Derrière “l’offre alimentaire” d’un territoire, se trouve une chaîne vertueuse qui repose, mobilise et implique de nombreux habitants et de nombreux métiers. Zoom sur un pêcheur, un primeur, un exploitant et un restaurateur.

Texte Julie VdW – Photo Lou Denim

Myriam Badri

Exploitante agricole “Les 5 épices”,
à St-François

« La fraîcheur et le bien-manger », tel est le leitmotiv de la EARL Les Cinq Épices, L’entreprise agricole et d’agro-transformation familiale créée dans les années 80 à Saint-François, produit des épices locales (la cive, le persil, le thym…), des plantes aromatiques (menthe, coriandre, basilic…) et compose des barquettes fraicheur prêtes à être consommées.

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Qu’est-ce qui vous motive au quotidien ?

Le respect de l’environnement est cher à nos yeux, nous avons opté pour une activité en accord avec le développement durable. Afin de pérenniser notre activité, nous utilisons de l’énergie propre, nous faisons de la récupération d’eau de pluies, nous utilisons l’eau de la mare pour les champs, de l’énergie solaire pour le laboratoire d’agro-transformation ainsi que des voitures de livraisons 100 % électriques (qui sont chargées au solaire) pour les livraisons de proximité. Cette production est adaptée à la consommation locale et aux spécialités culinaires locales. Nous avons opté pour la fraîcheur et le « bien-manger », et visons le marché local et dans l’avenir le bassin caribéen.

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Mathieu St Eloi

Mathieu St Eloi – Credit Photo Lou Denim

Pêcheur de la Désirade

Mathieu Saint-Eloi pêche a été élevé dans la pêche depuis toujours. Sur la Désirade, il pêche à l’aide avec de casiers et de filets et prélève des poissons pélagiques (thon, marlin, dorade), des poissons de roche (poisson chat, grandes gueules) ainsi que des langoustes et des crabes.

La demande en poisson a-t-elle évolué ces dernières années ?

Oui, on le remarque surtout sur le thon, le marlin et la bourse, dont les prix ont beaucoup augmenté par rapport à quand je sortais en mer avec mon père. Tout augmente, les taxes, les charges, les hydrocarbures, les matériaux et cela se répercute sur le prix du poisson. Les habitudes alimentaires ont changé également. Avant, mon père disait qu’il donnait les bourses qu’il pêchait, ce n’était pas un poisson recherché, alors qu’aujourd’hui c’est très apprécié. La langouste également, avant, au temps de mon grand-père, c’était un crustacé pour les gens qui n’avaient pas vraiment les moyens… ce n’était pas un produit noble. Les gens ont appris à manger ces produits et ils sont devenus des produits de luxe.

Widy Grego

Riviera du Levant
Widy Grego – Credit Photo Lou Denim

Fondateur d’un restaurant végétalien, à Sainte-Anne

Né en 1962 à Sainte-Anne, Widy Grego est issue d’une famille de paysans. Ses parents, depuis plusieurs générations, ont toujours vendu sur le marché notamment le manioc. A son tour, défendant une vision moderne du manioc et de la cassave, il les sublime pour les rendre plus savoureux. Depuis son atelier de transformation et un laboratoire, il compose produits et créations qui sont présentés, chaque jeudi et dimanche midi, aux clients de la table d’hôtes.

Quelles sont les valeurs qui vous sont chères ?

Je prône une alimentation saine avec des produits de la terre pour créer une autre vision de la cuisine antillaise et guadeloupéenne authentique. Nos jeunes en Guadeloupe apprennent tous la même cuisine, je leur fais découvrir une cuisine avec les produits de notre terroir et j’essaie de faire évoluer la cuisine française et guadeloupéenne, notamment en cuisinant des produits d’ici comme le fruit à pain, la patate douce ou le navet. C’est cette cuisine gastronomique vegan très fine qui séduit les nouvelles générations. On observe un véritable engouement et les jeunes commencent à s’intéresser à cette nouvelle vision de la cuisine végétale. Je souhaite apporter quelque chose de plus sur le marché de la cuisine. Je voudrais dire aux jeunes qu’ils ont tous les mêmes atouts et qu’il faut se démarquer pour réussir.

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Famille Héry

Riviera du Levant
Famille Héry – Credit Photo Lou Denim

Escale Fraîcheur, à Gosier

À L’Escale Fraîcheur au Gosier, les produits locaux de qualité sont une histoire de famille ! Les frères sont dans l’agriculture depuis leur plus jeune âge et fournissent en partie le magasin en fruits et légumes. Et la partie épicerie fine est spécialisée dans la production locale (café arabica, miel de Guadeloupe, farines, chips, plantes aromatiques bio de Guadeloupe, épices, sirops, produits cosmétiques…).

Quelle est votre philosophie ?

Le concept qui nous est cher est le « manger sain » et également de faire consommer aux gens la production locale pour un développement endogène de la Guadeloupe. Nous souhaitons faire la part belle aux producteurs guadeloupéens qui font un travail de qualité. En effet, derrière le mot “local”, se trouvent beaucoup de choses, parfois c’est produit dans la Caraïbe et ce n’est pas pareil que lorsque c’est produit en Guadeloupe même. L’Escale Fraîcheur travaille notamment avec un producteur de café de Baillif qui produit ses grains de café sur la Basse-Terre. Ainsi, 98 % de notre épicerie est fournie par des produits de Guadeloupe. Il y a beaucoup d’artisans guadeloupéens qui cherchent à avoir une visibilité et c’est ce qu’on a voulu faire :
L’Escale Fraîcheur est une vitrine pour énormément de producteurs guadeloupéens talentueux. Notre credo : “Des locaux pour les locaux”.

Riviera du Levant
93 boulevard Général de Gaulle
97 190 Le Gosier – 0590 48 47 47
carl@rivieradulevant.fr