Journées européennes du Patrimoine : entre terre et mer
Les journées européennes du patrimoine seront célébrées les 20 et 21 septembre prochains. Une 41e édition organisée sous la double thématique du patrimoine des itinéraires, des réseaux et des connexions et du patrimoine maritime. À cette occasion, la DAC et la DEAL nous invite à faire le tour de la Martinique avec ses 4 sites naturels classés. Balade avec Florence Declaveillère et Nathalie Bellot.
Quand on parle de site classé, on parle du caractère exceptionnel d’un espace géographique, qu’est-ce qui confère ce caractère unique aux sites martiniquais ?
Nathalie Bellot : Quand on connaît ces quatre sites, il y a d’abord un lien évident : ils ont tous en commun un rapport puissant à la mer mais dans une grande diversité. Au nord de l’île, le paysage du site des versants nord-ouest de la Montagne Pelée est marqué par des couleurs sombres : sables noirs et terres volcaniques foncées que l’on retrouve dans les pierres de construction, sur les plages et les falaises. Les mornes accidentés et abrupts s’enfoncent dans une mer profonde et sauvage. C’est le premier visage de la Martinique connu des colons européens du XVIe siècle. Il contraste complètement avec les sables blancs des Salines, une des images les plus emblématiques aujourd’hui, où la mer prend des nuances de bleu et une lumière féérique unique. La toponymie des lieux est d’ailleurs toujours intéressante en matière d’histoire du paysage. Celui-ci porte encore les traces des anciennes exploitations de sel, abandonnées dans la seconde moitié du XXe siècle au profit d’une lente reconquête des mangroves originelles. La pointe des Salines est également le lieu de rencontre entre l’océan Atlantique et la mer des Caraïbes, qui dialoguent au loin avec le site du Diamant dont son rocher est, pour tout le sud, un repère visuel grandiose et unique. Le mémorial du Cap 110, situé à la sortie de la commune, rappelle la vigueur de la mer et de ses courants à cet endroit. Il a été érigé à la mémoire d’une centaine de personnes déportées d’Afrique, mortes en 1830, lors du naufrage d’un des derniers bateaux négriers. La presqu’île Caravelle, une des plus anciennes terres émergées de Martinique, avec ses terres agricoles et ses bourgs de pêcheurs, offre le long de ses 12 km une rencontre quasi constante avec l’océan Atlantique faisant ainsi de l’eau sa force première.
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L’ensemble des sites étant situé sur le littoral, comment les préserver du recul du trait de côte ?
N. B. : Ces sites sont en effet en première ligne face au changement climatique et à la montée des eaux. On observe une érosion de leurs littoraux, parfois accentuée par une multiplication de mauvais comportements qui empêchent la renaturation des sols. Il est vrai que le végétal, les arbres et leurs systèmes racinaires sont nos meilleurs alliés pour lutter contre la dégradation des sols. Je pense notamment au camping sauvage, ou à la pratique du VTT, de la marche hors sentiers balisés. Nous menons collectivement, État et autres partenaires, de nombreuses campagnes de renaturation et de sensibilisation du public pour avancer positivement sur ce sujet.
Florence Declaveillère : Une autre menace de ces sites, et qui fait tout l’objet du travail conjoint mené entre l’architecte des bâtiments de France et l’inspecteur des sites de la DEAL, est la lutte contre les constructions dont les projets menacent et altèrent définitivement le paysage. On veut souvent construire vite, à bas coût… Or, un projet qualitatif demande de la concertation, du temps et du savoir-faire. Et paradoxalement, contre toute idée reçue, ce n’est pas toujours plus onéreux. Car un projet bien pensé sur le long terme sera un projet facile à entretenir dans le temps… C’est tout l’enjeu de nos missions : accompagner au mieux les habitants et les élus dans l’aménagement des sites. Cela va du simple panneau publicitaire, aux enseignes, aux permis de construire, d’aménager ou de démolir. Nous menons également des missions de police pour permettre la remise en état des lieux.
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Au-delà de la préservation de ces sites, il y a donc aussi un enjeu de transmission ?
F. D. : Absolument, c’est la raison pour laquelle ce patrimoine naturel est protégé par le code de l’environnement et suivi localement par la DEAL. Il est composé de sites inscrits, contrôlés par les architectes des Bâtiments de France (ABF), et de sites classés cogérés par l’inspectrice des sites et l’ABF. Chaque site classé est un espace géographique reconnu d’intérêt général à l’échelle nationale, d’un point de vue artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque. Cela justifie leur préservation et la transmission aux générations futures. C’est la raison pour laquelle toute modification de l’état ou de l’aspect du site est soumise à autorisation… dont certaines relèvent même d’une décision ministérielle !
DAC Martinique
Villa les Pergolas
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