GMA : 50 ans de production au service du territoire

Leur histoire se confond avec les progrès décisifs de l’économie guadeloupéenne. Les Grands Moulins des Antilles, pierre angulaire de notre territoire, entrent cette année dans le demi-siècle d’existence. Échanges avec Franck Desalme, directeur général émérite de l’entité.

Texte Audrey Juge – Photo Lou Denim

Je crois énormément à la puissance des RH, car sans la qualité des Hommes, il ne peut y avoir de grandes entreprises

Franck Desalme, directeur de GMA

Les GMA fête leurs 50 ans cette année et une histoire faite d’innovations et de réinvention. Quelles en sont selon vous les grandes lignes ?

Nous sommes un acteur de l’agro-transformation sur deux branches basiques et essentielles. La farine panifiable, en relation directe avec le secteur de la boulangerie artisanale, grâce à laquelle nous sommes présents dans les foyers à travers le pain quotidien, et l’aliment animal, qui nous lie indéniablement à la filière agricole et nous érige en partenaire majeur du développement de l’élevage sur le territoire et donc de la viande dans l’assiette des Guadeloupéens.

Depuis notre création, nous avons mis la qualité des productions au centre de nos préoccupations avec la création d’un laboratoire d’analyse des matières premières et des produits finis dans les années 80 ainsi qu’en devenant la première entreprise certifiée ISO 9002 de Guadeloupe dans les années 90. Nous nous sommes automatisés et modernisés au travers de nombreux investissements techniques dans les années 2000 pour garantir une meilleure productivité et une traçabilité des produits, mais aussi pour améliorer les conditions de travail des hommes qui composent l’entreprise et satisfaire en régularité, en fiabilité et en qualité les marchés sur lesquels nous sommes positionnés pour arriver jusqu’à cette année, qui marque nos 50 ans d’existence sur le territoire. 

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Quelle a été la stratégie qui a fait des GMA un monument historique du patrimoine économique de la Guadeloupe ?

Nous nous sommes développés avec une philosophie d’entreprise citoyenne. Depuis 1973, l’entreprise a permis à de nombreuses familles de s’accomplir en créant des emplois (plus de 64 collaborateurs aujourd’hui), mais s’est aussi engagée activement dans la vie de l’archipel, que ce soit au niveau culturel ou associatif. La volonté d’être au service de la population fait partie de notre ADN tout comme notre implication dans la vie économique de l’archipel, pour faire en sorte de continuer de réaliser nos ambitions en accord avec les grands sujets du futur de la Guadeloupe et des Guadeloupéens.

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Comment se dessine l’avenir du groupe ?

Je fais partie de ceux qui croient énormément à la puissance des RH car sans la qualité des Hommes, il ne peut y avoir de grandes entreprises. Notre challenge depuis un peu plus de 2 ans est de renforcer nos compétences sur le territoire, notamment avec la formation de nos collaborateurs pour mieux aborder le futur et ses défis. L’innovation occupe une place prépondérante dans notre réussite à répondre aux exigences de notre clientèle tout en tenant compte des nouvelles contraintes environnementales et énergétiques. Nous sommes conscients que notre évolution passera par l’optimisation de nos process de fabrication, de nos approvisionnements en matières premières, et de notre packaging, déjà amélioré en 2004 avec des sacs biodégradables, avec l’objectif de maintenir le pouvoir d’achat de notre clientèle. Beaucoup de choses sont possibles ici, le tout étant d’avoir la volonté de les mettre en place.

GMA c’est une aventure collective

« Sans la qualité des Hommes, il ne peut y avoir de grandes entreprises. » Franck Desalme est de ces dirigeants qui croient énormément à la puissance des RH. À l’occasion de la date qui consacre un demi-siècle d’activité, nous avons rencontré 5 salariés de GMA qui, à travers eux et leur métier, nous ont parlé de l’histoire commune de l’entreprise.

Derick Destrac, 30 ans

Opérateur logistique, adjoint au responsable du magasin de farines alimentaires

« Cela fait 11 ans que je travaille avec GMA. » Derick connaît très bien l’entreprise qu’il a commencé à côtoyer durant ses études. « Mon entrée dans la société est plutôt atypique. J’ai passé un BTS CGO (comptabilité et gestion des organisations) en alternance chez GMA, puis je suis parti voyager avant d’entrer dans la vie active. De retour en Guadeloupe, je suis venu saluer ma tutrice et c’est lors de cette visite que j’ai rencontré Franck Desalme. Il m’a alors proposé une mission d’archivage pour 6 mois qui, au final, a duré 1 an. » C’est donc par un coup du destin que Derick intègre les GMA, sans savoir à l’époque qu’il ne les quitterait plus. Il accède ensuite à un poste d’aide magasinier à l’usine de farines alimentaires, en renfort au responsable du magasin. « J’étais en charge d’observer et amener ma touche comptable pour améliorer certains process. De fil en aiguille, ma charge de travail intellectuelle et physique a crû et j’ai grimpé les échelons jusqu’à devenir adjoint du responsable de magasin. » Aujourd’hui, Derick endosse un rôle pluridisciplinaire dans l’entreprise. « Je suis un couteau suisse rattaché au magasin de farines. J’assure le suivi des ventes et je supervise l’import-export : j’effectue le déchargement et l’entreposage des matières premières destinées aux farines alimentaires et à l’aliment pour animaux, et j’exporte les farines en Guyane, à Saint-Martin et à Saint-Barthélemy. Je fais aussi le lien avec la comptabilité. » Après 11 ans, Derick est reconnaissant du chemin parcouru. « J’ai beaucoup évolué personnellement et professionnellement grâce à GMA qui m’a toujours soutenu dans l’atteinte de mes objectifs. Je les en remercie car aujourd’hui je suis épanoui et je me sens vraiment partie intégrante de cette société solide et symbolique. C’est très gratifiant de savoir qu’à travers mon travail, je suis présent dans les foyers guadeloupéens et je suis fier de participer à la célébration de ses 50 ans cette année. »

Nadine Denon, 41 ans

Technicienne de laboratoire

« Allier la rigueur du contrôle à mon grand intérêt pour les sciences liées à l’alimentation, c’est ce que j’aime dans mon métier. » En tant que technicienne de laboratoire, Nadine est un maillon essentiel à la chaîne de production. « Mon rôle est d’analyser les matières premières et les produits finis, autant pour les farines alimentaires que pour l’aliment pour animaux. Je vérifie la qualité de tous ces produits pour m’assurer qu’ils respectent les normes établies. » Après un cursus scolaire bien tracé – d’abord un DUT en génie biologique option agroalimentaire complété d’une licence en biologie – Nadine intègre GMA il y a 18 ans. Une moitié de vie passée dans l’entreprise, qu’elle assume avec toujours autant d’entrain. « Mon rôle est certes encore le même aujourd’hui, mais j’ai pu monter en compétences et acquérir de nouvelles connaissances au fil du temps. Travailler dans une industrie donne aussi une certaine dynamique à ce métier, ce qui fait que je n’ai pas le temps de m’ennuyer ! Les besoins et les attentes de la production ne sont jamais les mêmes, il faut constamment s’adapter pour y répondre parfaitement, d’autant plus que nous avons deux unités de production à satisfaire. Ce travail, que j’effectue avec deux autres techniciennes et une responsable, nécessite donc des qualités telles que la patience, la souplesse et l’esprit d’équipe pour que ça matche ! Et savoir que mon travail est au cœur des besoins de la Guadeloupe, des éleveurs, des boulangers et de la population est très valorisant. » Nadine, qui a déjà célébré les 40 ans GMA, se réjouit de participer à ses 50 ans cette année. « Il n’y a pas beaucoup de sociétés encore en place après 50 ans, qui portent autant de projets et qui restent en quête de toujours faire plus et mieux. C’est très gratifiant d’en faire partie, car j’ai de quoi témoigner de l’impact de mon travail à mes enfants et à ma famille quand nous achetons le pain à la boulangerie. Être au service des Guadeloupéens est une réelle fierté ! »

Marc Vogler, 57 ans

Technicien de maintenance, adjoint au responsable de maintenance

« Mon métier, c’est la mécanique. » Pour cet expatrié de la région strasbourgeoise en 1992, rien de plus agréable que le travail manuel. « J’ai toujours travaillé dans la maintenance de machines car j’aime les choses concrètes et en contact avec la réalité. Avoir les mains dans la graisse ne me dérange pas, au contraire ! » Très peu de théorie pour lui, ce qu’il aime, c’est l’action. Et son poste de technicien de maintenance le satisfait pleinement. « C’est un travail très intéressant et varié qui m’occupe à plein temps ! Au quotidien, je suis en charge de contrôler le bon fonctionnement de toutes les machines de GMA. Cylindres, plansichters (appareils servant à classer selon leur grosseur, par tamisage, les produits de la mouture des grains de blé), presses, mais aussi le matériel de manutention comme les transporteurs à chaîne, les élévateurs, les ensacheurs… J’assure leur maintenance et j’interviens en cas de panne. Je suis aussi la gestion et les commandes de pièces détachées car on est loin des fournisseurs. Il faut anticiper et stocker beaucoup plus de pièces, et en vérifier régulièrement l’état pour éviter l’usure liée à la chaleur du climat qui détériore le matériel. » En parallèle, Marc opère aussi le déchargement des bateaux de matières premières. « Avec une équipe, je réceptionne les produits à l’aide d’un portique de déchargement, sorte d’aspirateur, pour les stocker dans les silos à une vitesse moyenne de 150 tonnes à l’heure. » Marc, qui a travaillé au moulin dès son arrivée sur l’archipel et plus longtemps que partout ailleurs dans sa vie, est aujourd’hui une pierre angulaire de la société, en mesure de témoigner de son évolution. « J’ai fêté les 30 ans, les 40 ans et cette année les 50 ans de GMA. C’est une entreprise bien assise, un pilier de l’économie locale et le seul moulin de l’île. J’ai assisté à la modernisation et à l’automatisation de certaines divisions de GMA et je suis fier d’avoir contribué à sa croissance. »

Aymeric Maricel, 30 ans

Opérateur moulin

« Opérateur moulin, c’est s’occuper de transformer le blé en farine. » À 30 ans, Aymeric a déjà passé 10 ans chez GMA. Guidé par sa curiosité et son envie d’avancer et monter en compétences, il a d’abord été embauché comme manutentionnaire, a ensuite travaillé à l’ensachage de la farine, avant de devenir, il y a 3 ans, opérateur moulin. « La première étape de mon métier consiste à préparer le blé à moudre. Après le nettoyage, qui élimine les impuretés, je procède au mouillage, c’est-à-dire à l’ajout d’eau pour faciliter la séparation de l’enveloppe du grain de blé, et à sa mise au repos. La deuxième étape est la mouture du blé, ou sa transformation en farine par différentes techniques de broyage, claquage et convertissage. » Un métier qu’Aymeric a découvert au fil de son évolution dans l’entreprise. « Je ne connaissais pas du tout cette fonction avant d’intégrer GMA. Ce qui me plaît, c’est de travailler avec des machines, cela m’a toujours intéressé. Ce poste requiert d’une part de la disponibilité, car on travaille en horaires décalées, et d’autre part une certaine forme physique, parce que le travail s’effectue sur tous les étages du moulin, on monte et on descend beaucoup d’escaliers ! » Après 10 ans passés aux Grands Moulins des Antilles, Aymeric a développé une forte attache à la culture de l’entreprise. « Je suis arrivé l’année des 40 ans de GMA. J’ai eu la chance de fréquenter des anciens de la société, qui m’ont conté l’histoire du moulin et qui ont contribué, en me narrant les anecdotes du passé, à renforcer mon engagement et mon respect pour GMA, aujourd’hui monument du patrimoine économique de la Guadeloupe. » Et ce qui le motive à se lever le matin, c’est l’impact de son travail auprès de la population. « Je travaille pour tous les guadeloupéens. Selon moi, c’est l’illustration du don de soi pour les autres. Je suis très fier de travailler pour GMA et de prendre part à son développement. Je me sens utile et reconnaissant. »

Jean-Louis Alexis, 52 ans

Électrotechnicien

« J’ai contribué à la conception de la nouvelle unité de production d’aliment pour animaux et suivi le chantier de A à Z. » En 27 ans de présence au sein des GMA, Jean-Louis a vu l’entreprise grandir parallèlement à sa propre évolution. « J’ai intégré la société en tant qu’ouvrier technicien, puis je suis passé responsable de la maintenance. » Depuis 8 ans, il est électrotechnicien et superviseur de la provenderie, l’unité de production dédiée à l’aliment pour animaux. « Mon rôle est de réceptionner les commandes des éleveurs et des distributeurs, et élaborer les préparations pour que mes opérateurs puissent produire l’aliment. » Dans son bureau rempli d’écrans de surveillance, Jean-Louis supervise le fonctionnement de la provenderie. « Je chapeaute tous les opérateurs et je surveille tous les équipements, de la fabrication à la livraison, en passant par l’ensachage. Ici, tout est automatisé, mais je dois m’assurer constamment de la bonne marche de l’ensemble des hommes et des machines. Les données sont affichées en temps réel donc je vois tout ce qui se passe, quand cela se passe. » Une responsabilité qu’il assume avec engagement. « Ce qui me plaît le plus c’est que chaque jour est un challenge. On doit s’organiser pour que les clients soient livrés en temps et en heure et que le magasin soit approvisionné correctement, tout en tenant compte des entretiens et les mises en conformité du matériel. » Grâce à sa bienveillance naturelle, Jean-Louis a su transmettre ses valeurs d’intégrité et de recherche de l’excellence auprès de ses opérateurs. « Je leur dis tout le temps qu’il ne faut pas rester sur ses acquis. Tout le monde est au diapason et a envie d’amener l’entreprise le plus loin possible. Nos jeunes, dont certains que j’ai formés, sont très sensibilisés à cela. Fêter les 50 ans de GMA me réjouit. Ici, c’est comme une deuxième famille et nous sommes tous portés par la fierté d’en faire partie et continuer d’en écrire l’histoire, le plus longtemps possible. »

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Témoignage Patrick Selin, président de la Chambre d’agriculture de Guadeloupe, est un ancien salarié de GMA. « Je suis arrivé chez GMA en 1980. J’y suis resté une année, pendant laquelle j’ai travaillé au laboratoire d’analyse des matières premières et des produits finis, en particulier l’aliment pour animaux. Je testais les teneurs en nutriments des matières premières dans un premier temps, puis contrôlais après fabrication, la parfaite conformité de toutes les gammes d’aliment aux recettes attendues, car chaque type d’animal nécessite des dosages différents de protéines, minéraux, matières grasses et oligo-éléments. Par la suite, mes activités d’exploitant agricole et de président de la Chambre d’agriculture ont développé un lien constant avec GMA, acteur essentiel de la production locale. C’est une société à l’emplacement stratégique, qui s’est modernisée et a su s’adapter et répondre aux exigences de plus en plus pointues des éleveurs, pour fournir un aliment de qualité, produit ici… Un très bel exemple de notre histoire industrielle.»

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