Les écrans et appareils numériques sont aujourd’hui omniprésents dans tous les logements français. En moyenne, on dénombre plus de 6 écrans par foyer, soit deux de plus qu’il y a 10 ans*. Quelles conséquences ont-ils sur notre quotidien et nos comportements ? – Photos Unsplash.com

10 ans. Il n’aura fallu que 10 ans pour métamorphoser nos lieux de vie et nos espaces de travail. Les
appareils numériques sont partout, dans les moindres recoins de nos pièces. Et gare aux écrans qui pullulent progressivement au point de devenir, dans le cas du smartphone, l’objet portatif le plus utilisé durant nos journées.

Et si l’on passait encore 2h par jour sur nos écrans en 2010, l’Institut national des statistiques et des études économiques (INSEE) affirme que le temps que nous consacrons à ces activités a été multiplié par 2,5 en 10 ans.

Cela signifie donc, qu’en moyenne, chaque Français passeraient plus de 5h par jour à consulter un écran. 

TV, radio, téléphone, où donner de la tête ? 

Contrairement à ce que de nombreux spécialistes avançaient, cette croissance du numérique juxtapose jusqu’à présent tous les médiums. Les courbes de consommation d’Internet, de la télévision et de la radio témoignent depuis 10 ans d’une grande complémentarité.

« La radio est très puissante le matin, la TV rencontre une large part de son public en fin de journée et le soir. Les usages d’Internet sont eux répartis de manière homogène au fil de la journée, explique Julien Rosanvallon, directeur exécutif – Télévision et Internet à Médiamétrie.

« Le fort développement du mobile, qui accompagne les Français tout au long de la journée, représente plus de la moitié du temps passé sur Internet. »

Julien Rosanvallon

Notons d’ailleurs qu’il ne faut pas limiter Internet à sa dimension média. Les mesures des usages du numérique regroupent aussi bien la consommation de services, de plateformes marchandes, d’outils de communication, réseaux sociaux et de contenus médias.

La télé toujours devant mais les médias sociaux en hausse 

Près de 94% des foyers français sont équipés d’un téléviseur. C’est ce que révèle l’Observatoire de l’équipement audiovisuel des foyers réalisé en 2020 par le CSA.

Si le téléviseur reste ainsi l’écran le plus répandu dans les foyers, Médiamétrie note un fort engouement des publics pour les médias sociaux. Les Français passent aujourd’hui plus de 27 minutes en moyenne sur Instagram. Dans l’ensemble, l’utilisation de Whatsapp a augmenté de 40%; c’est d’ailleurs le réseau social de téléphonie le plus gagnant de ce confinement.

On a également pu observer un réel engouement des Français pour les médias d’information, voire une réconciliation. 

Des Outre-mer champions de l’info continue  

Que ce soit à la télévision ou à la radio, l’information rassemble un large public en Outre-mer, ce qui favorise aussi le temps passé des Ultramarins sur les écrans.

Nicolas Benoît, expert média et digital affirmait déjà en 2019 que les habitants des territoires d’Outre-mer avaient un « besoin » d’actualités très important. L’éloignement géographique, et l’insularité pour 90% d’entre eux, favorisent cette connectivité permanente. 

« Les territoires se tiennent donc au courant de ce qui se passe autour d’eux car leur dépendance à l’extérieur est tangible. »

Nicolas Benoît

De mars à juin 2020, les chiffres ont bondi aux Antilles-Guyane, dépassant les statistiques enregistrées généralement en périodes de cyclone. Si les chaines d’infos locales ont été très suivies, les chaines d’infos continues comme LCI, BFM TV, France 24 et CNEWS ont observé une hausse de 27%.  

Le temps du confinement ou l’apothéose des écrans 

La période de confinement a été spectaculaire de par la surexposition aux écrans ; et tous les âges ont été concernés. Avec davantage de disponibilité mais aussi de restrictions, plus de télétravail avec vos collaborateurs, plus de devoirs en ligne pour les enfants, le confinement a considérablement exacerbé l’usage des écrans.

Pour la psychologue et psychanalyste Sophie Marinopoulos, autrice du rapport sur la santé culturelle du jeune enfant pour le ministère de la Culture en 2019, « les écrans sont désormais convoqués à la fois pour le travail scolaire, les loisirs, mais aussi dans une dimension supplémentaire, celle du maintien de la sociabilité, des relations avec les amis et c’est la raison pour laquelle, nous y sommes tout le temps ».

Un phénomène qui ne cesse d’interpeller les professionnels de santé qui constatent un retard de développement de plus en plus important chez l’enfant surexposé et des risques de dépression chez l’adulte.

Mangez, bougez, sautez, courez ! 

Cinq heures par jour, nous le disions, c’est le temps que passent en moyenne les Français devant leurs écrans. C’est aussi un chiffre alarmant sur lequel Santé publique France a décidé d’alerter les autorités en juin 2020. Car, cinq heures par jour, c’est 50 % de plus qu’il y a dix ans et un risque immédiat sur la santé.

61% des personnes interrogées par Santé Publique France ont déclaré une augmentation du temps passé assis.

Anne-Juliette Serry, responsable de l’unité nutrition et activité physique à Santé publique France déclarait que ces résultats confirmaient la nécessité de renforcer les actions de lutte contre la sédentarité des jeunes adultes mais aussi des enfants et des adolescents qui sont peu sensibles aux longues périodes de temps passé assis ou allongé contrairement aux personnes plus âgées.

Pour sensibiliser le public, la campagne “manger bouger” a été relancée par le ministère de la Santé. Alors, on vous le répète, prenez le temps de bouger, chanter, sortir, créer !

Pour favoriser le dialogue souvent difficile avec les plus jeunes, il suffit souvent au parent de prendre le temps de s’intéresser à ce qu’ils écoutent, à ce qu’ils aiment, à ce qui les préoccupent. C’est le premier pas vers le dialogue. Le premier pas vers moins d’écran. 

Pour aller plus loin : 
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Tsunami numérique : 2 000 zettaoctets de données d’ici 2035
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