Audace et accompagnement d’experts, la recette réussie de Ti Po Péyi 

Créer une entreprise pendant la crise sanitaire ? Un pari risqué. Mais Rachel Lollia, électron libre bouillonnant de créativité, ne s’est pas laissée impressionner, décidée à se lancer coûte que coûte… et sur tous les fronts ! – Texte Audrey Juge

Elle a su tous les convaincre. Enfants, parents, éditeur, expert-comptable, banquiers, agriculteurs. Avec Ti Po Péyi, Rachel a séduit tous les publics et a prouvé que pugnacité, passion et sens peuvent concrétiser un projet ambitieux. Interview croisée d’une inspirante battante dans l’âme et de ses partenaires Franck Anzala, expert-comptable et Rosan Mounien, Directeur des Entreprises au Crédit Agricole.

Rachel, vous aviez évoqué en mars dernier la nouvelle ambition de Ti Po Péyi, après l’édition de 3 guides de recettes, de proposer aux tout-petits une gamme de petits pots sains, issue de produits locaux biologiques et qui respecte la saisonnalité de notre territoire. Quelles ont été les étapes clefs de la construction du projet ?

Rachel Lollia : Pour l’entrepreneuriat, il n’y a pas d’ascenseur, uniquement des escaliers et beaucoup, beaucoup de marches ! Il faut en permanence jongler entre ses ressources, ses motivations, le temps et la réalité pour y arriver. J’ai dû tenir compte des contraintes du territoire : micromarché et filières par toujours structurées.

« « Pourquoi le fait-on ? Répond-il a un besoin ? Est-il innovant, rentable ? Et surtout est-on prêt à tout ? » sont des questionnements incontournables. »

Rachel Lollia

De plus, créer une société commerciale de l’ESS au format startup a eu son lot de difficultés car inhabituel en Guadeloupe. L’accompagnement s’est donc avéré nécessaire, que ce soit au niveau de l’expertise comptable, bancaire ou juridique. La question de la légitimité du projet est aussi importante : « Pourquoi le fait-on ? Répond-il a un besoin ? Est-il innovant, rentable ? Et surtout est-on prêt à tout ? » sont des questionnements incontournables et l’accompagnement de mon expert-comptable m’a aidé à y répondre et à gagner beaucoup de temps.

Franck, comment avez-vous procédé ?

Franck Anzala : Nous avons chiffré, au cours de plusieurs séances de travail, les différentes hypothèses de l’activité tant en phase de lancement, qu’en phase de développement. Nous les avons validées ensemble pour in fine aboutir à un projet viable, que nous avons matérialisé à travers le business plan. L’expert-comptable a aussi un rôle à jouer dans la recherche de financements. Bien que Rachel ait été très active sur ce point-là, il s’agit aussi d’aiguiller sur les dispositifs existant, la défiscalisation ou l’accès aux fonds régionaux par exemple.

« L’expert-comptable a aussi un rôle à jouer dans la recherche de financements. Il peut aiguiller sur les dispositifs existant, la défiscalisation ou l’accès aux fonds régionaux par exemple. »

Franck Anzala

Rosan, le Crédit Agricole a à cœur le soutien des entreprises qui répondent à un besoin du territoire. Le fait que Ti Po Péyi se positionne sur plusieurs problématiques de la Guadeloupe, est-ce ce qui vous a séduit ?

Rosan Mounien : Tout d’abord, nous sommes une banque du territoire et sommes très attachés à ce qui permet et accompagne son développement. De plus, Rachel s’est distinguée par sa maîtrise de son sujet. Son projet est mûr, elle sait que son produit est attendu et qu’elle apporte quelque chose d’innovant pour le territoire mais surtout du bien-être à sa clientèle. On n’en voit pas souvent des comme ça ! La manière dont elle a construit son projet, les étapes franchies, sa détermination, c’est un exemple qu’il faut montrer sur le territoire. Il est très rare d’avoir des porteurs de projets de cette qualité, nous n’étions pas prêts (rires) !

Ti Po Péyi a donc aussi fait bouger les lignes de la banque !

R.Mounien : Absolument. Avec son projet, nous avons dû nous réinventer et adapter notre service, revoir nos outils et même en créer, pour bien répondre à ses besoins et accompagner sa dynamique. On ne peut pas faire que du financement. J’ai demandé à ce que Rachel rencontre ma direction pour confirmer cette nouvelle dynamique que nous avions observée et le rôle que nous pourrions y jouer : l’encourager, l’accompagner et contribuer à la création ou la mise à disposition d’outils adaptés aux besoins des startups, des entreprises innovantes et des structures de l’ESS. L’incubateur Le Village by CA étant une de ces réponses.

« La manière dont Rachel a construit son projet, les étapes franchies, sa détermination, c’est un exemple qu’il faut montrer sur le territoire. »

Rosan Mounien

L’accompagnement est donc capital dans la réalisation d’un projet…

R. Lollia : Tout à fait, les conseils avisés de Franck et de Rosan m’ont éclairée sur des points non identifiés ou non maîtrisés. C’est de l’échange sur tout le cheminement et encore aujourd’hui. Je les ai choisis pour m’accompagner mais eux aussi. Avoir exposé mes perspectives de développement leur a permis de mieux m’accompagner et me donner les clefs pour garantir ma société dans les années à venir. Intégrer le Village by CA, qui démontre une dynamique certaine pour le territoire, me permettra de participer un peu plus au développement de cet écosystème.

Quel conseil donneriez-vous à un porteur de projet ?

R. Mounien : Il y a des étapes progressives et incompressibles à respecter pour arriver jusqu’au banquier, que l’expert-comptable vous aidera à franchir. Passer ces étapes permettra au banquier d’apprécier les qualités du porteur de projet, sa motivation et son engagement, premiers facteurs de décision d’accompagnement. Aller chercher le bon conseil représente un coût qui n’est pas à négliger.

« Faites preuve d’audace, même pour demander de l’aide. Quoi qu’on puisse rêver de mettre en place, l’audace a du génie, du pouvoir et de la magie, donc il faut vraiment y aller ! »

Rachel Lollia

F. Anzala : Quand on se lance, l’incertitude est toujours présente. Se faire accompagner permet de se rassurer et augmente les chances de réussite de votre projet.

R. Lollia : Faites preuve d’audace, même pour demander de l’aide. Quoi qu’on puisse rêver de mettre en place, l’audace a du génie, du pouvoir et de la magie, donc il faut vraiment y aller !