Dans le cadre de son programme alimentaire territorial (PAT), la communauté d’agglomération la Riviera du Levant (CARL) prévoit, plusieurs actions destinées à tendre vers l’autosuffisance alimentaire. Parmi elles, la création d’un marché d’intérêt communautaire innovant.

Texte Sarah Balay

Le concept est inédit car il entend réunir sur un même site producteurs et agro-transformateurs aussi bien de la CARL que des autres communes du territoire

Cédric Cornet, président de la CARL

Qu’est ce qu’un programme alimentaire territorial ?

Cédric Cornet, président de la CARL : Le programme alimentaire territorial (PAT) doit nous permettre de tendre vers l’autosuffisance alimentaire en favorisant une alimentation issue d’une agriculture vertueuse, incluant de bonnes pratiques agro environnementales, de préserver nos ressources tout en augmentant nos productions par la valorisation de nos terres agricoles et par le développement de techniques innovantes. Pour y parvenir, il faut s’appuyer sur plusieurs leviers comme préserver les SAU (surfaces agricoles utiles), structurer les filières et favoriser l’installation de jeunes agriculteurs.

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Comment se décline ce programme au sein de la communauté d’agglomération de la Riviera du Levant (CARL) ?

Myriam Brosius, vice-présidente de la CARL : Sur les territoires de la Carl, les déclinaisons de ce PAT sont multiples notamment via la création d’un marché communautaire, sur la commune de Saint-François. Le principe est de vendre des produits bruts et transformés dans un complexe alliant modernité (cyber-service, nouvelle technologie, innovation, recherche) et tradition (transmission, spécialité, préservation et valorisation de notre patrimoine culturel, culinaire, historique à travers notre savoir-faire). Il s’agit également de redynamiser certaines filières telles que l’élevage, l’apiculture, l’agro foresterie, la plantation de vergers et de réintroduire certaines variétés de fruits et légumes résistantes, etc. Le programme prévoit aussi de favoriser et d’encourager la consommation de produits frais et locaux à travers des animations pédagogiques pour les plus jeunes notamment ; de moderniser les cantines et lutter contre le gaspillage alimentaire ; d’encourager des circuits de distributions courts ; de promouvoir le “manjé lokal” ; d’encourager la transformation des produits de la mer en mettant en place des formations, des animations et enfin d’accompagner des professionnels qui pourront bénéficier de soutien pour se développer et se diversifier. Grâce aux différents partenaires que nous avons conventionnés, nous espérons dresser un diagnostic précis qui mettra en évidence les besoins de nos territoires face aux enjeux climatiques et géopolitique.

Myriam Brosius, vice-présidente de la CARL

En quoi ce marché d’intérêt communautaire est-il innovant pour le territoire de la CARL et de la Guadeloupe tout entière ?

C.C : Le concept est inédit car il entend réunir sur un même site producteurs et agro-transformateurs aussi bien de la CARL que des autres communes du territoire. Nous envisageons l’aménagement d’un espace dédié au marché, donc à la vente, mais aussi une partie « usine » avec plusieurs petites unités de traitement et de transformation. Le volet ingénierie est prévu via un espace dédié à la recherche et au développement. Notre objectif est d’accompagner au mieux l’ambition des producteurs, maraîchers et entrepreneurs locaux à créer de la valeur ajoutée sur notre territoire avec des produits finis de qualité. Nous voulons donner un véritable coup d’accélérateur à l’agro-transformation, outil indispensable pour tendre un jour vers l’indépendance alimentaire.

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Quels sont les enjeux majeurs pour la CARL et la Guadeloupe de parvenir à mettre en place ce type de programme ?

M.B : Nous devons impérativement développer des stratégies face au scandale de la chlordécone et aux difficultés d’approvisionnements. Il nous faut tirer des leçons post-Covid et mettre en place un véritable programme de survie pour notre population. Cela offrira de nouvelles opportunités en termes d’emplois et permettra de venir en aide aux plus défavorisés en rendant accessibles des produits frais à hautes valeurs environnementales. En un mot : se prendre en main et placer définitivement l’accent sur le bien-être de la population et la préservation des ressources. Nous avons beaucoup d’ambition pour notre territoire en ce qui concerne la recherche de l’autonomie alimentaire, mais cela ne sera pas possible sans le soutien et la sensibilisation de la population. À travers le PAT nous espérons ouvrir le débat et amener chacun à une prise de conscience dans l’intérêt des générations futures.

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