Gardienne inlassable de la biodiversité

Sur les deux millions d’espèces connues à ce jour au plan mondial, 80% d’entre elles vivent en terres ultramarines. « Aux Antilles-Guyane, notre biodiversité allie richesse et fragilité. C’est un patrimoine naturel incomparable, qu’il s’agit de préserver des menaces climatiques qui s’annoncent tout en valorisant ses ressources environnementales nourricières. » Une assertion militante bien conforme à la signature comportementale de Sylvie Gustave-dit-Duflo.

Personnalité politique au caractère bien trempé, pétrie de convictions fortes au service du bien public, elle cumule des postes de responsabilité essentiels à ses yeux, avec une détermination sans faille mêlée d’humilité non feinte.

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Jalons mémoriels

Marqueuse de paroles et d’actes signifiants dans sa sphère régionale de compétence, Sylvie Gustave-dit-Duflo s’implique de longue date, sur tous les fronts de ce combat permanent contre l’atrophie préoccupante de la diversité du vivant.

En sa terre natale de Guadeloupe, ses plus récents faits d’armes forcent le respect : cheville ouvrière (en octobre 2019) de la première Conférence internationale sur les algues sargasses préfigurant des pistes de revalorisation durable dans la Grande Caraïbe, elle a également initié la refonte du Plan d’élimination des déchets ménagers, jusqu’à s’imposer en ordonnatrice régionale de la mise en place de 8 déchèteries sur le territoire, outre leurs plateformes de revalorisation associées.

Goût de l’effort quotidien et du travail bien fait, sens de la performance d’équipe, maîtrise des dossiers essentiels, empathie relationnelle, pragmatisme opérationnel… Les atouts professionnels qu’on lui reconnaît puisent leurs sources dans un terreau familial qu’elle évoque avec tendresse et fierté. Figure tutélaire d’une famille bien connue du monde rural du Baillif, père d’une fratrie de 15 âmes, Daniel Hatchi, son grand-père maternel, petit exploitant de bananes des montagnes, incarne dans son souvenir la force tranquille d’un socle fondateur. « N’oublie jamais d’où tu viens, ne renie jamais tes racines où que tu ailles demain, quoi que tu fasses de ta vie plus tard, aimait-il à répéter ». Un humus nourricier d’heureuse mémoire, « où le sens de l’effort, de la terre et de la vie, le culte de l’entraide et la solidarité native de ces hommes et de ces femmes du temps-jadis, en ont fait les tisseurs attentifs et économes d’un lien social à valeur d’exemple. Ils ont forgé mon destin. »

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Le pire n’est jamais sûr

Unanimement respectée, au plan national, pour sa maîtrise des grands dossiers, Sylvie Gustave-dit-Duflo s’affirme « profondément concernée par l’avenir de nos jeunes générations en quête de sens et de repères. » Tous ces jeunes diplômés formés à l’étranger mais hostiles encore à un retour en terre natale saturée de crises, font par essence partie de ces décideurs de demain dont le “péyi” a besoin. Pour eux, elle en est convaincue, « le pire n’est jamais sûr ». Une vision qu’elle défend et qu’elle a transmis en premier lieu à ses enfants, Camille et Nathan, ses jumeaux de 20 ans d’âge, l’une étudiante en architecture du patrimoine et l’autre en virologie clinique. Le retour au péyi n’est pas à l’ordre du jour mais la question est posée comme une prise de conscience et de responsabilité.

Au delà de sa propre famille d’ailleurs, en chacun des faiseurs d’espérance ultra-marins qu’elle a rencontrés au cours de sa carrière, elle identifie  « un esprit de résilience venu du fond des âges, un refus farouche de toute assignation à résidence négatrice de ses compétences ». Cet esprit natif d’espoir et de combat, elle en est convaincue, est un héritage des cultivateurs-éleveurs des campagnes, ceux là même qui l’ont inspirée elle dans son parcours initiatique de mère, d’élue « consciente et responsable », de citoyenne qui a choisi depuis longtemps de prendre ses responsabilités et s’impose aujourd’hui en sentinelle militante écoresponsable.

Une trajectoire hors normes 

Biologiste de formation, scientifique par vocation, Sylvie Gustave-dit-Duflo est maître de conférences à l’Université des Antilles et, depuis 2015, vice-présidente de la Région Guadeloupe, en charge de la commission environnement, eau et cadre de vie. « Ce sont mes deux seules sources de revenus » affirme celle qu’a porté, sa vie durant, le « respect d’une saine utilisation des deniers publics. » Elle assume, en effet, « bénévolement » d’autres grandes missions de service public.

Récemment intronisée Présidente du conseil d’administration de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) – établissement public majeur (514 M€ de budget annuel, 3000 agents) dédié à la préservation et valorisation du patrimoine naturel national, Outre-mer compris, elle est également Présidente de l’Agence régionale de la biodiversité des îles de Guadeloupe – bras armé opérationnel de l’OFB sur l’archipel – et Présidente du Comité de l’eau et de la biodiversité – parlement officiel en charge de la mise en œuvre des schémas de planification de ses diverses cibles d’intervention. 

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