Des origines, il y a plus de cent cinquante ans aux perspectives actuelles de développement de l’entreprise, le Café Chaulet est une histoire de famille. Passionnément, elle perpétue un savoir-faire riche de tradition qui se transmet de génération en génération. Rencontre avec Philippe Chaulet qui a succédé à son père depuis huit ans.

Texte Julie VdW

Comment définissez-vous votre activité ?

Philippe Chaulet : Nous sommes torréfacteurs et notre café est principalement un café d’importation. Nous avons toujours une activité de planteur de café mais les quantités sont très petites. Je compare notre activité à de bons chocolats suisses ou belges, ils ne produisent pas de cacao mais ils détiennent un savoir-faire et une recette. Nous sélectionnons différentes variétés de cafés afin d’élaborer une recette unique, qui est la plus proche possible en goût du café Bonifieur. C’est ce qui fait toute la différence !

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Philippe Chaulet, dirigeant de Café Chaulet

Dans la famille Chaulet, vous êtes torréfacteur depuis près d’un siècle, qu’est-ce qui a changé ?

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Les manières de torréfaction ont évolué, les machines, la distribution, la communication, la gestion. Nous sommes aujourd’hui au top de la technologie informatique et de la traçabilité. Café Chaulet emploie 12 salariés. C’est une petite entreprise mais à l’échelle de la zone géographique de Bouillante et Vieux-Habitant, c’est une belle entreprise ! Nous menons également énormément d’actions sociétales dans la région. Nous sponsorisons notamment de nombreux clubs sportifs et sommes très présents dans le milieu associatif proche de chez nous. D’autre part, nous accueillons énormément de stagiaires. J’ai parfois plus de stagiaires que de salariés dans l’entreprise ! (rires)

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Comment alliez-vous tradition et modernité depuis 1984 ?

Concernant le goût du café, nous le tenons du « café Côte-sous-le-vent ». Nous sommes toujours présents, défenseurs et acheteurs de la production de café locale. Nous prêtons nos machines aux petits producteurs locaux qui n’en ont pas. Ainsi, nous faisons fonctionner l’économie locale et les petits producteurs. Encore beaucoup de gens sèchent leur café chez eux et, à partir du mois de mars, ils viennent nous vendre leur café et ainsi faire quelques économies pour les baptêmes, communions, etc. Nous leur rachetons le kilo de café en parche à 15 euros.

Chez Chaulet, quel est votre schéma de développement ?

L’entreprise a démarré de zéro dans les années 1980 pour être aujourd’hui le leader de la torréfaction locale. Notre particularité est de n’avoir qu’une seule recette, déclinée en cinq conditionnements différents. L’entreprise a fortement évolué avec les nouveaux modes de consommation. Nous sommes désormais la première référence de capsules ou dosettes vendues en grande et moyenne surface. Nous sommes très fiers de cela ! Elles représentent plus de 20 % du chiffre d’affaires de la société. L’entreprise s’adapte et se modernise même si nous gardons nos fondamentaux. Notre publicité « Man Margrit et Café Glouglou », par exemple, est la même depuis plus de 35 ans, c’est devenu une institution !

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Franck à Genève pour récupérer une récompense internationale en 2000

Vous avez été durement touché par Fiona, comment se dessine l’avenir de votre entreprise ?

Fiona nous a complètement détruit, elle nous a mis à genoux, mais nous nous sommes relevés et cette force nous a permis d’avancer. Prochainement, nous allons déménager à quelques mètres, le permis de construire nous a été accordé, les travaux vont commencer dès janvier et nous espérons lancer notre toute nouvelle usine, alliant tradition et modernité, en juillet 2025. Nous allons également rouvrir le musée du café, qui est actuellement fermé pour rénovation. Ainsi, la tradition du café Chaulet et du café bonifieur va perdurer à travers ce musée.

On peut donc souhaiter au Café Chaulet de rebondir, de durer dans le temps et aussi de réussir à relancer la filière du café Bonifieur de Guadeloupe.

Une histoire de famille
L’entreprise a vu passer cinq Chaulet. Il y a d’abord eu Philippe, le père ; Bernard, son frère ; Franck puis Jacques et Danielle. Philippe a repris le flambeau il y a huit ans, l’actionnariat est encore et toujours familial. À 56 ans, il espère que l’un de ses 3 enfants reprendra l’entreprise, son fils l’assiste déjà à la communication “qu’il a complètement révolutionnée”. Le management de l’entreprise est aussi une histoire de famille, avec très peu de turnover et certains employés rentrés à 18 ans dans l’entreprise et qui la quitteront à la retraite. De telle sorte que “le dernier à être entré dans l’entreprise, c’est moi !”, s’amuse le dirigeant.

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