La Société immobilière de la Guadeloupe, SIG, filière du groupe CDC Habitat est le premier bailleur social du département. Jean-Philippe Courtois, son président et Olivier Bajard, son directeur général nous présentent les futures orientations.

Texte Maë Poyel – Photo Lou Denim

Dans un premier temps, pouvez-vous expliquer à nos lecteurs, quelle mission principale remplit la SIG ?

Jean-Philippe Courtois : Le président de la SIG est aussi le représentant du Département. À ce titre, je porte la vision partagée par le Conseil départemental sur les questions du logement et de l’habitat. Notre mission est très simple : démontrer au quotidien notre utilité pour le territoire par notre capacité à bien loger tous les Guadeloupéens.

Olivier Bajard : Bien loger, ça veut dire au bon endroit, dans de bonnes conditions, faire en sorte que les personnes ne soient pas juste hébergées, mais qu’elles soient actrices d’une vie de quartier.

On parle souvent de logement social, je préfère le terme de logement pour tous, l’enjeu n’est pas de construire des logements uniquement pour ceux qui ont des moyens limités, mais que tous ceux qui ont besoin d’un logement en trouvent un. Nous travaillons pour l’intérêt général. Notre métier, construire la citoyenneté et développer l’humain.

“La SIG, c’est 36 000 Guadeloupéens qui nous font confiance.”

Olivier Bajard, directeur général de la SIG

Cela fait un an que vous êtes à la direction de la SIG, comment se porte l’entreprise ?

O.B. : La SIG ne m’a pas attendu pour être une grande maison, elle a 70 ans d’ancienneté, d’expérience. La SIG, c’est 36 000 Guadeloupéens qui nous font confiance. Des entreprises qui se créent et qui disparaissent, il y en a beaucoup. Des sociétés comme celle-ci, qui vivent 70 ans, il y en a beaucoup moins. En termes d’investissement annuel, c’est 2 % du PIB de la Guadeloupe. À mon arrivée, c’était un acteur confronté à deux phénomènes : la guerre en Ukraine, qui a commencé à faire augmenter le prix des matériaux et la sortie du COVID. L’entreprise était un peu à la croisée des chemins. Il y a eu des questions sociales, des interrogations sur l’avenir, avec un besoin de stabilité et de perspectives, ainsi est né le Projet de territoire…

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En quoi consiste le projet de territoire ?

J-P.C. : C’est un document-cadre qui nous permet de structurer notre stratégie. C’est le premier projet de territoire pour la SIG en Guadeloupe.

Nous avons une vision sur le long terme avec ce que nous voulons faire, réhabiliter, produire, les endroits où nous voulons démolir, etc. Mais le monde change tellement vite qu’une stratégie au-delà de 3 ans ne fait pas sens, nous la ferons donc vivre au même rythme que notre environnement.

O.B. : Une deuxième chose ne fait pas sens quand nous parlons de stratégie, c’est de penser que nous pouvons la concevoir seuls. Construire une stratégie, c’est confronter l’avis de tout le monde. Nous avons fait un travail d’intelligence collective, où nous avons demandé à 80 collaborateurs où nous devions aller, ce que nous devions faire, qui nous voulions être. Ainsi un diagnostic a été établi pour définir nos orientations et une ambition interne, que nous allons désormais enrichir de la vision et des attentes des élus et des acteurs économiques du territoire.

Résidence les Barbadines au Moule
Résidence les Barbadines au Moule

L’ambition de la SIG est-elle la même que celle d’hier ?

J-P.C. : L’ambition d’hier était de développer le logement en Guadeloupe. Aujourd’hui, deux phénomènes se produisent : l’exode des jeunes et le vieillissement de la population. La stratégie n’est pas de se développer de manière démesurée, parce que le territoire atteint ses limites, et la planète atteint aussi ses limites d’acceptation du développement humain, il s’agit de regarder comment se développer de la manière la plus intelligente qui soit. L’enjeu est de travailler avec les élus, la population, les associations et pour la planète.

Quatre orientations ont émergé du projet du territoire, quelles sont-elles ?

O.B. : La première orientation est de : « produire mieux, produire pour tous et produire pour long-temps ». Quand nous produisons, nous devons penser à la manière dont le monde est en train d’évoluer, à ce que nous avons construit, qui a pu être fragilisé par les intempéries, les secousses sismiques, les cyclones. Il s’agit aussi de s’adresser aux personnes âgées, aux étudiants, de développer du logement intermédiaire. Aujourd’hui, nous visons la labellisation de nos logements en haute qualité environnementale, NF Habitat, etc.

La deuxième orientation est de : « faire de la qualité de la relation avec nos clients et nos partenaires, notre marque de fabrique ». La troisième consiste à « faire des enjeux RSE, les leviers de notre développement ». Et enfin, la quatrième orientation est de « capitaliser sur la richesse humaine pour bâtir notre performance ». Bien sûr, cette vision qui émane du corps social de l’entreprise doit maintenant être enrichie de la vision de nos partenaires, élus, institutionnels, pour ne pas être seulement le projet de la SIG, mais bien celui de la SIG au service de son territoire.

Quelles problématiques spécifiques rencontrez-vous et quelles sont vos stratégies pour les surmonter ?

J-P.C. : Chaque crise que traverse le monde du logement dans l’Hexagone se répercute de manière significative sur notre territoire, sur le coût des matériaux, la main d’œuvre et sur la robustesse des entreprises qui interviennent pour notre compte. Pour relever ces défis, il faut avancer en « écosystème ».

O.B. : Nous tissons des partenariats avec des acteurs de référence du territoire, comme la SEM patrimoniale, avec qui nous venons de signer un partenariat pour combiner nos forces et diminuer nos fragilités respectives. Nous réfléchissons également à la manière dont nous pouvons contribuer, avec les acteurs économiques du territoire, MEDEF, CPME, CMA, État, à renforcer les acteurs locaux du bâtiment en leur donnant des perspectives de moyen terme sur les chantiers et en les accompagnant dans leurs démarches administratives, fiscales et sociales. 

Résidence Kachiman 3 à Vieux-Habitants
Résidence Kachiman 3 à Vieux-Habitants

Quels sont les défis liés aux politiques foncières et immobilières en Guadeloupe, et comment les surmonter en collaboration avec les décideurs politiques pour mieux répondre aux besoins locaux ?

J-P.C. : Je vais parler avec ma casquette de maire pour vous répondre : en les écoutant et en les entendant. Si nous voulons la confiance des élus, se projeter avec eux, il faut leur proposer ce qu’ils attendent pour leur commune, échanger avec eux en toute transparence sur la faisabilité de leurs projets et concevoir des solutions qui collent le plus possible à leurs besoins.

Nous sommes une île, des îles. Le foncier n’est pas extensible. Notre logique est avant tout partenariale, que ce soit en direct avec les collectivités, dans le cadre des grands projets de renouvellement urbain, ou avec l’ensemble des acteurs avec lesquels nous menons des projets d’envergure.

O.B. : L’enjeu pour la SIG, en lien étroit avec les décideurs politiques est d’optimiser les ressources foncières existantes et de trouver de nouvelles opportunités en exploitant les dents creuses et les friches urbaines, mais également en repensant la ville et la manière de l’habiter.

En terme de valeurs, qu’incarne une structure immobilière comme la SIG ?

J-P.C. : Le professionnalisme, le respect, la communication, l’esprit d’équipe, la responsabilité et évidemment la solidarité, indissociable de notre métier.

O.B. : Je crois que la valeur cardinale est vraiment la solidarité, l’engagement aussi. Les salariés d’un bailleur social doivent toujours se rappeler que c’est parce que les habitants du territoire les moins aisés payent leurs loyers, qu’ils peuvent travailler et se développer. Nous devons en être reconnaissants et faire en sorte que cela se ressente dans notre action au quotidien.

Accompagnement des locataires et proximité

Depuis le 17 octobre 2022, la Société immobilière de la Guadeloupe (SIG) a son propre service social. Son objectif est d’accompagner les locataires, qui rencontrent des difficultés : impayés de loyers, situations d’inadéquation du logement et relogement lié au programme de Rénovation urbaine. Dans ce cadre, quatre conseillères en Économie sociale et familiale (C.E.S.F) affectées par secteur et un médiateur interviennent sur le patrimoine du bailleur pour répondre aux besoins des locataires.

Dans cette même démarche d’accompagnement et de proximité, sera mis en place en 2024 le projet SIG Bô Kaz avec la présence d’un gardien dans les résidences de 100 logements. « À la SIG, nous considérons que la satisfaction de nos clients passe par la proximité. Nous sommes à une époque où notre enjeu réside dans l’assurance que les personnes vivent bien chez elles. Et pour cela, il nous faut, pour les problèmes du quotidien, être capables de réagir en proximité », souligne Olivier Bajard.

En chiffres

19 800 c’est le nombre de locatifs, en accession, intermédiaires, libres, foyers et locaux commerciaux répartis sur tout le département et ses îles proches.
196 salariés répartis entre le siège social aux Abymes et 4 agences de proximité.
300 millions d’euros investis par la SIG dans le cadre du programme Rucap (Rénovation urbaine de Cap Excellence), qui concernera plus de 500 logements.

SIG
Lot n°5 La Rocade
Grand-Camp
97139 Les Abymes
www.sig-guadeloupe.fr