Comme toutes les entreprises ultramarines, celles de Saint-Martin souffrent d’un éloignement des instances nationales. Depuis 2012, le Medef, représenté par la FIPCOM, défend globalement les intérêts économiques du territoire et plus particulièrement ceux des entreprises. Entretien avec Michel Vogel, président de la FIPCOM.

Texte Ann Bouard – Photo Raphaël Novella

L’expérience, la détermination, l’union, au service du territoire

Michel Vogel, président de la FIPCOM

Est-ce que le tissu économique de Saint-Martin justifie la présence d’entités telles que le Medef, la FIPCOM ?

Nous avons un contexte économique assez particulier à Saint-Martin car il y a peu de grosses structures. On ne dénombre que dix entreprises de plus de 50 salariés, souvent des succursales de groupes de Guadeloupe ou Martinique (banques) ou des institutions publiques ou semi-publiques (Semsamar) et 75 seulement de plus de cinq salariés. Le tissu économique est majoritairement constitué de petites entreprises de moins de cinq salariés (1 425) et surtout de travailleurs indépendants (4 000). Ces petites et très petites entreprises sont isolées et n’ont que peu de poids individuellement, pour défendre leurs intérêts. Être accompagné, bénéficier de conseils et pouvoir s’appuyer sur un réseau étendu comme celui du Medef en faisant remonter les informations via la FIPCOM est incontestablement un atout.

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Ces entreprises ont donc tout intérêt à adhérer à la FIPCOM ?

Les entreprises ou associations locales ont des connexions au niveau local. Mais quand il s’agit de s’adresser aux instances nationales, cela est plus compliqué. Le MEDEF, premier réseau d’entrepreneurs de France, devient alors un négociateur essentiel pour les entreprises quelle que soit leur taille. La FIPCOM est le lien qui permet de faire remonter l’information pour que soit, par exemple, formulées les demandes d’adaptation des lois et des réglementations françaises aux spécificités locales. C’est ce que nous avons fait en 2017 après le passage d’Irma, ou plus récemment lors de la crise sanitaire.

Concrètement qu’ont-elles obtenu ?

Sans ce travail mené en haut lieu, il y aurait eu beaucoup plus de dépôts de bilan. Nous avons réussi à négocier notamment le maintien de la Lodeom (loi pour le développement économique des outre-mer) bien plus avantageuse que les dispositions prises par ailleurs. Le premier bénéfice pour les entreprises était sur le montant des charges salariales, mais aussi sur la mise en place d’une exonération de charges de six mois à un an. Le licenciement économique et l’activité partielle ont également pu être adaptés. Plus globalement, les dossiers portés par le Medef concernent tous les sujets pouvant impacter les entreprises, du projet de loi de financement de la sécurité sociale, en passant par la déclaration des pourboires, l’augmentation des effectifs requis pour certaines obligations du droit du travail, ou la prise en charge des conseillers prud’homaux de Saint-Martin jusqu’à la défiscalisation hôtelière… Les combats à mener pour maintenir une économie locale saine sont permanents et la mobilisation des forces économiques du territoire est le seul moyen de se faire entendre et d’avoir du poids auprès des pouvoirs publics.

Votre prochain rendez-vous avait lieu le 24 juin. Quel était son objectif ?

La FIPCOM organise chaque année deux rencontres entre les chefs d’entreprise de Saint-Martin, les instances locales et des acteurs économiques de la région. Ces petits-déjeuners de l’entrepreneur permettent d’échanger directement, voire de débattre de certaines problématiques, directement avec les décideurs que sont les élus de la Collectivité ou encore les services de la Préfecture. C’est aussi une manière pour les chefs d’entreprise ou travailleurs indépendants de se rencontrer et ainsi élargir leur réseau professionnel. Lors de la rencontre samedi 24 juin, nous avons également fait un premier bilan de la mandature en cours et abordé les projections économiques à venir.

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