En 2015, il y a eu la réforme de la formation professionnelle et sa principale mesure, le remplacement du Droit individuel à la formation par le Compte personnel de formation. En 2016, le gouvernement a annoncé un plan d’urgence pour l’emploi de deux milliards d’euros, dont la moitié est dédiée à la formation et l’apprentissage. La sphère politique et les acteurs économiques l’ont bien compris, sur un marché du travail tendu et en pleine mutation, la formation joue un rôle central.

Et tout le monde est concerné. Du chômeur de longue durée au chef d’entreprise, du jeune apprenti au senior, personne n’échappe à la nécessité de se former. L’offre s’adapte et écoles, organismes ou centres proposent un catalogue de formation toujours plus large. Même constat pour les dispositifs d’aide : le plan de formation de l’entreprise, le congé individuel de formation (CIF) ou le compte personnel de formation (CPF) pour les salariés, l’aide individuelle à la formation (AIF) pour les demandeurs d’emploi, les possibilités sont nombreuses, d’où, parfois, des difficultés pour s’y retrouver.

La Réunion n’échappe pas à cette effervescence. Le fort taux de chômage, notamment chez les jeunes, associé à un faible niveau de qualification et de professionnalisation, décuple la nécessité de développer un secteur de la formation performant. Les acteurs institutionnels comme la Région, qui possède la délégation de compétence, les Chambres consulaires et bien entendu Pôle Emploi y consacrent des budgets toujours en hausse.

Répondre aux nouvelles formes de travail

Au sein même de l’entreprise, on observe un changement d’attitude vis à vis de la formation professionnelle. Souvent vue jusqu’ici comme une contrainte, la formation des salariés est désormais facilitée, voir intégrée au fonctionnement. Les chefs d’entreprise eux-mêmes sollicitent des formations pour développer leurs compétences ou en acquérir de nouvelles.

Plus largement, la formation professionnelle à tout âge et pour tout public répond aux mutations importantes que connaît le marché de l’emploi. Les carrières « linéaires » au sein de la même entreprise sont de plus en plus rares. Les salariés veulent évoluer, changer, bouger et des systèmes comme la VAE (validation des acquis de l’expérience) permettent de répondre à ces nouvelles attentes. Mieux, les reconversions professionnelles ne sont plus des cas exceptionnels et tendent à moins effrayer les recruteurs.

Enfin, de nouvelles formes de travail se développent. Si l’entreprise et le contrat de travail « classique » restent le modèle dominant, l’entrepreneuriat, sous des formes très diverses, prend une place croissante dans l’économie. Les nouvelles technologies y sont pour beaucoup. Un exemple illustre bien la connexion entre ces nouvelles manières de travailler et le besoin d’être toujours plus et, surtout, mieux formé : les MOOC (massive open online course). Ces cours en ligne gratuits mettent le savoir à la portée de tous et les plus grandes universités du monde partagent aujourd’hui des cours réservés hier à une élite. Harvard en direct de La Réunion, c’est déjà possible.