La dengue est une maladie virale transmise à l’homme par piqûre de moustiques. À défaut d’un vaccin recommandé en population générale, la lutte contre cette arbovirose, parfois mortelle, repose sur les acteurs de la santé publique, dont l’ARS (agence régionale de santé), et les bons gestes de la population.

Texte Sarah Balay – Photo Mathieu Delmer

Quelles sont les compétences de l’ARS en matière de lutte antivectorielle et notamment contre la dengue ? 

L’ARS Guyane est compétente sur trois volets pour lutter contre la dengue qui est un virus transmis par la femelle moustique Aedes Aegypti. Sa première mission, en collaboration avec les équipes de Santé publique France, est d’assurer la permanence de réception des alertes et des signalements émis par les professionnels de santé et des institutions. Grâce à ces données, l’ARS peut déterminer le niveau de circulation du virus : la localisation des cas, leur nombre, la détection d’éventuels foyers. En cas de signaux inquiétants, l’ARS organise la riposte sur deux niveaux : avec les acteurs de la lutte antivectorielle, sur le terrain, via des interventions de désinsectisation chimiques et mécaniques et au niveau des laboratoires avec des acteurs de la recherche comme l’Institut Pasteur de Guyane. Ces derniers vont déterminer le type de dengue en circulation. Enfin, l’ARS va intervenir sur le volet de la prévention avec l’ensemble des parties prenantes : collectivités, professionnels de santé, épidémiologistes, associations, membres d’équipes mobiles de santé publique. Objectif : mettre en place des campagnes préventives adaptées, à destination des populations pour circonscrire au plus tôt l’épidémie.

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La Guyane est actuellement sous surveillance, qu’en est-il exactement ? 

En effet, la Guyane enregistre plusieurs cas de dengue depuis le début d’année. Actuellement, un foyer épidémique est toujours actif et sous surveillance. Le sérotype 3 circule, un type de dengue absent depuis plusieurs années. Une donnée inquiétante puisqu’elle signifie une immunité quasi nulle de la population, donc le risque élevé d’un nombre de cas plus important. Nous avons déjà lancé des mesures préventives auprès des professionnels de santé et de la population, qui est encouragée à consulter en cas de symptômes de type grippal (courbatures, fièvre, céphalées, douleurs, etc.). Les symptômes de la dengue n’étant pas très spécifiques, un diagnostic biologique est essentiel pour écarter d’autres pathologies.

Quels sont les bons gestes à adopter pour lutter contre les foyers d’Aedes Aegypti ? 

Le moustique vecteur de la dengue ne pique que la journée, notamment au lever du jour et au coucher du soleil. La vigilance s’impose surtout de jour pour les personnes qui restent sur leur lieu de vie et pour les bébés qui doivent être protégés par une moustiquaire lors des siestes. Il faut aussi supprimer ce qui peut servir de réceptacle en cas de pluie (coupelle, réserve d’eau non hermétique, certains encombrants – pneus, véhicule hors d’usage –, etc.). Pour éviter l’afflux de moustiques dans la maison, il est déconseillé d’ouvrir les fenêtres en même temps que la lumière (surtout blanche) en fin de journée. En cas de personne infectée, il est primordial de la protéger en la faisant dormir sous une moustiquaire, afin d’éviter de contaminer un moustique sain et de multiplier les risques d’une transmission à toute la famille. Rester à l’écoute des informations, des campagnes de prévention de l’ARS et des professionnels de santé fait aussi partie des choses que nous recommandons.

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BIO EXPRESS
Mathilde Hangard a rejoint les équipes de l’ARS Guyane en octobre 2022 en tant qu’ingénieure d’études sanitaires sur les maladies à transmission vectorielle.
Diplômée d’AgroParisTech, institut national des sciences et industries du vivant et de l’environnement, dans la gestion de l’eau, Mathilde Hangard a aussi suivi des études de droit. Elle a débuté sa carrière dans le domaine de la santé publique avec une première expérience en Espagne dans une confédération hydrographique, puis au Partenariat français pour l’eau, avant de rejoindre le service de veille sanitaire à l’ARS de Mayotte. En 2022, elle développe un projet de surveillance du SARS-CoV-2 dans les eaux usées à la direction générale de la santé à Paris (DGS) avant de s’envoler vers la Guyane.

ARS Guyane
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