Pour faire face à la crise, gagner en résilience et en agilité, la Guyane doit se tourner vers de nouveaux modèles de développements économiques, inspirés par l’« innovation frugale ».

Qu’est-ce que l’innovation frugale ?

Une telle crise sanitaire, qui n’arrive heureusement que très rarement, a mis en évidence la capacité de résilience d’un territoire. L’« innovation frugale », consiste à répondre à un besoin de la manière la plus simple et efficace possible en utilisant un minimum de moyens.

« Faire mieux avec moins » — une sorte de « Système D » pour résoudre de manière ingénieuse les problèmes avec peu de moyens.

Les entreprises ont besoin de cet état d’esprit frugal et agile pour faire face et innover face à la crise sanitaire actuelle. 

Des modèles “frugaux”, en capacité de répondre aux enjeux de développement et aux besoins réels de la population, porteurs d’une recommandation forte : éviter d’attendre la réalisation de méta-projets d’infrastructures, d’équipements, de réseaux souvent lourds en investissements et au calendrier de réalisation, toujours de long terme, d’un territoire tel que le nôtre. 

Les préconisations du Cesece

À l’échelle de la Guyane, converger vers un “idéal hexagonal” ou rattraper un retard qui ne fait que s’accroître n’est plus réaliste ni souhaitable… Il s’agit désormais d’agir ensemble, avec les moyens disponibles, forts de nouveaux modèles de développement et d’organisation de la société.

Le Rapport de “sortie de crise” du Cesece Guyane vise à apporter sa forte contribution aux réflexions des acteurs politiques territoriaux et nationaux (Conseil territorial, État central et territorial…) quant à l’atténuation de ses conséquences économiques et sociales et à exprimer également des propositions de mesures concrètes afin de mettre en œuvre une relance durable de la Guyane.  

Nos priorités retenues sont :

  • Le développement humain
  • L’autonomie alimentaire et le changement climatique
  • Le rééquilibrage du territoire
  • La nécessité de « définiteur » des indicateurs propres à la Guyane en vue de mesurer le niveau réel de développement
  • La nécessité (ou l’exigence) de privilégier la démarche endogène pour la création de richesses en Guyane
  • La recherche constante de la réduction, par tous les moyens, de toutes les fractures sociales et territoriales

Trois domaines d’actions nous sont apparus comme prioritaires :

  1. La sauvegarde du développement économique de l’emploi et d’un développement endogène
  2. La santé et le social
  3. La formation, l’éducation de la jeunesse

Identifiés sur chacun de ces 3 volets, selon 3 échelles de temps complémentaires :

  • Le court terme : comment faciliter la relance et les mécanismes de résilience pour se relever et faire face d’urgence à la crise ?
  • Le moyen terme : comment consolider les fondamentaux du territoire : formation des hommes, valorisation des ressources, développement des infrastructures ?
  • Le long terme : quelle(s) transformation(s) structurelle(s) pour soutenir le développement florissant et de long terme du territoire ? 

Les différentes actions du Cesece

1. Adopter des mesures exceptionnelles et pragmatiques pour sauvegarder les activités et les emplois à court terme

Mise en place d’un Fonds d’Urgence Economique des Territoires de Guyane (FUETG) 

Ce fonds permettra d’allouer automatiquement, à travers un guichet dédié aux entreprises ayant essuyé un refus de la banque ou sur la base d’une attestation d’un expert-comptable, un montant de PGE équivalent à trois mois de charges incluant la rémunération du chef d’entreprise, dans la limite d’un plafond de 20.000 €.

Ce crédit sera remboursable dans les mêmes conditions que le PGE. Cette mesure vise à aider les PME/TPE qui ne peuvent bénéficier des aides du gouvernement.

Mise en place d’une série de mesures pragmatiques concernant les marchés publics et visant à soulager la trésorerie des entreprises

  • Garantie du respect par les collectivités d’un délai de paiement à 30 jours dans les marchés publics.

Aujourd’hui les délais de paiement en Guyane sont nettement supérieurs à ceux de la métropole, particulièrement dans le secteur BTP : 50% des paiements se fait à plus de 129 jours en Guyane contre 66 jours en métropole.

Ces délais de paiement, souvent en infraction avec le code des marchés publics, impactent directement le Besoin en Fonds de Roulement et la trésorerie des entreprises.

  • Suppression de la retenue de garantie (la retenue de garantie, allant de 0 à 5% est généralement payée 1 an après réception des travaux et destinée à faire intervenir l’entreprise en cas de problème) qui pénalise la trésorerie des TPE/PME.
  • Application de l’avance de démarrage à au moins 30% sans garantie (sans caution bancaire) dans les marchés publics afin de permettre aux petites entreprises d’y avoir accès, dès la notification de l’OS de démarrage de l’opération. 
  • Mise en place d’un système d’affacturage «inversé », porté par les collectivités.

Les fonds sont avancés par une banque privée, avec une caution de garantie de BPI, et un paiement à l’échéance normale pour l’entreprise. Si les délais de paiement sont dépassés, la banque demande directement les intérêts moratoires aux collectivités et non à l’entreprise. 

Ces mesures visent à très court terme à alléger les difficultés de trésorerie des entreprises et donc à sauvegarder les entreprises et les emplois. 

2. Consolider les fondamentaux de l’économie guyanaise à moyen terme en facilitant les investissements des entreprises pour relancer rapidement l’activité économique et le développement d’une économie plus résiliente

Mise en place d’un Fonds d’aide en fonds propres pour faciliter l’investissement  

Ce projet de fonds d’investissement en fonds propres est destiné à soutenir les PME/TPE guyanaises affectées par la crise.

Le mécanisme d’investissement proposé est simple : des liquidités sont injectées par le fonds dans les entreprises contre une participation aux bénéfices futurs, prenant la forme d’une surcharge fiscale sur plusieurs années, avec une possibilité de rachat par l’entreprise.

Ce fonds est destiné à être rentable. Il serait financé sur le budget de la Collectivité, abondé par l’Etat et les Communautés de Communes qui le souhaitent.

La distribution des fonds aux entreprises se ferait sur la base de l’examen de leur profitabilité récente avant crise et serait effectuée afin d’assurer une bonne diversification du risque et générer une rentabilité correcte.

La mise en place de ce Fonds d’aide en fonds propres doit permettre aux entreprises de bénéficier de suffisamment de liquidités pour maintenir leur niveau d’investissement et permettre la reprise de l’activité économique. 

Transformer l’économie guyanaise sur le long terme en innovant vers de nouveaux modèles économiques au profit d’une résilience renforcée de la Guyane (alimentaire, énergétique, …) avec des solutions locales et agiles. 

Ces micro-unités productives permettent de développer la production locale et ainsi de sécuriser les approvisionnements (sécurisation des approvisionnements en milieu excentré). Cela contribue à faire face aux pénuries que la crise actuelle et les prochaines crises risquent d’engendrer. 

  • Incitation aux démarches de « Plug & Play » : petites unités productives, modulaires, voir mobiles, mutualisées.  

Ces petites unités productives « Plug & Play » permettent, via des investissements raisonnables (cf. concept d’innovation frugale décrit ci-dessus) aux entreprises de se diversifier et de créer de l’emploi.

Ainsi, les politiques publiques devraient encourager le développement notamment de « micro-usine », des micro-unités de production d’énergie (photovoltaïque, biomasse), des solutions de micro-traitement des eaux de pluie (potabilisation) et eaux usées (agriculture) … peuvent constituer des leviers de développement économique et de résilience du territoire.

Ils doivent permettre de mailler le territoire (et combler le manque d’infrastructures) en évitant de recourir aux grands réseaux, aux grands projets d’infrastructures, projets au long-court et coûteux en termes d’investissements.

  • Encourager, développer, structurer les circuits courts, l’autonomie alimentaire et l’autonomie d’approvisionnement en milieu excentré (offrir de nouveaux débouchés et sécuriser les approvisionnements) 

Appliquées à l’agriculture, les micros entreprises doivent permettre de développer les circuits courts. Les politiques doivent encourager une production locale par filière de production, aider les filières à se structurer (les différentes branches agricoles sont peu structurées et les coopératives agricoles fonctionnent pas et/ou mal en Guyane) et inscrire cette stratégie dans le cadre d’un schéma d’orientation de l’agriculture.

Enfin, et à plus long terme, l’innovation doit également permettre d’engager la Guyane vers une mutation plus profonde de son économie : économie décarbonée, digitalisation, relocalisation.

Consultez les 80 fiches actions du rapport sur nos applicatifs web et sur notre site web.

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