au rayonnement d’un territoire.

J’ai à cœur de mettre en lumière le patrimoine de la Martinique, son bâti, ses points de vue, ses paysages et son architecture uniques. Ayant eu l’opportunité de travailler dans plusieurs régions françaises avec des particularités urbanistiques très différentes, la Martinique constitue pour moi une belle et nouvelle grande étape !

À l’heure où l’on parle, je suis encore en train d’analyser les dossiers montés par mes prédécesseurs. J’ai la chance, pour cela, d’être entourés de mes collaborateurs.

Nos prochains chantiers s’inscriront dans la continuité de ce qui a été fait mais nous mettrons un accent particulier sur la valorisation des filières durables locales.

« Nous avons de vrais savoir-faire artisanaux en Martinique : technique de céramique, de tressage, design d’objet à partir de matières biosourceés qui pourraient représenter des pistes d’innovation dans le bâtiment et sur lesquels il va falloir travailler pour anticiper les prochaines années. »

Nous gardons également en tête l’idée de travailler une politique de protection par thématiques comme celle des « marchés couverts ».  

« Il s’agit aujourd’hui de continuer à mettre en lumière l’ancien et de rendre pérenne les innovations architecturales contemporaines. »

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