Conscient des enjeux sociétaux qui pèsent sur la Guadeloupe en matière de recherche et d’innovation, la Région Guadeloupe déploie les grands moyens pour développer ce secteur. L’élue en charge du dossier, Marie-Luce Penchard, dévoile la stratégie régionale.

Texte Sarah Balay – Photo Jude Foulard

Nous manquons d’entreprises engagées pour transformer nos idées innovantes en valeur

Marie-Luce Penchard, 2e vice présidente de la Région Guadeloupe, présidente de la commission économie, recherche et innovation, économie sociale et solidaire.

Quel est l’écosystème actuel de l’innovation pour la Région Guadeloupe ?

La Guadeloupe dispose d’un des dispositifs de recherche public les plus importants des Outre-Mer avec sept organismes : le BRGM(1), le CIRAD(2), l’INRAE(3), l’INRAP(4), l’INSERM(5), l’institut Pasteur, l’IPGP/OVSG(6) et le pôle universitaire Guadeloupe de l’université des Antilles (UA). Plus de 850 personnes, enseignants chercheurs, chercheurs, techniciens sont mobilisés et des structures de soutien et de transfert de l’innovation existent comme le pôle Synergîles, une pépinière d’entreprises innovantes « Audacia », un Fablab, un Makerspace, un cluster maritime et un cluster numérique (labellisé communauté French Tech en 2020), le projet PIOM
« Technopôle Archipel Guadeloupe 5.0 » qui vise le déploiement d’infrastructures et d’équipements de transfert technologique et d’innovation, une technopole de services labellisée Retis, I-NOVA et la création d’un campus santé. Côté formation, l’UA délivre depuis 2012 des diplômes d’ingénieurs.

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Selon une récente étude, ce secteur présente toutefois des défaillances. Quelle est la stratégie de la Région Guadeloupe pour y remédier ?

La Guadeloupe compte beaucoup de porteurs d’idées, notamment au sein des laboratoires de recherche, mais l’offre d’accompagnement technique et stratégique n’est pas suffisamment structurée. Résultats : nous manquons d’entreprises engagées pour transformer ces idées en valeur. D’où l’intérêt de multiplier les dispositifs d’appuis financiers en faveur de l’innovation. Depuis 2016, le conseil régional en a d’ailleurs fait sa priorité via ses différents schémas régionaux. La Région se saisit de toutes les opportunités comme l’appel à projets PIA 3 (programme d’investissement avenir). Près de 2 millions d’euros ont été engagés à parts égales entre l’État et la collectivité, au bénéfice de sept projets lauréats. Pour le PIA 4, qui vise à accélérer l’innovation dans tous les secteurs, la Région prévoit de doubler son enveloppe.

Dans le cadre du REACT-EU (réponse européenne à la crise Covid), la Région a mis en place un dispositif de financement par avance remboursable (2 millions sur 2 ans) destiné aux startups, aux petites entreprises et PME(7) innovantes. Entre 2021 et 2022, neuf entreprises ont pu en bénéficier. En parallèle, la collectivité maintient trois dispositifs de financements : le chèque TIC(8), le chèque innovation et l’aide régionale à la R&D et à l’innovation. 48 millions d’euros de fonds européens (FEDER) sont aussi mobilisés sur la période 2021-2027.

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Quelles sont les ambitions de la technopole de service I-Nova lancée en octobre ?

I-NOVA, présidé par Sébastien Luissaint, dirigeant de l’entreprise Myditek, doit rayonner localement via trois missions majeures : l’animation, la mise en réseau des acteurs de l’innovation et le soutien aux filières ; la détection, la sensibilisation, l’orientation et l’accompagnement des porteurs de projets et entreprises innovantes ; la veille, la prospective et la contribution à la stratégie régionale de marketing territoriale sur les champs de l’innovation, notamment au travers de la promotion de la marque Guadeloupe, terre d’innovations et d’expérimentations. C’est un accélérateur d’avenirs pour positionner notre archipel vers la souveraineté alimentaire, énergétique et la résilience de notre économie face aux aléas climatiques.

En quoi est-ce important pour nos territoires de miser sur l’innovation ?

La Guadeloupe ne peut pas rester enfermée dans ses fonctionnements traditionnels. Elle doit intégrer cette modernité. L’innovation est un enjeu majeur de compétitivité et de durabilité pour nos entreprises. Elle offre des opportunités à nos jeunes diplômés et optimise nos atouts et nos forces autour des croissances vertes et bleues. Demain, le vieillissement de la population impliquera le déploiement de nouveaux services à la personne et un boom de la silver économie. Nous devons être prêts.

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(1) BRGM : bureau de recherches énergétiques et minières
(2) CIRAD : centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement
(3) INRAE : institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
(4) INRAP : institut national de recherches archéologiques préventives
(5) INSERM : institut national de la santé et de la recherche médicale
(6) IPGP/OVSG : observatoire volcanologique et sismologique de la Guadeloupe
(7) PME : petites et moyennes entreprises
(8) : TIC : technologies de l’information et de la communication