Méthodologie. L’innovation, pour atteindre son plein potentiel en Martinique, se doit d’intégrer davantage d’ingénierie. Détails avec Pascal Fardin, Délégué Général de Contact-Entreprises. – Texte Yva Gelin

« Le terme « ingénierie » regroupe toutes les méthodes et logiques de travail qui consistent à faire avancer et aboutir un projet. »

En quoi l’innovation a-t-elle besoin d’ingénierie ?

Le terme « ingénierie » regroupe toutes les méthodes et logiques de travail qui consistent à faire avancer et aboutir un projet. Innovation et ingénierie sont liées car, à notre sens, cette dernière est un axe de progrès majeur dans notre stratégie de développement économique. En particulier l’ingénierie financière qui consiste à capter les fonds et investissements disponibles pour un porteur de projet ou une entreprise : une partie de nos entreprises, notamment les TPE et les PME, ne mobilise pas suffisamment ces sommes.  

« Un des constats est que les projets ne captent pas suffisamment les subventions et investissements auxquels ils peuvent prétendre. Pourtant, les fonds disponibles sont importants. »

Pourquoi parlez-vous d’axe de progrès majeur ?

Lors du comité de pilotage territorial de relance en février, un bilan a été fait sur l’avancement des projets mais aussi sur la consommation des crédits disponibles dans le cadre de France Relance. Un des constats est que les projets ne captent pas suffisamment les subventions et investissements auxquels ils peuvent prétendre. Pourtant, les fonds disponibles sont importants.

La CTM, par exemple, annonce une programmation globale avancée à 49%. Autre exemple, à l’occasion de l’élaboration du Petit Livre Vert, après avoir impliqué une soixantaine d’acteurs économiques, de nombreux porteurs de projets nous ont fait état du manque de financement vécu dans leurs démarches, alors que les institutions ont précisé avoir des fonds disponibles non consommés, notamment autour de la transition écologique et durable.

« Un axe de progrès économique est celui de la recherche, et notamment les projets de recherche & développement, qui peuvent se révéler essentiels pour la croissance de nos entreprises. »

Quels secteurs sont aujourd’hui particulièrement concernés ?

Tous les secteurs dits traditionnels et innovants sont concernés, même si l’accent est souvent mis sur le numérique, le développement durable ou la transition énergétique. Aussi, un axe de progrès économique qui selon nous n’est pas suffisamment évoqué, est celui de la recherche, et notamment les projets de recherche & développement, qui peuvent se révéler essentiels pour la croissance de nos entreprises.

« Permettre à l’innovation de se développer au sein des entreprises et des institutions renforcerait la demande en emplois qualifiés, nécessitant des formations dites supérieures. »

Donc le développement du territoire est étroitement lié à une question d’outils et dispositifs ?

Oui, par sa nature l’ingénierie participe au développement économique d’un territoire et plus directement, dans notre contexte, à la relance économique. L’optimisation de cette logique autour de l’ingénierie pourrait également avoir un impact sur la démographie martiniquaise, qui reste une problématique majeure. Alimenter ce cercle vertueux et permettre à l’innovation de se développer au sein des entreprises et des institutions renforcerait la demande en emplois qualifiés, nécessitant des formations dites supérieures.

Il s’agit de faciliter et fluidifier les initiatives car sur le terrain, on est parfois confrontés à une sorte de pudeur entrepreneuriale qui consiste à ne pas voir trop grand, trop vite, par manque d’information. Et pourtant, des outils et des fonds sont disponibles pour que l’innovation irrigue encore davantage l’économie martiniquaise.

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