Panorama de l’agriculture martiniquaise en 2021

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Yva Gelin

Agriculture. L’autonomie alimentaire est sur toutes les lèvres, mais savons-nous ce que représente la production agricole du territoire ? Petit panorama de notre capital agricole. 

Avant de savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient. L’obtention de chiffres récents sur l’agriculture martiniquaise et incluant tous les intervenants du secteur n’est pas aisée.

L’acteur principal à l’origine de données annuelles concernant l’agriculture en Martinique est le SISEP c’est-à-dire le Service chargé de l’information statistique, économique et prospective de la DAAF (Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt).

Portant sur les données de 2019, le mémento que le SISEP vient de rendre public, offre un large panorama de la répartition de l’agriculture martiniquaise, des diverses productions et des données économiques qui y sont rattachées.

EWAG a donc combiné les points clefs de ce mémento avec ceux d’un bilan économique de l’agriculture en Martinique de 2018 effectué par l’INSEE pour faire ressortir les données essentielles à une meilleure compréhension d’un paysage agricole martiniquais en mutation.

Marché écolieu Tivoli - Martinique

L’occupation de l’agriculture sur la terre martiniquaise

Parler agriculture c’est parler de terre, mais plus précisément en surface agricole utilisée, la SAU.

En Martinique, la SAU correspond à 21,05% de la surface totale du territoire.

Les communes comprenant plus de 30% de SAU sont Macouba, Basse-Pointe, Rivière Salée et le François.

À l’inverse, certaines communes pourvues d’un parc urbain peu développé telles que Grand’Rivière, Fonds-Saint-Denis ou encore le Morne vert comprennent une SAU inférieure à 10% au même titre que Fort-de-France, Case Pilote, Bellefontaine ou encore le Diamant. 

La canne à sucre fortement impactée par les conditions climatiques 

Affaiblie en 2018 après un carême particulièrement pluvieux, l’exploitation de la canne à sucre en Martinique occupe au total (et seulement) 17,4 % des SAU.

Si sa production reste relativement stable entre 2017 et 2019 la production de sucre est elle en baisse, passant de 1 944 tonnes en 2017 à 547 tonnes en 2019; soit une baisse de 72%. Une diminution de production que l’INSEE lie en partie au climat dont la qualité de la canne est particulièrement dépendante.

Bananes - Marché écolieu Tivoli - Martinique

La banane, une production de l’exportation 

Autre surprise des données publiées, depuis 2013 la SAU, occupée par la banane a diminué de 31,43%.

Par ailleurs, elle aussi soumise aux aléas des conditions climatiques, la production enregistre une baisse à la fin de 2017. En début d’année suivante, un effort de replantation permet d’augmenter la production de 15%.

Cependant l’année 2018 est particulièrement marquée par une concurrence d’Amérique centrale et de Colombie débouchant sur un accroissement de l’offre avec pour résultat la baisse des prix du marché de la banane.

En 2019, la production commercialisée est de 154 362 tonnes. 150 901 tonnes étant destinées à l’exportation, c’est 2% de la production totale qui revient à la consommation locale.

Groseilles péyi - marché écolieu Tivoli - Martinique

Une production de fruits et légumes à la recherche d’équilibre

À la suite du passage ravageur de l’ouragan Maria en 2017, la production de fruits et légumes au premier trimestre de 2018 diminuait de 34%. Les tubercules accusaient une baisse en 2019 (18,5%), soit une production de 405 tonnes.

Toujours en 2019, la culture des fruits a, elle, bondi, avec une augmentation de 60,4% et une production annuelle de 2 679 tonnes. La production de légumes s’élève quant à elle à 4 200 tonnes.

L’inégale importation face à l’exportation

Appréhender les chiffres de l’agriculture martiniquaise ne peut se faire sans prendre en compte ceux de l’importation et de l’exportation. En 2019, l’importation de fruits et légumes enregistre une diminution de 2,4%.

  • La famille des tubercules enregistre la baisse la plus significative, moins 9,5% entre 2018 et 2019, à l’exception de l’igname, qui résiste et dont les importations ont légèrement augmenté de 1,1%.
  • En volume d’importation, les fruits demeurent en haut du podium avec 10 000 tonnes de fruits arrivés en Martinique, soit 4 fois la production locale.

Au rayon protéines animales, l’animal le plus exporté de la Martinique est le porcin. En 2019 c’est 38 tonnes qui sont dédiés à un commerce extérieur pour une valeur de 168 000 d’euros pour une production locale proche des 2 000 tonnes.

La filière importation est dominée par la volaille dont 12 263 tonnes importées, puis les bovins (4 028 tonnes), et les porcins (3 528 tonnes) et enfin les ovins-caprins (1 020 tonnes).

Production locale de tomates

Développement de la filière bio : une transition silencieuse dans l’agriculture martiniquaise

Entre chlordécone et autres pesticides utilisés en plus des antibiotiques injectés dans viandes et poissons divers et variés, consommer sain et local n’a jamais été aussi fondamental.

Depuis 2012, le nombre d’exploitations biologiques ne cesse d’augmenter et est encouragé par le dispositif des fermes DEPHY mis en place par la Chambre de l’Agriculture de Martinique.

Aujourd’hui on compte 2,07% (soit 480 hectares) de surfaces certifiées bio en plus de 133 hectares en conversion.

En 2019, le nombre d’agriculteurs pourvus de cette même certification s’élève à 63 dont 13 en conversion. Un chiffre qui depuis 2017 évolue timidement puisqu’il s’élevait à 61 cette année-là.

Une donnée qu’il est cependant nécessaire de prendre avec des pincettes. Certains agriculteurs bio passeraient hors radar, une tendance grandissante chez les agriculteurs locaux les mène à chercher des circuits de commercialisation extérieurs aux organisations de producteurs (OP).

Ainsi en 2018 comme l’indique le rapport de l’INSEE, aucune catastrophe climatique majeure n’est enregistrée et pourtant les chiffres de la production sont en baisse du fait sans doute de l’émergence discrète de circuits alternatifs de vente et de consommation

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