La collaboration culturelle caribéenne à la une avec le programme TEECA 

Mode et musique. Le programme TEECA démontre que la collaboration interculturelle est possible et qu’elle peut élargir les opportunités de développement commercial. – Texte Yva Gelin

Lancé en 2018, le projet TEECA de la CCI a pour objectif premier de renforcer les liens commerciaux entre la Martinique et les îles anglophones membres de l’OECO. Plus concrètement, il s’agit de faciliter l’accès aux marchés francophones et anglophones aux entreprises de la zone. Le dispositif est financé par les fonds Interreg Caraïbes. TEECA accompagne au total 29 entreprises dans cinq secteurs : la mode, l’environnement, l’agroalimentaire, la musique et les technologies d’information et de communication (TIC).

Parmi les ambitions du programme, il y a celui de remettre l’art à sa juste place dans la dynamique commerciale et économique : les équipes TEECA ont réuni trois designers pour un défilé mais également une vingtaine d’artistes pour la création d’un album. Le résultat ? Une collaboration interculturelle inédite et des opportunités de développement commercial réelles à saisir !

Une collection « Passion Caraïbes »

Le nom de la collection n’est pas fortuit car, c’est bien autour d’une passion commune, celle de la mode, que la collaboration a été construite puis présentée officiellement au cours d’un défilé en Martinique.

Au préalable, les trois stylistes caribéennes ont travaillé en deux temps : La première phase fut celle d’une création commune, avec l’élaboration d’une seule tenue en hommage à l’ancien mannequin Mounia. Cette première tenue a ensuite été déclinée en une collection capsule de 15 pièces. Une réussite dont se réjouit Stéphanie Pujar, cheffe de projet TEECA à la CCI Martinique, « les artistes et petites entreprises caribéennes peuvent se sentir freinées dans leur développement. Avec ces actions, nous montrons qu’en unissant leurs talents et leurs moyens, ils peuvent avoir un impact à l’international ». La phase de commercialisation démarre maintenant.

« Les industries créatives sont de véritables atouts pour le développement économique de nos territoires caribéens. Elles sont trop souvent mises de côté mais elles ont une vraie carte à jouer. »

Un album « Caribbean Flava »

Côté musique, les enjeux sont similaires : pour accroître la visibilité tout en encourageant la co-création, une résidence de 20 artistes dont cinq producteurs a été organisée en mars 2020 à la Villa Marine aux Trois-îlets. Pendant 5 jours, ils ont partagé leurs savoir-faire, échangé de bonnes pratiques, chanté, fredonné, écrit ensemble… un véritable groupe est né et les collaborations ont été fructueuses.

De ce Caribbean Music Camp, 26 compositions ont vu le jour et un EP* de cinq titres a été réalisé. Baptisé Caribbean Flava, il propose un univers musical aux influences diverses et modernes : électro pop, dancehall, salsa ou encore RnB. Une multitude de styles à l’image des participants aux origines diverses : Saint-Vincent, Antigua, Sainte-Lucie, la Martinique, l’Angleterre ou encore les Etats-Unis.

L’EP, en ligne sur les plateformes de streaming, est disponible depuis la date symbolique du 21 juin et devrait donner lieu à la réalisation de clips dans les mois à venir. Mais le vrai point positif, comme le soulève Stéphanie, est d’avoir pu accompagner la professionnalisation et le développement des industries créatives : « Ces dernières sont de véritables atouts pour le développement économique de nos territoires caribéens. Elles sont trop souvent mises de côté mais elles sont une vraie carte à jouer. » 

*De l’anglais Extended play, nom utilisé pour désigner un album court généralement entre 4 et 6 titres.