Comment améliorer l’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap ? 

Inclusion. Avec le PRITH (Plan Régional d’Insertion des Travailleurs Handicapés), la DEETS (Direction de l’Économie, de l’Emploi, du Travail et des Solidarités) espère lever les freins des entreprises à l’embauche et au maintien en emploi de personnes en situation de handicap. – Texte Audrey Juge

Nous avons recueilli les explications sur ce Plan et ses objectifs auprès de Gaëlle Lacoma, Inspectrice du travail chargée de l’inclusion professionnelle des porteurs de handicap à la DEETS et Edwige Meissel, Chargée d’étude et développement à la Délégation Antilles-Guyane de l’Agefiph coordinatrice du PRITH.

Qu’est-ce que le PRITH ?

Gaëlle Lacoma : Le PRITH, créé en 2009 et sous la gouvernance de la DEETS, incarne un espace de coopération territoriale réunissant des acteurs institutionnels mais aussi ponctuellement des associatifs référents, des partenaires sociaux.

Son objectif est d’offrir aux usagers, autant les employeurs que les personnes en situation de handicap ou la population dans sa globalité, une information et des solutions en termes d’emploi, de formation et de maintien en emploi des personnes en situation de handicap. Pour rappel, en Guadeloupe, le taux d’emploi de ce public cible est de 2,71% dans le secteur privé, de 3,39% dans le secteur public face à un objectif national de 6% dans les collectifs de travail de 20 personnes et plus.

« Le PRITH aide à déconstruire les clichés et rendre effective l’insertion professionnelle de nos concitoyens en situation de handicap. »

Notre volonté est d’amplifier l’offre de service des acteurs institutionnels : DEETS, Conseil Régional, Conseil Départemental, MDPH, Pôle Emploi, Cap Emploi, Mission Locale, AGEFIPH, FIPHP, CGSS, ARS, Rectorat. 

Le PRITH aide à déconstruire les clichés et rendre effective l’insertion professionnelle de nos concitoyens en situation de handicap : organisation de webinaires pour les employeurs sur le maintien en emploi des drépanocytaires, de personnes diagnostiquées d’un cancer, campagne de communication en cours du PRITH…

Edwige Meissel : Depuis fin 2020, avec le renouvellement de notre Convention cadre 2020-2025, l’idée est de se connecter encore plus aux réalités de terrain et aux attentes du territoire. Nous avons élargi à 12 le nombre de partenaires signataires pour positionner la coordination de ce collectif en offres de services pour chacun des partenaires, mais aussi pour les acteurs du terrain. Nous avons collecté les besoins de chacun et défini une feuille de route 2021 avec les actions prioritaires à mener.

Quel message adresser aux employeurs ?

G. L. : Seulement 20 % des personnes contractent un handicap à la naissance et plus de 80 % des handicaps sont invisibles et ne nécessitent pas forcément d’aménagement des postes de travail. Il existe des personnes/structures ressources dédiées à ces aménagements, qui financent et mobilisent des aides techniques, matérielles, financières dès lors que l’employeur est prêt à devenir un « employeur handiaccueillant ». Les nouvelles dispositions telles que le référent Handicap (dans les entreprises de +250 salariés, dans les CFA) doivent permettre d’activer la démarche. Employeurs, soyez acteurs du changement !

« Nous avons pour chaque institution représentée, des interlocuteurs de très grande qualité, très engagés et extrêmement dynamiques par rapport au handicap. »

E. M. : Les handicaps pour la plupart sont liés à des Maladies Chroniques Évolutives (MCE) et invalidantes, très représentées dans nos territoires (diabète, drépanocytose, hyper-tension, AVC…), cela peut toucher tout le monde !

Les employeurs savent que la différence et la diversité des profils font la force d’un collectif. Et le handicap participe énormément à la richesse de la différence. Pour ceux qui osent, ils se rendent compte qu’avec une société plus inclusive les démarches sont facilitées. Nous avons vraiment pour chaque institution représentée, des interlocuteurs de très grande qualité, très engagés et extrêmement dynamiques par rapport au handicap.

Quelles sont les missions prioritaires du PRITH et quelles actions concrètes avez-vous déjà engagé ?

G. Lacoma : La feuille de route 2021 s’articule autour de 4 axes stratégiques : 1) l’accès à la formation avec un focus sur l’alternance dont l’apprentissage ; 2) l’accès à l’emploi avec la mobilisation des employeurs ; 3) le maintien en emploi et la prévention de la désinsertion professionnelle ; 4) l’évaluation des différentes actions entreprises et la communication. 

E. Meissel : Pour l’axe 1 (accès à la formation), on s’est orienté sur l’accompagnement de l’ESPO/ESRP EMERGENCE, nous avons relancé et travaillé sur l’élargissement du dispositif CPAA aux adultes qui auraient besoin de temps pour se réinsérer professionnellement et nous souhaitons également accompagner les jeunes sortant d’IMPro ainsi que leur référents éducatifs à anticiper leur immersion en milieu ordinaire. La DEETS a financé une formation pour sensibiliser les acteurs du PRITH et des référents associatifs sur l’accompagnement d’une personne identifiée autiste dans un processus d’insertion professionnelle.

« La DEETS a financé une formation pour sensibiliser sur l’accompagnement d’une personne identifiée autiste dans un processus d’insertion professionnelle. »

Pour l’axe 2 (mobilisation des employeurs), nous soutenons le Dispositif Emploi Accompagné (DEA) pour soutenir les personnes, soit dans leur insertion professionnelle, soit dans le cadre du maintien dans l’emploi, par un coaching professionnel et médico-social. Il permet aussi d’aiguiller les employeurs et les collectifs de travail afin de fluidifier au maximum la relation avec le nouvel employé. Nous avons aussi entrepris de rencontrer les organisations patronales (UDE MEDEF, FTPE) et les OPCO (avec l’ARACT) et espérons que c’est une amorce de collaboration pour valoriser un vivier de talents du côté des personnes en situation de handicap. Nous déployons aussi une convention multi-partenariale, Prism’Emploi, afin de permettre aux personnes handicapées de travailler préférentiellement dans le cadre de l’intérim pour développer des compétences et expérimenter différents secteurs d’activités.

Pour l’axe 3 (maintien et prévention de la désinsertion professionnelle), nos objectifs sont de travailler sur le montage d’une cartographie des offres de services des partenaires, savoir expliciter un processus au salarié et identifier les acteurs adéquats et mobiliser de manière importante les médecins traitants et du travail pour une information et une sensibilisation du salarié en situation de handicap. Dans le cadre du maintien, nous devons être dans une démarche la plus anticipatrice possible car elle garantit ce maintien.