La démarche de prospective territoriale qui s’est concrétisée par la publication de l’étude « La Guyane à l’horizon 2040 » proposait quatre scénarios d’évolution de la Guyane dans les vingt années, était nourrie par la conviction qu’il vaut mieux « penser et préparer l’avenir plutôt que de le subir ».

Ayant pour rôle d’observer et d’analyser les évolutions économiques, sociales et sociétales, environnementales et culturelles de la Guyane, les travaux réalisés par les différentes commissions du CESECE GUYANE se concrétisent par la réalisation de consultations, diagnostics, d’études, empreintes de l’actualité du moment ou prospectives, en vue de formuler des préconisations et des propositions de mesures, portant sur une grande diversité de thèmes (environnement, énergie, culture, éducation, infrastructure, démographie). 

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Penser et préparer l’avenir plutôt que de le subir 

En matière de santé, sanitaire et social, les membres de la commission santé publique, sanitaire, sociale et solidarité dont les travaux ont été pilotés par Mme Valérie ROBINEL, estiment qu’il est primordial, à court terme, d’encourager et de développer l’Économie Sociale et Solidaire, surtout en l’absence d’un accès suffisant aux services publics indispensables à la vie de tous les jours. Si l’équipement en infrastructures s’envisage plutôt sur le long terme, l’innovation, vers de nouveaux systèmes de santé plus agiles et plus ancrés sur le territoire, est vivement souhaitée. 

Valerie Robinel - Cesece Guyane
Valérie ROBINEL

La Guyane n’a pas été épargnée et fait partie des régions de France les plus impactées par l’épidémie mondiale de coronavirus. Le système de santé, mais également le secteur social sont fortement sollicités pendant la crise alors même qu’ils souffraient et souffrent encore d’un manque d’équipements essentiels, de ressources financières et humaines, déjà mis en évidence par les précédentes crises sociales (mouvement social de 2017). 

« Si l’équipement en infrastructures s’envisage plutôt sur le long terme, l’innovation, vers de nouveaux systèmes de santé plus agiles et plus ancrés sur le territoire, est vivement souhaitée. »

Les projections démographiques (428 000 habitants en 2050, soit plus du double qu’en 2013), font ressortir un besoin important d’augmentation des capacités sanitaires et médico-sociales, lié au plus grand nombre d’habitants mais également à l’élargissement de la classe d’âge des plus de 60 ans (20 % de la population guyanaise contre 7 % en 2013). Avec une majorité de jeunes habitants, âgés de 33 ans en moyenne, les besoins prioritaires devraient encore être axés sur la prévention et la coordination des acteurs. 

Une précarité sociale qui accentue les mauvaises conditions de vie et de santé de la population dont la moitié vit sous le seuil de pauvreté. La propagation du virus COVID 19 sur le territoire a eu et aura pour effet de limiter les sources de revenus informelles dont bénéficient de nombreux Guyanais pour vivre. De vraies disparités territoriales existent (littoral et intérieur) et les inégalités sociales sont bien plus marquées chez les ménages monoparentaux, sans emploi et originaire des pays voisins. 

« Les associations, fortement sollicitées pendants la crise, ont su démontrer leur rôle clé dans la société Guyanaise mais ne bénéficient souvent pas de moyens financiers et humains suffisants. »

La citoyenneté et la solidarité révélées par la crise sanitaire pour venir en aide, notamment aux personnes les plus vulnérables : sens de l’initiative, organisation, inventivité des différents acteurs mais a aussi mis en évidence des carences, manquements, dysfonctionnements : besoin de bénévoles, tissu social fragilisé avec des inégalités sociales flagrantes…. Les associations ont été fortement sollicitées pendants la crise, elles ont su démontrer leur rôle clé dans la société Guyanaise mais ne bénéficient souvent pas de moyens financiers et humains suffisants. 

Une situation de crise d’urgence a exposé les difficultés et contraintes qui pèsent sur le système hospitalier et médical en Guyane : insuffisance de moyens et difficultés d’accès aux soins dans les communes éloignées et isolées (« désert médicaux »). Le mouvement social de 2017 avait déjà mis en exergue la préoccupation des Guyanais en termes d’accès aux services de santé. La croissance de la population et sa répartition inégale sur le territoire (86 % de la population vit sur le littoral tandis que certaines communes sont difficilement accessibles) génèrent une fracture territoriale importante avec de très fortes disparités. 

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Nos propositions 

1 – Faciliter les mécanismes de solidarité et de résilience collective pour faire face à la crise à court terme

Encourager et structurer l’Économie Sociale et Solidaire : 

L’Économie Sociale et Solidaire a été fortement sollicitée pendant la crise. Les politiques publiques doivent encourager et structurer cette filière : (1) en leur donnant les moyens de leurs actions (le soutien financier nécessaire) et (2) en formant les membres des associations – puis : structurer ce secteur. Pour cela, la Collectivité Territoriale de Guyane doit identifier et communiquer auprès des associations existantes (via des appels à projets, par exemple) les priorités de développement identifiées puis retenir les associations les plus à même de mener à bien ces priorités. 

2 – Consolider les fondamentaux à moyen terme, en équipant le territoire des infrastructures indispensables en matière de santé et en innovant via de nouveaux modèles de santé 

Créer le cadre nécessaire (calendrier, prérequis, …) pour faire avancer le dossier de construction du CHU et la réflexion globale sur le maillage du territoire en matière d’équipements de santé (Schéma Directeur Hospitalier)

La crise sanitaire montre une nouvelle fois le manque d’infrastructures hospitalières, les limites du système de santé guyanais. La Guyane doit accélérer le déploiement d’une offre de santé. Il faut aussi intégrer dans cette réflexion des solutions innovantes et différentes, inspirées ici également du concept d’« Innovation Frugale » pour répondre rapidement et de la manière la plus simple et efficace possible aux besoins réels de la population sur le terrain en utilisant un minimum de moyens.

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3 – Assurer la transformation à long terme du territoire en garantissant la sécurité des habitants et en maîtrisant le développement de la Guyane via le « contrôle » des flux migratoires. 

S’appuyer sur l’accompagnement de l’Union Européenne pour traiter la question de l’immigration 

Les infrastructures guyanaises sont limitées et la forte croissance démographique exerce une pression sur la capacité de celles-ci. La Guyane devrait pouvoir s’appuyer sur les dispositifs européens pour maîtriser le volume de la population au regard de la capacité de ces infrastructures.

L’article 78.3 du Traité de Fonctionnement de l’Union Européenne (TFUE), offre la possibilité de mettre en place des mesures provisoires de protection internationale, afin de faire face à l’afflux massif de migrants. Cette disposition n’a jamais été activée alors qu’elle aurait un double mérite : du point de vue opérationnel, elle permettrait de bénéficier de dispositifs juridiques et/ou financiers de niveau communautaire ; du point de vue politique, elle contribuerait à la visibilité de la question migratoire en Guyane au niveau européen, montrant la nécessité que la solidarité européenne s’exprime sur tous les territoires de l’UE. 

Retrouvez notre rapport de Contributions et Propositions du Cesece Guyane en réponse à la crise sociale COVID19 en Guyane sur le site cesece-guyane.fr 

Dossier réalisé par Marthe Panelle-Karam

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